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Le cinéma africain trop dépendant du Nord

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Le cinéma africain trop dépendant du Nord

Le cinéma africain souffre d’un manque d’argent. Les producteurs, qui sollicitent souvent l’aide des fonds européens, tirent la sonnette d’alarme. La crise financière internationale a considérablement limité la « générosité occidentale ». Le débat a été engagé à Alger, à la faveur de la tenue du deuxième Festival culturel panafricain.

Ils étaient tous là pour discuter : Nashen Moodley, directeur du Festival international du film de Durban, Edwar Ossai, responsable du National film Institute du Nigéria, Abderrahmane Sissako, cinéaste mauritanien, Fanta Regina Nacro, réalisatrice burkinabée, Moufida Tlatli, cinéaste tunisienne, Shérif Mandour, Nedjib Ayad, Toussaint Tiendébréogo et Cheik Fantamadi Camara, des producteurs venus d’Egypte, de Tunisie, du Séngal et de Guinée. Tous ont déploré le tarissement des sources de financement au Nord. Le cinéaste sénégalais Mahama Johnson Traoré a plaidé pour que les producteurs de film africains comptent sur leurs propres ressources.

Depuis son indépendance, l’Algérie n’a co-produit que dix films avec des pays africains. « C’est une initiative modeste d’aide, ce n’est pas un fonds. On espère que d’autres pays africains vont nous rejoindre », a observé Ahmed Bejdaoui

« On doit regarder vers le Sud. Notre avenir est avec le Sud. Il faut essayer de compter sur nous-mêmes », a appelé, pour sa part, Ahmed Bedjaoui, critique de cinéma algérien. Alger a montré la voie, en lançant une initiative, qualifiée de modeste, de financement de dix longs et courts métrages africains. Des projets sélectionnés par un jury, dans lequel figure le gabonais Charles Mensah, président de la Fédération panafricaine du cinéma (Fepaci) et par Mahmoud Ben Mahmoud, producteur tunisien. Après délibérations, quatre projets ont été retenus : La Bague de mariage du Nigérien Rahmatou Keita, Sokho de la Sénégalaise Maria Ka, Segoufanga du Malien Mambaye Coulibay et Al Ziara ou Lune noire du Tunisien Nawfel Saheb Ettaba. Quatre courts métrages ont été également retenus, à l’image de Bakassa du Camerounais Auguste Yanghu. Les cinéastes des dix films choisis pour une aide au financement, à hauteur de 60%, vont travailler avec des producteurs algériens.

Une initiative algérienne « modeste » citée en exemple

Depuis son indépendance, l’Algérie n’a co-produit que dix films avec des pays africains. « C’est une initiative modeste d’aide, ce n’est pas un fonds. On espère que d’autres pays africains vont nous rejoindre », a observé Ahmed Bejdaoui, qui est également conseiller de la ministre de la Culture, Khalida Toumi. L’initiative algérienne a été citée en exemple, pour qu’à travers l’Union africaine et la Fepaci, un fonds continental soit mis en place. Le producteur et cinéaste tunisien Nouri Bouzid, célèbre par son film L’homme des cendres, a estimé que la priorité devrait être accordée à ceux qui font des films en Afrique et qui y vivent. « Ceux qui sont à l’étranger ont accès à des choses auxquelles on ne peut pas accéder. Là aussi il faut considérer ces cinéastes de façon différente. Il ne faut pas les mettre sur le même pied d’égalité », a-t-il relevé.

Selon Charles Mensah, la Fepaci, dont le siège est à Ouagadougou et qui a du mal à récupérer les cotisations de ses membres, entend offrir son expertise pour aider le septième art africain. « Nous voulons, à travers l’UA, créer un fonds et mettre en place la Commission africaine du film. Nous n’avons pas organisé ce secteur. Aujourd’hui, les salles ferment. Il y a des pays africains où il n’existe plus de salle de cinéma. Les films sont vus sur support vidéo, souvent piratés. Piratage, qui fait que les auteurs n’ont pas de retour », a expliqué Charles Mensah. Le manque de salles fait que les recettes des films projetés ne financent plus la production cinématographique. Le réseau de distribution est mis également à l’index. Cheik Fantamadi Camara a reconnu qu’il était obligé de se convertir en producteur-distributeur pour assurer une meilleure circulation de ses films en Guinée.

Le Nigéria, célèbre par son Nollywood, produit quantité de films sur supports numériques sans que les oeuvres réalisées soient vus ailleurs en Afrique. Les deux grands rendez-vous du septième art en Afrique, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision d’Ouagadougou (Fespaco) et Les Journées cinématographiques de Carthage en Tunisie (JCMA), luttent chaque année contre le manque de financement. Ils n’arrivent pas à donner une véritable vitrine au cinéma du continent, ni à susciter une dynamique de co-production. Le commissaire général du Fespaco, Michel Ouedraogo, a regretté que ce festival ne soit financé que par le Burkina Faso « alors qu’il profite à toute l’Afrique ». Le producteur tunisien Nadjib Ayad a proposé de travailler par groupe régionaux. Il a cité l’exemple du Maghreb où il est possible de lancer plusieurs projets, à condition de supprimer les barrières bureaucratiques et politiques. Pour le producteur algérien Boualem Aissaoui, il est important d’associer les télévisions africaines, privées ou publiques, pour le financement de la production cinématographique. Certains reprochent au groupe français de télévision Canal Plus de n’avoir pas tenu ses engagements de consacrer 3% de son chiffre d’affaires annuel au cinéma de l’Afrique de l’Ouest. En 2010, l’Algérie entend organiser les premières assises du cinéma africain pour approfondir le débat sur la manière de lancer une véritable industrie du septième art en Afrique. Les producteurs et réalisateurs réfléchissent déjà à la création de fédérations, pour trouver des solutions efficaces à des problèmes communs. La Fespaci entend proposer un plan de formation dans les différents métiers du cinéma.



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