[ CONTRIBUTION ] Appel aux Forces Vives de Guinée

Depuis quelques temps de très graves informations, faisant état de menaces de mort adressées aux ressortissants sénégalais vivant en Guinée, ont été rapportées par la presse sénégalaise et internationale. Dans une interview à travers la Radio France Internationale, Mme l’ambassadrice du Sénégal en Guinée les a confirmées. Tout en magnifiant les relations multiséculaires entre les peuples de Guinée et ceux du Sénégal, la majorité des journalistes et les membres de la société civile sénégalaise qui sont intervenus dans ce débat, ont eu à rappeler que s’il y avait des milliers de sénégalais en Guinée, plus d’un million de Guinéens sont établis au Sénégal depuis très longtemps. Cette remarque n’est nullement anodine car traduisant un état d’esprit, ultranationaliste et clanique, profondément ancré dans nos consciences collectives, que tous les démocrates et hommes épris de justice et de paix doivent combattre avec énergie et intelligence.

Dans un passé récent, en 1989, les peuples Sénégalais et Mauritanien furent manipulés à travers les mêmes ondes de la RFI- hasard ou destin- jusqu'à ce que, comble du malheur, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants furent tués, en un jour du mois béni de Ramadan.  Est-ce improbable un remake de ces évènements tragiques mais cette fois-ci contre les ressortissants guinéens au Sénégal ?  Sans nul doute.  Cependant il est important de rappeler que lorsque le peuple de la Haute-Guinée s’exilait en masse pour échapper à la dictature de Sékou, c’est le peuple sénégalais qui l’accueillit dans sa légendaire Téranga. Des milliers de cadres, éminents économistes, ingénieurs et médecins furent formés au Sénégal.

Nous voulons à travers cet appel, exiger des leaders des Forces Vives un peu plus de sagesse dans ce noble et périlleux combat pour la liberté et la démocratie.  Si le président Wade, pour préserver la stabilité au Sud des frontières du Sénégal, est intervenu et même s’il a commis des erreurs d’appréciation de la situation politique en Guinée, cela n’engage en rien le peuple sénégalais dans sa globalité.  Les démocrates sénégalais se sont toujours opposés à l’interventionnisme de la diplomatie ou de l’armée sénégalaise dans les affaires intérieures d’autres nations comme la Gambie, la Guinée-Bissau, le Soudan et la Mauritanie.

Que les Forces Vives ne fassent point l’erreur d’attiser la haine et l’inimité entre les deux peuples frères mais aussi qu’elles ne manquent point de vigilance jusqu'à ce que ces deux régimes sèment la zizanie et que soit commise l’irréparable. Il en va de la survie de nos communautés et de la survie de la cause des Forces Vives.  Je lance un appel solennel aux leaders des Forces Vives de contacter dès à présent les partis politiques, la société civile et les organisations humanitaires au Sénégal pour démontrer au peuple Guinéen que l’ennemi n’est point le peuple sénégalais frère mais toute dictature de quelque nature que ce soit.

Vive la Guinée enfin libre du joug de tout régime dictatorial et que Vive le Sénégal libre et démocratique

Dr. Ousmane Diallo
Coordonnateur du Mrds aux USA<15> [email protected]