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« Le Sénégal a besoin de médecins » - « Les immigrés que veut Sarkozy sont les hommes qu'il me faut pour construire mon pays », martèle le président Abdoulaye Wade.

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« Le Sénégal a besoin de médecins » - « Les immigrés que veut Sarkozy sont les hommes qu'il me faut pour construire mon pays », martèle le président Abdoulaye Wade.

Abdoulaye Wade, président de la République du Sénégal dénonce à nouveau le choix français d'immigration choisie. Il demandera aux Sénégalais qui feront le choix de s'installer en France de rembourser le prix de leurs études.

- 40 % du budget du Sénégal sont destinés à l'éducation... Mais ce sont justement les personnes les mieux formées, avec diplômes, qui rentrent dans le cadre de l'immigration choisie de Nicolas Sarkozy. Comment réagissez-vous ?

- La France est un pays souverain. Et il n'y a pas de commentaires à faire si elle adopte une nouvelle législation... Cependant, je suis un libéral et je suis pour le droit d'ingérence. Mais les rapports entre la France et le Sénégal sont particuliers. Si je dis quelque chose, cela prend toujours de grandes proportions. Je me dois cependant de réagir sur l'immigration choisie dans la mesure où cette politique touche les intérêts du Sénégal. Je ne peux pas être d'accord pour une immigration proposée aux compétents et à ceux qui ont du talent. Les immigrés que veut Sarkozy sont les hommes dont j'ai besoin pour construire mon pays. Il est inacceptable, par exemple, que le Sénégal paie des bourses d'études pendant sept ans à des étudiants pour qu'ils fassent médecine. Et qu'il exercent ensuite en France. Cela, je ne l'admettrai pas et je l'ai dit au ministre de l'Intérieur français et au président Chirac. Au Sénégal, vous ne trouverez plus un médecin en brousse. Ils sont tous partis. Nos informaticiens aussi sont recrutés dans le monde entier, aux Etats-Unis et en Europe.

Pour éviter ce type de dérives, je vais instituer avec les étudiants le principe de l'engagement décennal et je vais demander à la France de m'aider à le faire respecter. Le principe est simple : si, à l'issue de ses études, un jeune Sénégalais est embauché par une entreprise en France, je ne peux pas l'empêcher, bien sûr. En revanche, le jeune devra rembourser le montant de l'investissement du Sénégal pour ses études. Cela pourrait se faire par le biais d'un prélèvement sur ses traitements. Cette mesure concernera les Sénégalais embauchés dans le secteur public mais aussi dans le secteur privé. Et si le jeune ne rembourse pas, alors il faudra que l'autorité française lui retire ses droits de séjour.

« Pour une migration zéro »

- Vous dénoncez l'immigration choisie. Elle est présentée comme une alternative aux migrations massives et non contrôlées vers l'Europe.

- Qu'on se le dise, je suis pour la migration zéro. Je ne parle pas des migrations individuelles qui sont des choix de vie. Je pense aux migrations massives de ceux qui fuient pour pouvoir manger. Si on ne trouve pas des solutions, les effets seront désastreux. Les gens ne fuient pas sur leurs propres canots. Ils paient des droits de passages astronomiques à des négriers modernes qui fabriquent des embarcations spéciales pour entasser les gens.

Le Sénégal vient de trouver un accord avec l'Espagne. Les clandestins seront renvoyés au Sénégal. Avec eux rentreront aussi des postulants à l'immigration qui étaient détenus dans des camps de rétention. A ceux-ci, nous leur donneront des formulaires et il s'agira de voir s'ils peuvent prétendre à des titres réguliers. Car ne l'oublions pas, l'Espagne a besoin de main d'oeuvre pour les travaux saisonniers notamment.

En ce qui concerne la France, j'accepterai à tout moment que Nicolas Sarkozy expulse des Sénégalais. Je ne veux pas imposer la présence de mes concitoyens s'ils sont irréguliers dans le pays et si cette présence n'est pas voulue. Mais je voudrais que ce soit des policiers sénégalais qui viennent les chercher car je veux être persuadé que le meilleur traitement leur sera donné.

Il y a plusieurs catégories d'immigrés en France. Il y a les irréguliers. Il y a aussi les sans-papiers qui sont ceux qui prétendent à une régularisation parce qu'ils vivent avec une personne française ou sont installés depuis un certain temps. Je constate que ces sans-papiers sont soutenus par des politiques, des hommes d'église. Quoi qu'il en soit, le traitement du cas de ces prétendants à la régularisation doit se faire dans le cadre de la législation française.

- Et si la législation se durcit ?

- Le traitement des sans-papiers doit se faire dans le cadre de la législation. La France est un pays souverain. De toute façon, je le répète, je suis pour une migration zéro. Elle ne sera possible que par le développement du Sénégal. Ce développement passe par l'éducation, qui est une priorité, et par la maîtrise des outils d'information et de communication. Le niveau des ingénieurs en informatique sénégalais est reconnu dans le monde entier. Mais il faut que ces ingénieurs restent pour oeuvrer au développement. Dans les autres secteurs aussi, cette méthode doit être appliquée. Je ne créerai pas des emplois au Sénégal si les gens sont invités à émigrer.

- Le développement passe par quelles mesures ?

- Il y a énormément de choses possibles. Je crois au développement de l'Afrique. Au Sénégal, nous avons lancé le plan de retour à l'agriculture. En deux ans, nous sommes passés de 80.000 tonnes de production de maïs à 500.000 tonnes puis 400.000 tonnes à cause d'un mauvais hivernage.

Nous avons créé d'immenses périmètres de fermes modernes. Et les besoins sont grands, en forages, tracteurs... La coopération est une solution. Nous avons recruté des retraités français qui viendront encadrer et former les gens qui travailleront dans ces structures.

Autre grand projet du Sénégal, les bassins de rétention d'eau qui permettront du sortir du cycle des trois mois de pluie et d'activités suivies de neuf mois sans travail. Avec les bassins, les cultures maraichères seront possibles toute l'année. Il y a 250 bassins à creuser et c'est maintenant une question d'argent. Le président Chirac a dit qu'il serait notre avocat. L'union auropéenne a dit ok...

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