En juin dernier, une audience est accordée au patron du journal Le quotidien Madiambal Diagne par le président de la République. Le ministre de l'environnement Thierno Lô en est l'initiateur, histoire d'‘arrondir les angles’ entre le palais et le journal de la Sodida, accusé de trop pilonner le pouvoir. Tout cela aurait pu rester affaire de couloir, s'il n'y avait le rebondissement d'hier. Sous forme d'une enveloppe de 200 millions qui aurait circulé ici ou là et dont on ne retrouve plus trace.
Madiambal Diagne a accusé hier Thierno Lô (qui dément, voir encadré) d'avoir distrait cette somme qu'il aurait sollicitée auprès du chef de l'Etat, pour tenter d'infléchir la ligne éditoriale du Quotidien. Or soutient-il, il n'a jamais été demandeur d'une quelconque sucette, pas plus qu'il n'a été question, face au président de la République, de changer l'orientation éditoriale du journal. Et depuis ce rendez au palais, au mois de juin 2006, ‘je n'ai pas eu de nouvelles de Thierno Lô jusqu'à ce qu'il m'appelle en août dernier pour me dire, je cite : ‘Si la secrétaire du président de la République, Mme Mbaye, vous contacte, dites-lui qu'on s'est vu et tenez vous en à cela’. Une phrase qui, selon le patron du Quotidien, a suffi à lui faire comprendre qu'une telle préoccupation du ministre de l'environnement soutendait des non-dits.
Pour lever ses doutes, Madiambal Diagne soutient avoir chargé un des conseillers du président de la République, Assane Bâ, ancien journaliste lui-même, d'éclaircir cette situation auprès de Me Wade. Une démarche pour laquelle il souligne n'avoir pas eu de suite, son émissaire n'ayant pu accrocher le chef de l'Etat sur la question. De fil en aiguille, on est arrivé à cette réunion de concertation organisée vendredi dernier sur les stratégies à adopter pour la campagne électorale présidée par Wade. Le secrétaire général du Pds se serait offusqué de ‘l'acharnement’ du Quotidien après que son patron a reçu 200 millions qui auraient pu le pousser à mettre la pédale douce. Selon Madiambal Diagne, Karim Wade se serait aussi inquiété de la fixation dont son père faisait l'objet de la part du journal. C'est alors qu'Assane Bâ aurait touché mot,à ce dernier des inquiétudes que le patron du Quotidien lui avait exprimées.
Devant ce qui ressemblait à un scandale, M. Diagne soutient que Wade l'aurait convoqué pour une première entrevue au cours de laquelle il l'aurait prié de ne pas ébruiter l'affaire, en attendant qu'il éclaircisse des points avec son ministre de l'Environnement. Entre temps, la rédaction du Quotidien, mise au parfum de l'affaire, fait son enquête et plaque le sujet à la une de son édition de samedi dernier. Mais ce numéro sur cette supposée tentative de corruption ne sera jamais lu par les lecteurs. Le journal, qui était sous presse, sera destiné au pilon par son directeur de publication, Mamadou Biaye. Pour insuffisance dans l'enquête. Mais le coup était parti.
Hier donc, une confrontation devait avoir lieu au palais. Autour de la table, Madiambal Diagne, le chef de l'Etat et le ministre de l'Environnement. L'accusation est portée contre ce dernier d'avoir distrait les 200 millions et selon le ‘dirpub’ du Quotidien, le chef de l'Etat ‘aurait intimé à (Thierno Lô) de se taire parce qu'il n'avait rien à dire’, quand il a cherché à s'expliquer. Et d'ajouter que le chef de l'Etat lui a affirmé, devant la coordonnatrice du Quotidien, Aminatou Diop, qu'il savait qu'il n'avait rien reçu, mais le priait de garder le secret autour de cette affaire afin que la présidence justifie cet argent comme étant un soutien politique à Thierno Lô. Cette clause, le patron du Quotidien soutient l'avoir refusée, pour ‘laver son honorabilité ainsi que celle de aa rédaction’. Pour que le bruit ne court plus, dans l'entourage de Wade, qu'il a empoché deux cent millions et continue malgré tout à s'acharner sur le pouvoir, ajoute-t-il.
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