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Politique

ALIOUNE TINE : « Wade réincarne Senghor, mais avec beaucoup de grossièretés »

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ALIOUNE TINE : « Wade réincarne Senghor, mais avec beaucoup de grossièretés »
Le Populaire.C’est à un diagnostic sans complaisance de la situation politique, sociale et économique que le Secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), Alioune Tine s’est livré dans l’entretien qu’il nous a accordé. De la succession du président Wade, aux ambitions présidentielles prêtées à Karim Wade, en passant par la panne du dialogue politique, la gestion des fonds de l’Anoci, les saisies record de drogue dure, le blanchiment d’argent, sans pour autant oublier ses démêlées avec la justice, le droit-de-l’hommiste crache ses vérités.

Me Wade avait accusé Idrissa Seck, Premier ministre à l’époque, d’être en villégiature en Afrique du Sud, alors qu’il y avait la famine au Sénégal. Est-ce qu’il est normal que le président Wade soit aux abonnés absents pendant presque un mois, au moment où le peuple ploie sous la misère et la flambée des prix ? Je pense qu’un président a le droit de prendre des vacances. Les présidents prennent des vacances. Je me demande même d’ailleurs pourquoi il n’y a pas eu de l’information sur les vacances du président. Généralement, quand ils sont en vacances, dans tel hôtel, quand ils sont au bord de la mer où quand ils sortent, les gens filment, on dit : « Tiens, il a pris un yacht, il est parti à tel endroit ». C’est de l’information pour le peuple. C’est une bonne chose. Maintenant, ce qu’il y a dans les vacances de Wade, c’est qu’il y a très peu d’informations qui filtrent là-dessus. Il se repose, c’est tant mieux. Il faut lui reconnaître le droit de prendre des vacances en tant que travailleur. Le président est très pris, il travaille beaucoup. Je pense même qu’il ne prend pas totalement des vacances car il est obligé de surveiller ce qui se passe comme du lait sur le feu.

Comment analysez-vous les absences répétitives du président Wade ? C’est vrai, il voyage beaucoup. C’est peut-être par rapport aux relations internationales. Les gens disent aussi qu’il en profite pour aller se soigner. Pourquoi pas ? Moi aussi, si j’ai l’opportunité de sortir, de pouvoir me soigner, je sors, je me soigne, je reviens. L’essentiel, c’est que ça ne porte pas préjudice au bon fonctionnement des institutions, au bon fonctionnement de l’Etat. Il y a même des voyages qui permettent de tirer beaucoup de profits pour l’économie, pour les relations sociales, pour l’image du Sénégal. Ça, c’est le travail d’un président de la République. Je pense qu’un président doit bouger. Mais un président doit aussi être là pour voir ce qui se passe. Je pense qu’il faut avoir un dosage et un bon équilibre.

Le dialogue politique est en panne. A qui imputez-vous ce blocage ? Je pense qu’il y a eu une espèce d’escalade et de confrontation continue, avant les élections, pendant les élections et après les élections. Et je pense que l’effet négatif que cela a eu pour la démocratie du Sénégal est difficile à évaluer pour le moment. Nous avons toute l’opposition significative en dehors des institutions. Je pense que c’est extrêmement lourd pour le bon fonctionnement des institutions, pour également la légitimité des institutions, des institutions reconnues par tous. Et également le bon fonctionnement de la démocratie. Je pense que ça incombe au président de la République, en premier lieu. Il me semble qu’on aurait pu éviter le boycott des élections, si au moment où la plupart des personnalités demandaient le dialogue politique, il avait reçu l’opposition. S’il l’avait fait, je pense qu’on n’en serait pas là. L’opposition porte aussi une responsabilité dans ce boycott. Parce qu’il est évident aujourd’hui qu’on n’a plus d’opposition à l’Assemblée nationale. Ça, c’est un gros handicap pour la démocratie sénégalaise et pour son image. Je pense aussi que les autres Sénégalais ont également une responsabilité. Est-ce qu’on a fait ce qu’il fallait faire ? Aujourd’hui, il y a une forte demande de désescalade, que ce soit au niveau politique, au niveau social, au niveau même spirituel. Aujourd’hui, tout le monde demande le dialogue, y compris même au sein des proches du président de la République, comme le professeur Iba Der Thiam. On s’en réjouit. Donc, je pense qu’aujourd’hui, il faut amorcer la désescalade et s’engager vers le dialogue. Il y a une nécessité absolue de renégocier ce qu’on appelle le contrat social entre Sénégalais. Quand on écoute aujourd’hui les discours et les revendications, il est évident qu’il y a beaucoup de ruptures dans ce cadre. Donc, quand les gens parlent de Pacte républicain, c’est de renégocier le contrat social. Quand les gens parlent d’Assises nationales, c’est de renégocier le contrat social. Quand on parle de dialogue politique, c’est de renégocier le contrat social. Donc, je pense qu’aujourd’hui il faut absolument y aller vers le dialogue de la façon la plus sereine, de la façon la plus lucide et de la façon la plus tranquille.

Pensez-vous alors que les Assises nationales que prônent le « Front Siggil Sénégal » soient une bonne chose ? À mon avis, oui. Vous savez, si vous lisez notre rapport (ndlr : de la Raddho) sur les élections présidentielles, notre rapport sur les élections législatives que vous avez d’ailleurs publié presque entièrement au « Populaire », le maître mot, c’est le dialogue. Parce qu’il y a un essoufflement de la démocratie dans la sous-région. Je peux vous citer quelques pays. Quand les gens ont atteint les limites en Mauritanie, on a vu ce qui s’est passé : une révolution. Aujourd’hui, le dialogue politique y est devenu quelque chose d’institutionnel, inscrite dans la Constitution. Le chef de l’Etat, il a l’obligation de recevoir tous les trois mois le chef de l’opposition parlementaire, Ahmed Dada. Et de discuter avec lui des grandes orientations du pays, même s’ils ne sont pas d’accord, ils parlent. Ils se sont parlé. Et il est obligé de recevoir l’opposition, chaque fois que cette dernière en fait la demande. Donc, c’est important. Le dialogue politique est institutionnalisé au Niger. Il y a une commission pour le dialogue politique national. Aujourd’hui au Togo, en Côte-d’ivoire, partout, il y a l’amorce d’une désescalade, et il y a un dialogue politique pour essayer de trouver des consensus forts pour que le pays continue à marcher.

Mais le Sénégal n’est pas parmi ces pays que vous citez… Le Sénégal, quand même, a pendant longtemps été un modèle, une référence qui a accumulé une expérience en matière de démocratie qu’il est extrêmement difficile de trouver ailleurs en Afrique. Avoir un député au Palais-Bourbon en 1848 ; siéger au Palais-Bourbon pratiquement sans discontinuité, de 1898 jusqu’en 1948, c’est une expérience inédite en Afrique. Et même l’expérience du parti unique, c’est pratiquement une parenthèse dans notre vie. Or, aujourd’hui, force est de constater qu’on a un parti-Etat, unique, très fortement dominant, pour utiliser le terme de Diamba Wa Diamba. Donc, de ce point de vue, quand même, il y a une régression nette de la démocratie sénégalaise. Il faut quand même qu’on se reprenne, tous. Les Assises nationales, pour nous, c’est une nécessité. Je parle à titre personnel, au nom de la Raddho. Si aujourd’hui, des gens nous invitent pour nous dire : « On réfléchit sur le Sénégal. On fait des propositions pour le Sénégal », si c’est l’opposition, je dis, par principe, on y va, on les écoute. On fait notre contribution de la façon la plus honnête, en essayant, dans la place que l’on occupe, de garder au maximum notre âme d’organisation de société civile totalement indépendante. Demain, si Wade nous invite, et il nous a souvent invités à des Assises sur l’Afrique, s’il y a des initiatives de cette nature et que nous trouvions bonnes, qu’on se dise : « Ecoutez, voilà ». Mais, nous, on ne s’engage pas dans quelque opération visant disons à l’insurrection ou autre chose. Tanor nous a expliqué très clairement qu’il ne s’agit pas d’une Conférence nationale souveraine, mais tout simplement d’Assises nationales qui feront des propositions qui seront soumises à l’Etat. Et c’est à l’Etat d’accepter ou non. Donc, je pense que ça peut toujours être profitable pour le Sénégal, qu’il y ait des gens qui réfléchissent et qui fassent des propositions.

Quelle appréciation faites-vous sur la contre-campagne déclenchée par la Cap21 dans le dessein de contrecarrer les initiatives du « Front Siggil Sénégal »  ? Bon, vous savez, ça, c’est le niveau politicien qu’il faut analyser. Il est évident que le « Front Siggil Sénégal », n’étant pas à l’Assemblée nationale, doit trouver des modalités, des stratégies et des méthodes pour continuer à exister. Et d’autres, de contrecarrer pour dire : « Ecoutez, c’est inopportun, allez à l’Assemblée nationale ». Ça, c’est vraiment dans le cadre des relations conflictuelles, normales en démocratie. Seulement, il faut quand même se dire, aujourd’hui, que les choses sont tellement sérieuses, que toutes les pratiques et logiques partisanes jusqu’au-boutistes, on doit les mettre de côté et trouver un minimum de consensus pour aller au dialogue politique. Je pense que, vraiment, on a dépassé le seuil des calculs politiques de bas étage. Aujourd’hui, les gens en ont assez. Il faut aller à l’essentiel : le dialogue politique. Et il faut que le président de la République le comprenne. Il ne s’agit pas de la survie de son parti ou de son régime, il s’agit tout simplement de la survie du Sénégal.

Ne pensez-vous pas que la Société civile est en faillite ? La Société civile n’est pas en faillite, elle fait ce qu’elle peut. Vous savez, la Société civile, elle est ce que l’Etat en fait. Vous avez des organisations, comme la Raddho, qui ont le statut consultatif à la Commission africaine des droits de l’Homme. La situation dans laquelle vivent certaines organisations ou la société civile, ça dépend de la société de manière globale, ça dépend de la manière dont les organisations sont considérées par l’Etat, par les institutions et par les Sénégalais. De mon point de vue, la plupart des organisations de la Société civile remplissent plus ou moins leur mission, en relation avec, bien entendu, les moyens. Maintenant, nous, nous n’avons aucun moyen de contrainte sur les acteurs politiques. Tout ce que nous faisons, c’est une saisine de l’opinion pour dire : « Il faut s’asseoir, il faut discuter ». Et quand nous avons une situation où nous sommes dans une fin de cycle, si les gens n’analysent pas et ne comprennent pas que nous sommes dans une fin de cycle et qu’il faut renégocier autre chose, il est évident que nous allons être dans une espèce de perturbation, et tout le monde va en subir les conséquences. Il est évident que, comme le disent certains psychologues, dans notre pays, nous avons besoin d’un bon « Ndëp ».

Quelles les raisons profondes qui font que la Raddho n’a pas observé les élections sénatoriales ? Elles n’avaient aucun enjeu. Quand les 65% des sénateurs sont nommés comme des gouverneurs, des préfets, des Directeurs nationaux par l’Exécutif, mais ça pose problème. Est-ce que le Sénat qu’on a fait partie de l’Exécutif ou du Législatif ? C’est quel pouvoir, le Sénat ? Mais ça, c’est un grand problème. Je me demande d’ailleurs comment la loi sur le Sénat a pu passer franchement, sans que le Conseil constitutionnel ne déclare cette loi inconstitutionnelle. Ce Sénat pose sérieusement des problèmes.

Est-ce à dire que c’est une institution de trop ? Il est évident que la manière dont on a institué ce Sénat, non seulement, c’est une institution de trop, mais, en réalité, on va essayer de recaser des politiciens qui n’ont pas pu être ministres, qui n’ont pas pu aller à l’Assemblée nationale, qui n’ont pu être nulle part ailleurs. Et ça, c’est un problème, et des charges supplémentaires totalement inutiles pour les populations et pour le Sénégal. Surtout dans le contexte de crise économique et sociale extrêmement aiguë dans laquelle nous sommes.

Pourtant, le président de ce Sénat va assurer l’intérim, en cas de vacance du poste de président de la République... Ecoutez, le problème du Sénat, il faut aujourd’hui essayer de le comparer un peu avec l’article 35. Nous l’avons dit, c’est-à-dire cette espèce de contrôle de la succession. Je pense que c’est légitime qu’un président de la République se soucie de sa succession. Il n’y a aucun président de la République responsable qui ne se soucie de sa succession. D’ailleurs, si vous ne le faites pas, ça aboutit à la situation de la Rdc, comme du temps de Mobutu, ou en Côte-d’ivoire, comme du temps de Houphouët-Boigny, quand vous vous laissez dans le flou artistique. Mais, il faut que cette situation se règle de façon démocratique. C’est extrêmement important qu’on laisse le peuple choisir, de la façon la plus démocratique, celui qui va présider aux destinées de ce peuple. Maintenant, je dis que si vous contrôlez totalement un Sénat, mais il est évident que, en réalité, vous vous donnez à la fois les moyens politiques et institutionnels de contrôler entièrement la succession. Et ça, cela pose encore des problèmes au plan démocratique.

Mais, qu’est-ce qui explique le fait qu’on ne vous ait pas entendu sur le débat de la succession du président Wade ? Est-ce que ce débat se pose réellement ?

C’est le président Wade qui a été le premier à poser ce débat... Bien entendu, c’est le deuxième mandat. Il a droit, en principe, avec la non-rétroactivité, à la possibilité de se représenter. Tout ça existe, mais aujourd’hui, compte tenu des contraintes biologiques qui sont réelles, qui sont là, c’est vrai, c’est lui-même qui a ouvert le débat sur sa succession, en écartant certains et en faisant l’éloge d’autres. Il est évident, même si ce n’était pas son intention, que les gens sont obligés d’interpréter, parce que dans le contexte politique, il n’y a pas de sens perdu, il n’y a pas d’information perdue. Donc, tout est interprétable dans ce contexte-là. Maintenant, pour ne pas m’étendre là-dessus, à notre avis, c’est au peuple de choisir ses dirigeants, c’est au peuple de choisir ses leaders.

On prête également à Me Wade l’intention de vouloir se faire succéder par son fils ? Je pense que, si c’est effectivement vrai, je crois que ce serait un précédent extrêmement dangereux. Je renvoie tout simplement à des situations très concrètes : le Togo, où effectivement on a mis en pratique ce phénomène. Le coût pour la démocratie, le coût pour les institutions et le coût humain, a été extrêmement lourd au Togo. Un autre exemple, c’est la Rdc : Kabila-père, Kabila-fils. En Rdc, c’est un peu la politique de l’autruche, rien n’est réglé. Les soldats de Mobutu, ils sont au Congo Brazza, super-entraînés, c’est de très bons soldats, c’est les troupes de Memba. Memba, on sait comment il a quitté le pays, après un conflit assez meurtrier, à la suite d’élections. Je peux également vous donner un exemple concret : c’est les Tontons macoutes en Haïti. Je pense que cette question mérite même l’élaboration d’une norme pour tous les Sénégalais. Qu’ils disent tout simplement que le fils du président n’est pas candidat à la présidence de la République. Les gens pensent, effectivement, que ce n’est pas démocratique de dire que le fils du président ne doit pas être candidat ; mais si, c’est démocratique. C’est pour éviter l’installation d’une dynastie. On sait ce qui s’est passé en Inde, ce qui se passe au Canada, avec les problèmes dynastiques. Donc, il faut créer une norme pour le Sénégal, pour verrouiller, pour demain. Donc, pour les problèmes de dynastie, les problèmes de la restauration de la monarchie. Vous savez, en 1789, les Sénégalais sont venus présenter ce cahier de doléances. Donc, nous avons assisté nous-mêmes à la chute de la monarchie. Donc, il ne faut pas restaurer la monarchie. Maintenant, tout ça, ce sont des présomptions, ce sont des présomptions, des interprétations, car, à ma connaissance, je n’ai jamais entendu Karim Wade dire qu’il était candidat à la présidence de la République. C’est vrai, il y a un mouvement politique : la « Génération du concret ». Il a le droit d’avoir un mouvement politique, c’est tout à fait normal. Mais, nous disons que si c’est pour construire sa légitimité pour être candidat demain, pourquoi pas ? Parce que Bush, son papa a été président, mais il n’a pas succédé à son père, il s’est lui-même construit sa propre légitimité. A Karim de faire cela. Je pense que ça permettra aux Sénégalais d’être tranquilles, aux hommes politiques d’être tranquilles et à lui-même d’être tranquille.

Ne pensez-vous qu’il est temps que Karim Wade jette le masque s’il ambitionne vraiment de succéder à son père, surtout que sa « Génération du concret » est assimilée à une nébuleuse ? Moi, franchement, je ne les (ndlr : les animateurs de la Génération du concret) connais pas très bien. Tout ce que j’en sais, c’est ce que j’en lis dans la presse et ce que j’entends dans la presse parlée. Maintenant, ils ont les droits d’avoir une ambition politique, d’avoir un candidat ; s’ils ont un candidat autre que Karim Wade, je dis même pourquoi pas. Ça, c’est leur problème. On est en démocratie, il faut l’accepter. Le problème, c’est en fait d’éviter des expériences qui ont été malheureuses ailleurs et d’éviter effectivement la création d’une dynastie ou d’une monarchie au Sénégal. Je pense que le Sénégal, après tout son parcours démocratique, ne mérite pas cela. Qu’on en parle, je pense même que c’est déjà trop.

Après avoir accusé son ancien sherpa, Idrissa Seck, d’avoir détourné des sommes colossales, le président Wade s’apprête à le faire revenir au Pds. Que vous inspire un tel état de fait ? Partagez-vous l’avis de ceux qui estiment qu’il faut des préalables avant toute forme de retrouvailles entre ces deux hommes ? Vous savez, Wade est imprévisible, surtout dans le domaine de la politique politicienne. Quand vous regardez la configuration de son gouvernement ou de ses groupes de soutien, comme disait Dias, ça n’a rien à voir avec le Pds originel, de la même manière qu’il y a eu beaucoup de ses fils qui l’ont renié, et qui sont à ses côtés. Il me semble que c’est un peu la même logique. Que Wade le fasse, moi, ça ne m’étonne nullement. Il faut voir Wade avec Serigne Diop, la création du Pds/R, Wade avec Ousmane Ngom, la création du Parti libéral sénégalais. De la même manière, avec Rewmi, on a l’impression effectivement qu’au Pds, on a une idéologie tout à fait particulière. Maintenant, il ne faut pas non plus lui reprocher de réunir sa famille politique. Politiquement, il a les raisons de le faire. Maintenant, c’est aux autres familles politiques de se réunir, de s’entendre comme Wade le fait. On ne peut pas demander à Wade de ne pas créer les situations du maintien de son régime au pouvoir après lui. Senghor l’a fait, d’autres le feront.

Mais c’est la manière de s’y prendre qui lui est opposée Ce qu’on peut reprocher, c’est l’instrumentalisation de la Justice, les règlements de comptes politiques en utilisant la Justice comme levier. Jamais, on n’a été aussi loin dans l’instrumentalisation de la Justice pour des questions politiques. Ça, vraiment, il faut en finir. Après les élections présidentielles, le président dit : « Un tel, vous avez fait ça, je vais vous poursuivre ». Il cite Tanor, Moustapha Niasse, Dansokho et Idrissa Seck. Mais, écoutez, dans quelle République est-on ? Wade, c’est le chef de l’Exécutif. Ça, c’est le rôle, à la limite, du procureur de la République de dire : « Je poursuis ou je ne poursuis pas ». Et au lendemain des élections, on attendait un autre discours. Vous savez, moi, j’ai été aux élections au Mali et surtout lors des élections présidentielles, l’opposition a été très dure. Aussi dure dans son discours que l’opposition au Sénégal. Nous avons rencontré, en tant qu’observateurs, le président du Mali, ATT (ndlr : Amadou Toumani Touré). Il nous a dit : « Nous avons une expérience démocratique consensuelle. Je suis pour le dialogue et pour le renouvellement de cette expérience ». Au moment où le discours était le plus dur. Nous l’avons revu après les résultats. Et après les résultats, après avoir écouté l’opposition malienne, nous nous sommes dit qu’on va aller vers une espèce d’insurrection. J’ai toutes mes notes. Ensuite, on repart voir ATT. Que nous dit ATT : « Écoutez, je tiens à cette expérience ». Vous savez, nous avons pris des initiatives là-bas avec la Société civile malienne pour dire : « Écoutez, c’est le moment de faire alerte, de prendre toutes les voix fortes et de leur dire de faire en sorte que les gens dialoguent et qu’ils avancent. Faites-le vite ». Les gens l’ont fait. Si vous avez vu, l’opposition malienne n’a pas boycotté les élections législatives comme chez nous. Ils ont entendu les voix. Et vous avez suivi l’élection du président de l’Assemblée nationale au Mali, entre Mountaga Tall et Diokounda Traoré ? Suspense. Beaucoup de suspense. On discute. Une élection, franchement, à l’intérieur de l’Hémicycle. Même si c’est interne, même si c’est la coalition présidentielle, franchement, je dis chapeau. Mountaga qui sort, qui félicite son homologue et qui dit que l’élection est terminée, on continue à travailler ensemble. Quand j’ai regardé ça, j’ai dit : « Tiens, nous sommes en train d’être dépassés, ne serait-ce que par le comportement des hommes politiques ». C’est important.

Est-ce illustratif de notre recul démocratique ? Je dis que ça ne veut pas dire que le Sénégal est arriéré. Non. Le Sénégal a accumulé une expérience telle, contient de telles ressources humaines. Et par la qualité des hommes politiques qu’on a, au pouvoir comme dans l’opposition, je me dis que si on fait un saut qualitatif, ça peut être un saut véritablement qualitatif. Mais il faut que les gens soient modestes, c’est extrêmement important d’avoir cette humilité. Il y a un problème de stabilité politique qui se pose dans notre pays, depuis quelque temps. La crise s’aggrave, le secteur de l’éducation pose problème, les prix augmentent, les problèmes d’énergie, ceux de l’agriculture, etc. tout cela fait que nous avons besoin d’un minimum de consensus pour faire face aux difficultés à venir. Vous savez, Senghor a été élu en 1968 en février. Mais il a été totalement surpris par mai 1968, au point qu’il a failli démissionner. Ca veut dire que les changements qu’il peut y avoir, si effectivement le contexte économique est mauvais, sont tels qu’il vaut mieux anticiper que d’être surpris par les événements. Donc, anticiper c’est quoi ? C’est tout simplement s’asseoir, c’est discuter, identifier les difficultés qui nous sont communes, qui sont communes à l’ensemble des Sénégalais, leur trouver vraiment une solution commune. Il faut avoir une vision commune de la démarche, pour ces questions essentielles que sont les questions des institutions, surtout judiciaires. Parce que, vraiment dans ce pays, il faut le reconnaître, la justice est malade.

Vous siégez au niveau du Comité de surveillance de l’Agence nationale de l’Organisation de la conférence islamique. Pensez-vous que tout est transparent au sein de cette structure ? Je pense aujourd’hui que c’est aux responsables au plus haut niveau, Baldé, Karim, de faire les comptes, de faire un audit de manière à édifier quand même les Sénégalais sur la transparence de la gestion. Et également de mettre à l’aise l’ensemble des membres du Comité de surveillance. Qu’on puisse dire : écoutez tout est nickel. Mais aussi de se mettre à l’aise eux-mêmes et de crédibiliser leur mouvement politique, la « Génération du concret ». Je pense que tout l’avenir de la « Génération du concret » dépend de la transparence de cette gestion. Je crois qu’ils en ont pleinement conscience.

Il y a également le rapport du Syndicat des architectes du Sénégal qui décèle des dysfonctionnements dans les travaux de la Corniche. Et cela n’a pas plu aux membres de l’Anoci qui ont même menacé de porter plainte. Que pensez-vous de cela ? Nous, nous disons qu’on est en démocratie et quand il y a un projet de cette nature, avec tous les enjeux financiers et politiques qu’il comporte, il est évident que ça ne peut pas susciter une indifférence totale, surtout de la part de certains secteurs comme les architectes. Qu’ils examinent le chantier, qu’ils fassent un rapport, de mon point de vue, sur le principe même, c’est une très bonne chose. Qu’ils portent des critiques et si on estime effectivement que ces critiques sont pertinentes, je pense que tout ce qu’on peut faire, c’est en prendre acte et rectifier. Maintenant, s’il y a des déclarations qui sont fantaisistes ou sur lesquelles on n’est pas d’accord, mais on réplique. Je pense que c’est comme ça, par les discussions, par le débat démocratique que nous pouvons avancer. De mon point de vue, ce n’est pas le fait d’aller au tribunal ou de crier, je pense, qu’il faut traiter la question. Il faut la traiter avec beaucoup de sérénité, de lucidité et de compréhension.

L’Apix qui est passée société anonyme est considérée comme un gros scandale. Sur la question, nous n’avons pas entendu la Raddho. C’est-à-dire que vous pouvez ne pas avoir une lecture immédiate, une analyse immédiate. Quand même on a besoin de comprendre, d’avoir toutes les informations pour avoir une position qui soit une position objective. Mais nous sommes en train de faire les investigations.

Et quelle lecture faites-vous de l’« agencisation » des activités de l’Etat ? C’est sûr que ça affaiblit l’Etat, ça affaiblit l’administration centrale. Je pense que c’est un phénomène qui provient beaucoup plus du Canada que de la France. Parce que, de plus en plus, nous voyons les Africains importer certains outils de management du Canada. Maintenant, il est évident que du point de vue surtout des modes de financement, des modes de décaissement, des modes de gestion, il y a beaucoup de choses qui échappent à l’administration centrale. Le fait de créer des Directions nationales, cela peut être une bureaucratie très lourde. Les lourdeurs de la bureaucratie en Afrique, ce n’est pas une abstraction, c’est une véritable réalité. Je pense qu’il faut procéder au diagnostic de nos institutions, voir qu’est-ce qui fonctionne, qu’est-ce qui ne fonctionne pas, quel est le mal, quel est le traitement approprié qu’il faut appliquer. Je pense que cela permettrait d’avoir le minimum de consensus, au moins sur les institutions de la République de façon globale.

Après le Cncr, c’est Caritas qui tire la sonnette d’alarme en parlant de famine. Avez-vous les mêmes craintes que ces deux structures ? Bien sûr. Vous savez, quand vous êtes à Dakar déjà, avec le coût de la vie, je ne parle même pas des gens qui ne sont pas riches, mais aujourd’hui le cadre moyen, face à toutes les charges : eau, électricité, scolarité, téléphone, a du mal à faire vivre décemment sa famille. A fortiori dans les villages avec quand même cette campagne agricole qu’on peut qualifier de pas très bonne pour être tout à fait modéré. La campagne n’a pas été bonne, les paysans n’ont pas de secours, il y a eu beaucoup de problèmes. Et je pense que ça fait partie des talons d’Achille du gouvernement libéral, surtout que la gestion du secteur agricole est une gestion catastrophique. Si Caritas, qui est une organisation extrêmement sérieuse, appuie sur la sonnette d’alarme, c’est quelque chose qu’il faut prendre très au sérieux et trouver les moyens d’anticiper, de voler au secours de ces populations.

Fait singulier, les saisies de drogue en très grande quantité se multiplient, n’inquiètent-elles pas la Raddho et pourquoi en est-on arrivé à ce résultat ? Aujourd’hui, le Sénégal est en passe de devenir un pays de transit pour la drogue dure, je veux dire même le blanchiment. A un moment donné, c’était la Côte d’Ivoire avec le conflit, on se demande même s’il n’y a pas eu un déplacement de zone. On sait effectivement qu’au Nigeria et en Gambie, c’est développé, mais au Sénégal, le phénomène est devenu extrêmement inquiétant. Parce que la drogue enrichit très vite, c’est un milieu où la corruption est hyper développée. Les gens ont des moyens colossaux et il est évident que certains cadres et certaines élites politiques ont souvent besoin de moyens. Si les gens ne font pas attention et rectifient le tir, ça va gangrener la société. Moi, j’ai vécu les élections en Haïti, où la drogue permet de financer des partis politiques, de financer également des leaders politiques. Ça, c’est une société qui est à l’état de déliquescence du point de vue des valeurs, du point de vue économique et du point de vue politique. Si on ne fait pas attention, on va essayer de vivre la situation du sauve-qui-peut.

Est-ce que ce n’est pas son corollaire de blanchiment d’argent qui explique cette subite poussée de richesses dans le pays ? En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’on blanchit ici aujourd’hui et c’est clair. Quand vous considérez un pays qui n’a pas de pétrole, qui n’a pas d’argent qui tire le diable par la queue, vous regardez à côté le nombre de bâtiments que les gens construisent, le nombre de chantiers qu’il y a aujourd’hui au Sénégal, c’est tout à fait légitime que les gens s’interrogent. Même dans certains secteurs du sport (rires), il paraît qu’effectivement on blanchit, je ne veux rien dire. Il faut extrêmement faire attention, tout ça, c’est un peu les prémices de la déliquescence de l’Etat, de l’affaiblissement de l’Etat.

Comment expliquez-vous le fait que le Pacte républicain auquel vous teniez tant ait été un flop ?

Il y a eu beaucoup d’enjeux, beaucoup de manœuvres avec les élections présidentielles. Sur le contenu du Pacte, pratiquement, tous les acteurs étaient d’accord et y avaient travaillé. Tous, quand nous les avions réunis à Savana. Et les gens avaient des représentants dans le comité de suivi du Pacte républicain. Nous avons fait ensemble les marabouts, pour voir. Mais, en même temps, j’ai l’impression que les partis politiques ne voulaient également pas se laisser ligoter par ce Pacte, ni le pouvoir, ni d’ailleurs l’opposition. Pendant une certaine période, avant les élections, je pense que Wade a été ouvert au dialogue. Mais bon, les gens de son entourage, chaque fois qu’on s’était dit : « Tiens, bon maintenant, on peut espérer avoir le dialogue politique », ce sont des problèmes puérils qui tombent sur la tête de Jean-Paul Dias, ce sont des problèmes puérils qui tombent sur la tête de son fils. Il a dit que c’était un phénomène unique dans l’histoire politique du Sénégal. Mais, c’est vrai. C’est-à-dire comment peut-on faire des maladresses de cette nature dans ce pays ? Donc, je pense qu’il y a une responsabilité qui incombe au pouvoir d’avoir fait en sorte que le dialogue politique n’ait pas eu lieu. Mais, le résultat, il est là : parti-Etat, unique, dominant. Donc, ça nous renvoie aux années 60 et 70. Vous savez, après la malheureuse expérience du bicéphalisme, après ce qu’on appelle le coup d’Etat de 62, Senghor s’est taillé une Constitution impériale. Une véritable Constitution impériale où il était pratiquement un monarque républicain, où il avait pratiquement tous les pouvoirs. Et c’était une Constitution qui ressemblait beaucoup plus à la Constitution américaine, très présidentialiste, qu’à la Constitution française. Parce qu’il n’y avait pas de Premier ministre à l’époque. Et même que Senghor avait adopté les quatre ans renouvelables. Donc, il aurait dû partir depuis longtemps ; il est resté presque vingt ans. Et je pense que celui qui, parmi les hommes politiques, a la culture senghorienne la plus ancrée, parce qu’étant de la génération de Senghor, c’est Abdoulaye Wade. Abdoulaye Wade réincarne Senghor, alors que Senghor a préparé le dépérissement du Senghorisme petit à petit. Et Abdou Diouf a pratiquement achevé le dépérissement du Senghorisme, il faut lui en rendre gré. Et c’est ça qui nous a menés vers l’Alternance. Maintenant, vraiment, c’est le Senghorisme qui revient sous une autre forme, je dirais même avec beaucoup de grossièretés. Quand même, avec la finesse intellectuelle de Senghor, qui est bourré de culture, cela fait quand même qu’il y a une sacrée différence entre ce régime et celui-là.

Pourquoi le pouvoir vous en veut-il maintenant ? Est-ce que le pouvoir m’en veut ? Moi j’ai beaucoup réfléchi. Je me suis dit : « Nous, en réalité, on joue une espèce de rôle de baromètre. De baromètre, ici pour le Sénégal et également pour la plupart des pays en Afrique. On nous prend très au sérieux, au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. On nous prend très au sérieux, au niveau de la Cedeao. Surtout sur les mécanismes de prévention des conflits, quand la Raddho sort un communiqué de presse, vraiment les gens suivent. Et souvent les gens réagissent. Donc, quand effectivement on dit qu’on va casser le baromètre, ça veut dire en réalité que les gens ont perdu quelque part de leur lucidité. La Raddho est une grande organisation, au plan africain. Je pense qu’il ne faut pas l’attaquer comme on l’attaque, surtout sur des bases qui ne sont pas très consistantes. Parce que, quand même, dans le domaine de la construction de la paix, nous avons beaucoup fait. Et je peux dire que, pour une fois, on a une reconnaissance de l’Etat qui nous demande même de jouer un rôle dans le domaine du désarmement. Ça, c’est dans les accords de paix. Donc, aujourd’hui, on vient nous faire des petits problèmes, au point même de susciter une conférence de presse où l’on nous attaque. Vous savez, tout ça nous fait marrer, parce que vraiment, ce n’est pas ça qui va nous ébranler. Ça je vous l’assure. Je pense qu’il faut vraiment manquer de lucidité pour dire que, nous, nous mettons le feu. Au contraire, nous passons tout notre temps à jouer les sapeurs-pompiers. Et je vous assure qu’à un moment donné, ça nous a porté préjudice.

Aussi, le président Wade vous reproche souvent d’être des politiciens encagoulés. Est-ce le cas ? Bon, vous savez, si je fais de la politique, je n’ai pas de raison de me cacher. J’ai fait de la politique, j’ai fait dans la clandestinité. Depuis que j’étais au lycée, j’ai participé aux débats dans les Mepai (ndlr  : Mouvement des élèves et étudiants du Parti africain de l’indépendance). Même au Mepai, je n’étais pas quelqu’un de tout à fait soumis, je participais aux débats intellectuels, on me traitait de trotskiste et tout. C’est comme ça, j’ai été à la Ligue démocratique, là-bas aussi, je n’ai pas été quelqu’un de docile, j’ai toujours été un intellectuel, j’ai assumé mes responsabilités, j’ai été critique. Donc je suis sorti, je suis dans les Ong et je travaille sur les Ong. Et nous avons des termes de référence, ce sont des instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux, relatifs aux droits humains. Nous assumons, comme on dit, la surveillance de ces différents instruments et la mise en œuvre de ces instruments. Donc nous assumons aussi la promotion de ces instruments, c’est ça que nous faisons. Quand c’est violé, on dit que c’est violé. Maintenant, dans le domaine du dialogue politique, c’est beaucoup plus compliqué. Mais nous le faisons, dans le cadre de la construction de la paix, la prévention des conflits. Car cela fait aussi partie du travail des organisations pour les droits humains.

Le président Wade avait menacé de faire voter une loi pour plus de transparence dans la comptabilité des Ong. Est-ce à dire que les chantres de la bonne gouvernance que vous êtes ne sont pas orthodoxes dans la gestion ? Rires (…) Non, mais écoutez, quand vous faites de la gestion, le problème de fond, c’est d’être transparent. Savoir ce que vous avez dépensé et ne pas faire, comme on dit, de détournements de fonds (rires). C’est ça l’essentiel, et de se faire auditer. Et nous nous faisons auditer régulièrement, à la Raddho. Je vous dis encore une chose : si vous vous amusez en tant que Ong crédible à jouer avec l’argent des bailleurs, mais vous disparaissez. Si une Ong comme la Raddho est là depuis 1990 et continue à avoir la confiance des partenaires, ça veut dire effectivement qu’au plan de la gestion, on se débrouille. Je ne veux pas dire aussi qu’il n’y a pas de problème. Nous avons des problèmes parce que, de plus en plus, les gens accordent sur le plan institutionnel de moins en moins de financement. Les salaires et les charges ont de moins en moins de financement, surtout les charges locatives. Donc, à partir du moment où les gens vous donnent un ordinateur, que vous avez un programme et que le patron du programme est payé, on estime que c’est tout. Alors ça devient de plus en plus dur pour les organisations du Sud, et beaucoup commencent à disparaître.

Mais, d’aucuns disent que les Ong ne sont qu’un moyen facile de se faire de l’argent. En tout cas, ce n’est pas notre cas, personnellement. Parce que nous, depuis le mois de mars, nous n’avons pas de salaire. Moi, je n’ai pas de salaire à l’université, je me débrouille. Je n’ai pas de voiture. Pourtant, nous avons une compétence qu’on peut vendre au plan international très facilement. Je pense qu’il faut faire la part des choses, car il y a beaucoup d’Ong qui travaillent ici, qui sont tout le temps sur le terrain, qui produisent des résultats. Et les gens sont loin de rouler sur l’or, comme on le prétend.



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