Elle a été poussée par Pape Samba Mboup alors qu’elle se trouvait sur l’escalier du palais présidentiel, en tant que présidente d’association de femmes. Elle pouvait tomber et avoir un accident grave, pourtant elle a décidé de ne pas donner suite à cet incident à cause de ce qui est survenu après. Awa Diop Fall, ex-ministre chargé des Relations avec les Institutions revient sur l’incident dans un petit entretien.
Qu’est-ce qui s’est passé vendredi avec le chef de cabinet du président de la République au palais présidentiel ?
Je suis allée à cette manifestation-là en tant que présidente du mouvement national des femmes de And jëf/Pads. Et c’est important à préciser. Alors quand je suis arrivée, j’ai aperçu mes anciens collègues du gouvernement, avec qui j’ai toujours travaillé dans la cordialité et dans la sympathie. On n’a jamais eu de problèmes. Donc c’était tout à fait normal de se saluer et d’échanger. Et c’est pendant que j’étais avec eux, que Pape Samba Mboup est venu, et a essayé de me pousser dans le dos alors que j’étais sur les marches. Vous savez qu’une personne qui est sur des marches, quand on la pousse elle dégringole facile. Et ça peut créer n’importe quel genre d’accident. La rupture des vertèbres cervicales... C’est vraiment un geste dangereux et très grave. Alors quand il a essayé de me pousser, j’ai résisté physiquement. Et il m’a dit : «Tu ne dois pas être là ce n’est pas ta place, parce que vous êtes sortis du gouvernement ». Alors à ce moment, les femmes se sont mises à le huer. Et en lui disant, «fii dou sa keur baay» (ici ce n’est pas la maison de ton père). Le ministre Awa Diop est intervenue, elle s’en est prise à lui. Le Premier ministre, Macky Sall est venu me prendre par la main, pour me faire monter à côté de lui.
Quelle suite allez vous donner à cet incident ?
J’estime que Pape Samba Mboup est ignorant des usages de la République. Mais après ce qu’il a fait, la solidarité féminine a joué, la solidarité du Premier ministre s’est vraiment manifestée. Donc comme je le disais, quand il se passe une chose et qu’il y ait des gens pour prendre votre défense vous n’avez pas besoin de parler. Et j’avais des gens pour prendre ma défense. Raison pour laquelle je n’ai pas donné de suite à cet incident-là. Sinon j’aurais pu porter plainte pour agression physique. Parce qu’il y avait des témoins. Des milliers et des milliers de témoins. Mais comme il y a eu ces deux actes de solidarité, de la part des femmes sénégalaises et de la part du chef du gouvernement, que je remercie en passant, je préfère ne pas donner suite à cette affaire.
Comment vous avez accueilli les résolutions prises par le président de la République sur la parité homme femme au niveau de l’Assemblée nationale ?
Je l’ai écouté avec beaucoup d’émotion. Avec beaucoup d’intérêt. Parce que c’est l’aboutissement d’une lutte que les femmes sénégalaises dans leur totalité ont menée ensemble. C’est l’aboutissement d’une lutte dont je suis fière personnellement en tant que présidente du mouvement national des femmes de And jëf/Pads. . .Tout le monde sait que c’est depuis Aj/Mrdn que nous avons posé la problématique de la représentation des femmes à des postes électifs, la présence des femmes au niveau des sphères de prise de décision. C’est donc l’aboutissement non seulement de la lutte des femmes sénégalaises mais également d’un engagement particulier et spécifique des femmes et des hommes de Aj/Pads. C’est la raison pour laquelle, c’est avec beaucoup de fierté, beaucoup d’émotion que j’ai vécu ces moments-là.
Pensez-vous que les partis politiques ont assez de femmes capables de bien jouer le rôle de parlementaire en leur sein ?
N’oublions pas que dans les organisations politiques, les processus et procédures de mobilisation interpellent au premier chef les femmes. N’oublions pas que dans les organisations politiques, l’expression du suffrage est d’abord un fait féminin. Que dans les partis politiques, l’animation quotidienne est d’abord un fait féminin. Chaque fois, on se pose la question de savoir si les femmes seront capables. Quand il s’agit d’un homme il y a un préjugé favorable de compétence. Et dès qu’il s’agit d’une femme, il y a un préjugé d’incompétence. Alors que dans les partis, je commence à connaître les partis, au-delà de mon propre parti qui est Aj/Pads, pour avoir fréquenté les femmes des autres partis. Il y a effectivement des femmes qui en sont capables. Parce qu’aujourd’hui, il y aura cent cinquante députés au niveau de l’Assemblée nationale. Cela veut dire que chaque parti devrait aligner au moins sans suppléant, soixante-quinze hommes soixante-quinze femmes. Et il est évident que dans chaque organisation, il y a soixante-quinze femmes qui sont capables de remplir un rôle de parlementaire. Sans tenir compte du niveau d’instruction. Parce que le niveau d’instruction ne peut pas être un critère de représentativité au niveau de l’Assemblée nationale. Parce que nous avons même vu des députés hommes qui sont analphabètes en français. Cela veut dire qu’une femme peut être aussi analphabète en français, et pouvoir être capable de prendre en charge les préoccupations des populations en relation avec leur vécu quotidien. Donc ce qui est fondamental pour un député, c’est la capacité et la compétence, de savoir les enjeux par rapport aux textes de loi, et de pouvoir prendre en charge les préoccupations des populations par rapport aux lois à voter
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