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Politique

AWA DIOP, MINISTRE DELEGUEE AUPRES DU PREMIER MINISTRE : "Je ne suis pas analphabète"

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AWA DIOP, MINISTRE DELEGUEE AUPRES DU PREMIER MINISTRE : "Je ne suis pas analphabète"
ENTRETIEN AVEC… Mme Awa DIOP, ministre déléguée auprès du Premier ministre, responsable du Mouvement des femmes Pds : «C’est normal que Samuel Sarr accuse Macky Sall»

Le bureau de la deuxième questure de l’Assemblée nationale occupée par Awa Diop a enregistré des centaines de visiteurs. Les uns pour féliciter la nouvelle ministre-déléguée auprès du Premier ministre, les autres pour les besoins de la préparation du grand meeting qu’organise le mouvement national des femmes du Pds, une structure qu’elle dirige. Il a fallu plus de quatre heures d’attente pour, enfin, décrocher un entretien avec Mme Diop. Cela, après qu’elle a réuni les représentantes des femmes au niveau des régions. C’est dans l’arrière-cour de l’Hémicycle, loin du tintamarre de ses sœurs libérales, que Awa Diop apporte la réplique à ceux qui doutent de ses capacités à gérer les nouvelles fonctions que lui a confiées l’homme à qui elle dit tout devoir : Me Abdoulaye Wade. Elle revient sur son cursus scolaire, ses convictions par rapport à la candidature de Idrissa Seck entre autres questions.

Le président de la République vous a fait l’honneur de vous nommer ministre-délégué auprès du Premier ministre. Comment avez-vous accueilli cette nomination et quelle est la lecture que vous en avez faite ?

J’ai d’abord rendu grâce à Dieu et prié sur le Prophète Mohamed (Psl). J’avoue que cela a été une très grande surprise pour moi. C’est la première fois de ma vie que j’ai une si grande et heureuse surprise. Dès lors, je dois tout à Me Abdoulaye Wade et au peuple sénégalais qui m’a témoigné sa reconnaissance et manifesté son accord à cette décision du chef de l’Etat. Cela s’est manifesté par des appels venant de tous bords ; même de l’opposition et de l’étranger.

Cette nomination démontre, encore une fois, que Me Wade est un visionnaire. Il ne cesse de surprendre les Sénégalais par ses décisions. C’est la première fois dans l’histoire du Sénégal qu’une telle chose survienne. Il est le premier président africain à nommer une femme au poste de Premier ministre. Ensuite, c’est sous son magistère qu’une femme, en ma personne, est nommée questeur à l’Assemblée nationale. C’est un honneur fait aux femmes. Cette nomination est d’autant plus importante que cela s’est fait dans un congrès. C’est du jamais vu dans l’histoire de la politique.

A ce sujet, des Sénégalais s’offusquent de votre nomination en plein Congrès du Pds. N’y a-t-il pas, là, une confusion entre l’Etat et le parti ?

On ne peut pas être un président de la République sans être dans un parti politique ; à moins que l’on soit élu par accident. Dans tous les pays du monde, les chefs d’Etat sont élus à partir de leur appartenance politique. Certes, Me Wade reste le président de tous les Sénégalais, mais il est un homme politique qui appartient au Pds. Les gens veulent se focaliser sur des détails. Me Wade est suffisamment avisé pour ne pas commettre de telles erreurs. Il ne pose aucun acte qui puisse entacher l’image du Sénégal sur le plan international, encore moins devant ses pairs. Il sait bien ce qu’il a fait et lui seul a ses raisons. Il n’y a aucune confusion entre l’Etat et le Pds. C’est l’annonce qu’il a faite au Congrès, mais les actes de la nomination sont posés dans un cadre institutionnel légal et légitime.

Depuis votre nomination, le pays bruit à propos de votre niveau intellectuel. On soutient que vous n’avez pas les capacités intellectuelles pour diriger un ministère…

(Rires). J’en ris parce que ceux qui parlent dans les radios et écrivent dans les journaux minimisent, à tort, mes capacités et mes qualités. Quand on ne connaît pas une personne, forcément, l’on se trompe dans le jugement que l’on porte sur elle. C’est ce qui est arrivé à nombre de Sénégalais. Je suis dans le parti et présente à l’Assemblée nationale depuis 1993, sans que mes frères libéraux ne sachent ce dont je suis capable. Dire que Awa Diop est illettrée relève de l’ignorance. J’ai fait les classes et j’ai obtenu mon certificat d’études. Après quoi, j’ai fait le Collège de Mbour jusqu’à la classe de 3e secondaire. Mais, comme les Lébous donnent, très tôt, leurs filles en mariage, j’ai dû écourter mon cursus scolaire. Ce cursus démontre que je ne suis pas analphabète. Et cela n’empêche que j’ai fait une formation de secrétaire sténo-dactylographe. Ce qui m’a d’ailleurs permis de travailler à la mairie de Rufisque et à l’Organisation mondiale de la Santé (Oms). Je ne serais pas admise dans cette dernière structure, si je n’avais pas une bonne maîtrise de la langue française. Seulement, je dois relever que l’Africain est un complexé. Dans son entendement, il faut parler français pour montrer qu’on est intellectuelle. Ce qui n’est pas le cas. Et cette conviction est un frein à leur développement. Les plus grandes puissances du monde ne parlent pas les langues étrangères. Elles ont fait de leur langue maternelle leur langue de travail.

Est-ce que la comparaison peut tenir si l’on sait que la langue de travail du Sénégal est le Français. En clair, ne risquez-vous pas d’avoir des limites surtout dans la gestion des dossiers et dans votre collaboration avec vos collègues ?

Je n’aurai aucun problème de gestion des dossiers pour la simple raison que je lis, j’écris et je comprends bien le Français. Sur ce point, je voudrais dire que les gens me jugent à partir des sorties que je fais lors des rassemblements politiques et à l’Assemblée nationale. Dans ces milieux, j’utilise le Ouolof pour mieux porter mon message. Il s’y ajoute que je m’adresse à des personnes qui ne comprennent pas toutes le Français. Ma cible, ce sont les femmes qui sont en majorité illettrées. Pourquoi je leur parlerais une autre langue ? Cela n’a pas de sens. Ce sont des adversaires politiques qui véhiculent ce message pour me nuire.

Il ne faut pas oublier que j’ai fait partie, à maintes reprises, de missions parlementaires à l’étranger et lors de ces voyages, l’on travaille en Français. Mais, au Sénégal, il faut forcément intervenir en Français lors des manifestations pour qu’on vous colle l’étiquette d’un intellectuel. Et puis, si j’ai une grande popularité, c’est grâce au Ouolof que j’utilise dans mes discours. Qui parle mieux le Français que Talla Sylla ? Et pourtant, il utilise plus sa langue maternelle. Ce débat relatif à mon niveau intellectuel n’a aucun sens. L’essentiel est que je sois jugé sur mon bilan à la tête du Département qui m’est confié. Et je ferai le tout pour mériter la confiance du Président. D’ailleurs, il croit en mes capacités ; c’est pourquoi il m’a nommée. Il s’y ajoute que Me Wade n’a pas porté son choix sur moi pour que je m’enferme dans un bureau ; il veut que je m’imprègne des problèmes des femmes pour y apporter des solutions. Personne ne peut appuyer les femmes, surtout celles du Pds, si elle ne connaît pas leurs problèmes de toujours. Mais, quand on nomme ministre quelqu’un qui est arrivé en 2002, celui-ci ne pourra pas avoir la fibre militante pour venir en aide aux femmes qui ont tout donné au parti.

Vous faites allusion à qui ?

Je parle dans le cadre général. Qu’il soit un homme ou une femme, il faut être un militant de la première heure pour pouvoir aider ses frères de parti. J’ajoute que le ministre n’est pas nommé pour satisfaire les doléances des militants de son parti, mais pour régler les problèmes de tous les Sénégalais. Chacun sait ce qu’il doit faire. Qu’il le fasse.

On accuse, Aminata Tall et vous, de former un duo pour combattre Aïda Mbodji…

Je n’avais pas eu de problème avec Aminata Tall. On s’est opposé en 1990, quand il s’est agi d’élire la présidente du Mouvement national des femmes du Pds. A ce moment, elle soutenait mon adversaire. Après cela, nous nous sommes retrouvées pour travailler ensemble. Et l’on s’entend bien. C’est vous qui avez cité de noms mais, nous ne combattons personne. Seulement, nous tenons à ce que ceux qui nous ont trouvées dans le parti nous donnent plus de considération tout en restant calmes. Sinon, ma sœur Aminata et moi s’allierons davantage pour bien faire les choses.

Mme le ministre, avez-vous reçu votre lettre de mission ? Si oui, quelle en est la teneur ?

Oui ! On me l’a remise, hier (Ndrl : avant-hier). Mes charges sont énormes, mais il faut qu’il y ait une réunion avec les ministres, Aïda Mbodji et Marie-Pierre Sarr, afin que l’on détermine les prérogatives de chacune d’entre nous. Cela va se faire d’ici vendredi. Et j’attends le moment venu pour en parler plus amplement.

Donc, votre domaine de compétence concerne les femmes ?

Je travaillerai aussi bien pour les hommes que pour les femmes, mais j’accorde une importance particulière à mes sœurs.

Vos relations avec Aïda Mbodji ne sont pas des meilleures. Est-ce que votre collaboration ne va pas en souffrir ?

Non, je ne le pense pas. Si chacune d’entre nous se limite au cahier de charges, il n’y aura pas de problèmes. Aïda Mbodji m’a été confiée, à son arrivée dans le parti. Quand elle devrait être nommée ministre, c’est moi que Me Wade a déléguée pour le lui dire. J’ai presque fait la consultation. Donc, je n’ai pas à lui mettre des bâtons dans les roues. Si j’avais émis des réticences avant sa nomination, Me Wade ne l’aurait pas nommée. C’est sa chance et je crois au destin de chacun. Seulement, la raison veut que si on vient dans un parti qui vous accueille à bras ouverts, que l’on rende l’ascenseur et qu’on accorde plus de considération à ses membres. Il faut les respecter. Il n’est pas bon de faire du tort aux gens qui ont porté le combat jusqu’ici. Les femmes ont soutenu le combat jusqu’à l’avènement de l’Alternance et elles n’accepteront pas d’être minimisées ou piétinées.

La décision de Me Wade de vous nommer ne relève-t-elle pas de sa volonté de corriger cette injustice à laquelle vous faites allusion ?

Je ne peux pas l’affirmer, mais c’est une hypothèse à ne pas écarter. Me Wade a beaucoup de considération pour ses militantes et ses militants. Il tient à ce qu’ils soient honorés. En effet, j’implore Dieu qu’Il me donne la force de relever ce défi.

Vous dirigez le Mouvement national des femmes du Pds. Quelle partition comptez-vous jouer dans les élections à venir ?

Nous sommes en train de nous préparer pour le rassemblement du 25 novembre prochain à l’issue duquel nous investirons Me Wade comme candidat à la présidentielle. Après quoi, nous ferons des tournées départementales pour mieux sensibiliser les femmes.

L’élection présidentielle de 2007 relève un cachet particulier pour le Pds car, il fera face à un de ses frères, Idrissa Seck, qui réclame la majorité des militants libéraux. N’est-ce pas une menace sérieuse ?

Rewmi est une propriété de Abdoulaye Wade après que Dieu le lui a donné. Donc, ce nom que Idrissa Seck a choisi pour son parti ne passera pas. Quand Dieu décide de faire échouer quelqu’un, Il lui fait faire des erreurs qui lui seront fatales. C’est le cas de Idrissa Seck. En effet, il ignorait là où Rewmi allait le conduire. Idrissa Seck ne pèse rien devant le Pds. Il a quelques inconditionnels et ceux-là sont partis avec lui. Il n’est rien devant nous.

Cependant, il a une dame qui sait mobiliser et qui est partie avec beaucoup de femmes libérales : Awa Guèye Kébé.

Cela montre que vous ne maîtrisez pas le Pds. Personne ne peut les flouer. Les quelques femmes qui étaient parties sont revenues. Elles ne croient qu’en Wade. Cette femme dont tu parles n’a pas marqué le Pds. Elle n’a participé ni à une marche, encore moins à un combat pour l’avènement de l’Alternance. Elle n’a rien fait pour le Pds. C’est le Bon Dieu qui a décidé de sa nomination comme ministre de la Femme. C’est tout. Je voudrais témoigner aussi qu’elle a fait un boulot au niveau de son ministère. Elle s’accompagnait de femmes du Pds avec qui elle a collaboré. Il faut dire la vérité. Mais, elle n’est pas partie avec les femmes du parti.

Vous reconnaissez les mérites de Awa Guèye, mais pourtant Idy a travaillé pour le parti…

Le travail de Idy se limite à Thiès. Je suis mieux placée pour en témoigner pour avoir sillonné le pays en compagnie de Me Wade. Idrissa Seck n’a rien fait pour le pays et pour le Pds. C’est la raison pour laquelle beaucoup de militants ne le connaissent pas. Celui dont je peux certifier son travail, c’est Ousmane Ngom. Et même si Idy a travaillé pour le parti, Me Wade l’a suffisamment honoré. Il l’a même récompensé pour des efforts qu’il n’a pas consentis. Me Wade l’a envoyé en France poursuivre ses études ; il l’a soutenu et couvé. C’est Me Wade qui a fait de lui le secrétaire général adjoint du parti, directeur de campagne aux élections de 1988 et ministre sous Diouf. A cela s’ajoutent ses postes de directeur de Cabinet et Premier ministre du Sénégal. Wade ne lui doit plus rien. D’ailleurs, il faut que le peuple se pose la question de savoir qui doit à l’autre, qui a trahi qui. Mais, Dieu saura trancher. Les Sénégalais ne veulent pas l’hypocrisie et la traîtrise. Ce vent qui tourne ne nous ébranle pas. On l’assimile à une bulle qui va exploser bientôt avant de disparaître. Personne ne peut résister aux moyens dont nous disposons. La force de Wade ne se mesure pas à celle d’un enfant. Parlons d’autre chose !

Vous semblez minimiser la force de Idrissa Seck, mais il continue de débaucher des députés du Pds…

Seuls deux députés sont partis : Mama Dabo et Amadou Sall. Le premier a eu la chance d’être député un an seulement après son adhésion au parti ; ce n’est pas un militant. Par contre, le second est un vieux militant qui n’a pas digéré les derniers renouvellements. La base ne veut pas qu’il la dirige. Nous ne pouvons rien faire face à cette situation. Il reste mon frère. Et j’avoue que sa démission ne m’a pas surprise et je l’ai évoqué en réunion bien avant qu’il ne se retire.

Récemment, les trois maires Daour Niang Ndiaye, Bocar Seddikh Kane et Ndiawar Touré ont été sommés de se déterminer par rapport à Idrissa Seck. N’est-ce pas là des effets de la psychose Idy ?

D’abord, je voudrais dire que je n’ai pas réglé l’audience avec le Président. Ces trois maires ont été toujours étiquetés proches de Idy et il était bon qu’ils se déterminent. C’est Farba Senghor qui a démarché l’audience. Mais, il faut que l’on sache que seul Dieu peut certifier de la bonne foi d’une personne. La personne peut trahir à la dernière minute. Je ne peux dire avec certitude qui est demandeur de cette audience. Je m’en limite là.

L’ancien directeur général de la Senelec a accusé le Premier ministre, Macky Sall, d’incompétence. Ayant travaillé avec ce dernier, est-ce que cette étiquette qu’on lui colle lui ressemble ?

Tous les deux sont mes fils. La mère de Samuel Sarr est une amie et je connais bien Macky. Ce dernier n’est pas petit et je peux jurer qu’il ne donne pas de coups bas. Je ne lui connais pas cette attitude. Je dépasse les clans et les clivages et eux deux le savent. Seulement, une femme qui a été divorcée trouve toujours des excuses. On cherche toujours à voir la main de quelqu’un derrière les limogeages. Et comme on ne peut pas s’en prendre à Me Wade, Macky Sall encaisse tous les coups. C’est normal que Samuel Sarr accuse Macky Sall.  



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