BARTHÉLEMY DIAS SUR LES MANDATS D’ARRÊT DU JUGE FRANÇAIS «Je demande seulement à la justice française d’aller au bout de cette nébuleuse, en entendant tout le monde»

Il se trouve à l’autre côté de l’océan Atlantique. Mais il a tous ses sens braqués vers le Sénégal. Avec l’aide des Ntics nous sommes parvenus à l’interpeller sur ce qui fait l’actualité au Sénégal. Principalement sur les mandats d’arrêt internationaux émis contre des personnalités sénégalaises par un juge français. Le responsable des jeunes socialistes donne sa position un peu spéciale comme il a l’habitude de le faire sur cette affaire et sur d’autres sujets d’actualité.

Que vous inspirent les mandats d’arrêt internationaux émis contre certaines personnalités sénégalaises par un juge français?

Je salue le courage de la justice française dans cette nébuleuse et demande à chacun un peu de retenue. La France est tout de même un pays qui se respecte. La justice française a utilisé tous les canaux appropriés, y compris la voie diplomatique pour y voir un peu plus clair dans un soit disant «accident», où l’Etat, par la voie de son chef, reconnaît sa responsabilité. Nous savons tous que la justice sénégalaise a les mains liées. Où sont les agresseurs de Talla Sylla ? le commanditaire du saccage des locaux de l’As et 24 heures chrono ? Honnêtement, ce n’est pas cette justice sénégalaise que le régime libéral a fini de domestiquer qui peut faire la lumière sur l’accident maritime le plus meurtrier de l’histoire de notre temps. Personnellement, j’ai séjourné en prison (au camp pénal) avec un ancien militaire qui était au poste de transmission au moment du soit disant «accident» dans lequel le capitaine est soit disant «mort». Je préfère taire son nom pour des raisons de sécurité. Ce jeune homme a été une des raisons de ma déportation à la prison de Tambacounda. Je dis et je pèse tous mes mots, que toute la lumière doit être faite dans ce soit disant «accident». Au moment des faits, Abdoulaye Wade était chef suprême des armées et ce bateau était sous le commandement de l’armée. Je demande seulement à la justice française, qui est loin d’être apprivoisée, d’aller au bout de cette nébuleuse, en entendant tout le monde dans ce que je considère comme étant «le crime du siècle».

Quand est-ce que vous allez rentrer au Sénégal? 


Sous peu, inchallah. J’ai bon espoir que la rentrée politique de cette année, après cet hivernage, soit un retour prometteur pour le peuple sénégalais. Parce qu’il est grand temps de sortir notre pays de cette misère et de se débarrasser de ces incapables, qui ont fini de montrer leurs limites, en ayant tant bien que mal réussi à remettre le Sénégal sur les rails de la préhistoire.

Avez-vous peur d'être arrêté dès votre retour, après ce que vous aviez fait lors de la réception de Wade aux Usa?

Je ne connaîtrais jamais la peur dans ce combat, parce que je considère qu’avoir peur en ces moments de détresse, particulièrement pour ma génération, c’est ne pas croire en Dieu. L’heure est grave. Il faut agir. Ceux qui pensent qu’ils ont le pouvoir et sont permis de tout faire, je leur dis de faire attention au pouvoir d’un peuple déçu, trahi, blessé et meurtri. Le Sénégal n’est pas une exception. Il faut savoir raison garder.

Vous êtes aphone depuis quelque temps qu'est ce qui se passe? Qu'est ce que vous préparez?


Je suis absent du pays pour des raisons familiales et professionnelles. Je continue mon combat hors du Sénégal avec tous mes compatriotes épris de justice, d’équité et de démocratie. Je profite aussi de cette occasion pour sensibiliser le maximum de partenaires au développement du Sénégal sur la situation catastrophique dans laquelle le régime d’Abdoulaye Wade a plongé notre pays. Dans cette optique, Une manifestation de protestation, à l’occasion de la 63ième Assemblée générale des Nations Unies, contre la politique de misère, de désespoir et de «monarchisation» de l’Etat qu’Abdoulaye Wade nous impose depuis 8 ans, était prévue à l’arrivée prochaine d’Abdoulaye Wade à New York. Malheureusement, un compatriote sénégalais, du nom de Yaya Ly, est décédé la semaine dernière et ce deuil frappe toute la communauté sénégalaise aux Etats-Unis, parce que le défunt fut président de l’association des Sénégalais et à ce titre, il a eu à marquer la vie de beaucoup de nos compatriotes. C’est la volonté divine. Ce n’est que partie remise.

On n'a pas senti les jeunes de l'opposition dans l'aide aux sinistrés. Pourquoi cela? 


Parce que les jeunes de l’opposition sont des sinistrés comme la plupart des Sénégalais le sont aujourd’hui. Ce sinistre n’est pas seulement qu’un sinistre d’été. Nous le vivons au quotidien, pendant toute l’année, comme la plupart des jeunes qui ont choisi de refuser de s’aplatir comme des vers de terre pour des intérêts alimentaires. La jeunesse sénégalaise est malheureusement abattue par le libéralisme liberticide, mais est déterminée à refuser l’inacceptable.

Le dialogue pouvoir opposition est toujours rompu, qu'est ce que cela vous inspire? 


Absolument rien du tout. En réalité, les solutions de sortie de crise pour le Sénégal se construisent à travers les Assises nationales et nous avons beaucoup d’espoir quand à l’issue de cette réflexion qui est un exemple de la particularité et de la maturité des hommes et femmes de notre pays. Je ne vois aucune raison de vouloir discuter avec un pouvoir qui n’existe pas en réalité. Demandez aux victimes des inondations de la banlieue, s’ils ont senti même un semblant de pouvoir.

La Sénélec a augmenté le prix de l'électricité, mais on n'a pas entendu l'opposition dans ce dossier?

L’opposition n’est pas la Croix-Rouge ou l’armée du salut. Le problème du Sénégal, ce n’est pas seulement la Sénélec. Il est complexe et multiforme. Les Sénégalais doivent se réveiller et arrêter de penser que les hommes et femmes politiques constituent ou doivent être élevés au rang de chair à canon. Le rôle de l’opposition est d’éveiller et de sensibiliser les populations, ainsi que de proposer des solutions à la marche du pays. Au besoin, organisez des manifestations dans le respect de la constitution pour attirer l’attention des autorités et de la communauté internationale sur certaines dérives. La question qu’il faut se poser est de savoir est-ce que le peuple sénégalais joue son rôle d’avant-gardiste patriotique, intègre, déterminé et soucieux du devenir de sa progéniture

Vous aviez entamé un combat contre l'article 27 mais apparemment vous avez encore perdu un combat?

Nous avons certes perdu la bataille de l’Assemblée nationale, mais je vous garantis que nous n’avons pas perdu la guerre contre la modification de l’article 27 et nous ne comptons pas la perdre. Cette volonté manifeste de «monarchisation» de la République, je vous donne ma parole, que nous ne l’accepterons pas. Ce qu’on cherche à faire dans ce pays, c’est nous imposer le plus grand détourneur de deniers publics de l’histoire politique de ce pays et en toute impunité. Les jeunesses socialistes en particulier, le peuple sénégalais en général, ne l’accepteront pas. Faites nous confiance, nous mettrons tout en œuvre et dans la rue, pour que Wade père comprenne une bonne fois pour toute que nous ne sommes pas des moutons de panurge.