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Politique

Bougouma Mbaye (Chargé des finances de Aj): « Il y a un problème d’argent entre Landing et Decroix »

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Bougouma Mbaye (Chargé des finances de Aj): « Il y a un problème d’argent entre Landing et Decroix »
Membre fondateur d’Aj/Pads et membre de la direction de ce parti depuis 1977, Bougouma Mbaye, chargé des finances d’And-Jëf revient, le cœur meurtri, sur la crise qui a cours dans son parti. De l’origine de la crise au problème d’argent qui oppose Landing à ‘Decroix’, l’argentier d’Aj/Pads ne laisse rien au passage. Entretien.

Wal fadjri : L’on parle de problèmes d’argent qui expliqueraient, en partie, le différend entre Landing et ‘Decroix’. Qu’en est-il exatement ?

Bougouma Mbaye : La vérité c’est qu’il y a un problème d’argent entre Landing Savané et Mamadou Diop ‘Decroix’. Pourquoi avoir peur ou honte de le dire ? Il faut qu’on assume. Voilà pourquoi je ne comprends plus les gens parce que si on était toujours fidèle à l’esprit And-Jëf, on n’aurait pas eu tous ces problèmes. En tant que secrétaire national chargé des affaires économiques et des finances, je n’ai jamais reçu l’argent dont on parle. Je n’en ai jamais vu la couleur. Et je l’ai dit au Sep (Secrétariat exécutif politique, Ndlr) quand l’affaire d’argent a éclaté. J’ai informé le Sep qu’il y a eu une réunion avec les représentants des partis qui soutiennent Wade. Au cours de cette rencontre, était posée la question de l’appui qu’il fallait accorder aux différents partis. Ainsi, il avait été décidé un taux qu’il fallait accorder selon que les partis étaient présents à l’Assemblée nationale, au gouvernement ou non.

Wal fadjri : Combien chaque parti avait-il reçu ?

Bougouma Mbaye : Il a été accordé, en 2002, à des partis comme Aj, 1 million au secrétaire général et 3 millions pour le parti. Mais depuis cette rencontre, je n’ai jamais vu la couleur de cet argent en tant que responsable des finances.

Wal fadjri : Il y a aussi eu des rumeurs sur un pactole de 30 millions de francs…

Bougouma Mbaye : C’est quand la crise a éclaté entre Landing et ‘Decroix’ que j’ai entendu parler de ces 30 millions. Et il y a eu des explications sur comment la somme de 3 millions est arrivée à 30 millions. Mais le problème, c’est : qui va chercher l’argent ? C’est le secrétaire général adjoint parce que c’est lui qui fait le montage. Maintenant est-ce qu’il le remet, après, à Landing ? Ce sont eux seuls qui le savent !

Wal fadjri : Qu’est-ce que Landing et ‘Decroix’ ont donné comme explication, en instance, à propos de cet argent ?

Bougouma Mbaye : Il y a un problème entre les deux parce que l’un est allé chercher l’argent et ne l’a pas remis à l’autre. A un moment donné, Landing a demandé à ‘Decroix’ pourquoi il ne lui a pas remis l’argent. Ce dernier lui a dit qu’il n’est pas allé le chercher. Et le secrétaire général (Landing) aurait appris que son second (‘Decroix’) retire toujours l’argent. En tout cas, une chose est sûre : Landing et le parti ne recevaient plus d’argent, à ma connaissance.

Wal fadjri : L’argent était-il versé mensuellement ?

Bougouma Mbaye : La décision qui était prise en avril 2002, c’était : chaque mois, 1 million pour le secrétaire général et, tous les trois mois, 3 millions pour le parti. Maintenant entre-temps j’ai entendu parler de 30 millions qui étaient, semble-t-il, devenus mensuels. Par contre, j’ai vu un écrit et une déclaration ouverte du secrétaire général adjoint où il dit qu’il a remis 100 millions à la veille des législatives.

Wal fadjri : A qui ?

Bougouma Mbaye : Au secrétaire général Landing Savané pour sa participation aux élections législatives.

Wal fadjri : D’où provient cet argent ?

Bougouma Mbaye : Eux seuls le savent !

Wal fadjri : D’après vos explications, Landing a une part de responsabilité dans ce qui s’est passé ?

Bougouma Mbaye : Tout à fait ! Et la responsabilité de Landing est engagée d’abord par le fait que, depuis des années, les gens ont attiré son attention. Mais, il a toujours cru que ‘Decroix’ était loyal. A un moment de la crise où les gens démontraient la faction de ‘Decroix’, il a dit que c’est lui qui fait dire à ‘Decroix’ ce qu’il dit. Cela, c’est une lourde responsabilité ! Maintenant, il se rend compte que c’est à son détriment. Et il doit l’assumer. Il doit évaluer son rapport avec ‘Decroix’ et faire son autocritique, la critique de son rapport avec les militants qui se sont battus pour le défendre et défendre le parti contre les menées fractionnistes de ‘Decroix’. Les camarades de Yonou Askan Wi qui ont défendu des positions et que lui (Landing) et les autres ont exclus, les anciens qui se battus pour qu’il n’en arrive pas là, il leur doit un mea culpa. Mais aussi à tous les Sénégalais qui ont cru en Aj. Cela est important pour lui et pour le parti.

Wal fadjri : Vous êtes un ancien d’Aj, membre de la direction depuis 1997. Qu'est-ce qui, à votre avis, peut expliquer ce qui arrive à votre parti ?

Bougouma Mbaye : Aj/Pads a acquis une notoriété, un respect parce qu'il avait adopté une ligne politique juste, un fondement idéologique respecté. La discipline qu'il y avait également, au niveau de ses militants, faisait que les gens nous respectaient bien qu'ayant un parti qui n'avait pas participé aux élections. Il y avait des débats idéologiques dans le parti. Des gens étaient attachés à une idéologie de Gauche qui leur permettait d'avoir une vision qui prenait en charge les préoccupations et les aspirations des populations, tant au niveau de la classe ouvrière qu'au niveau des intellectuels. Mais, à partir de 1981, quand il fallait désigner des militants pour prendre en charge le parti politique légal, un choix s'était opéré. Et ce choix était, déjà, un premier problème parce que il y avait un débat sur qui mettre devant : des gens connus, des gens non connus ou seulement ceux qui étaient connus c'est-à-dire qu'ont avait arrêtés ? Une décision a été prise de mettre en avant les camarades qui étaient arrêtés parce que déjà connus de l'extérieur. Mais, cela n'était pas gratuit parce qu'il y avait une position qui soutenait que ces gens-là étaient mis en avant parce que certains étaient des dirigeants du parti, comme Landing Savané, Amadou Top et d'autres qui n'étaient pas dirigeants mais étaient connus à l'extérieur pour avoir fait la prison. Il fallait donc les mettre en avant pour assumer cette politique en tant que militants révolutionnaires. Egalement, c'était un test parce que la pratique allait montrer qui est qui dans l'action. Et cela pourra régler la question qui avait été soulevée : qui doit être mis en avant ?

Aussi, il y a des camarades qui étaient contre le fait de légaliser le parti. Parce que, un parti légal devait se prononcer sur les questions qui seront posées, nouer des alliances contre le Ps, etc. Il y a eu des départs mais, chaque fois, le débat était intense à l'intérieur du parti. Mais si on va, jusqu'à un moment où on interdit les débats et où l’on créé les conditions de non-existence des débats, c'est qu'il y a problème à Aj.

Wal fadjri : Vous en êtes arrivés là ?

Bougouma Mbaye : Oui ! Par exemple, concernant la lutte pour l'alternance, il n'y a pas eu de grand problème. Les gens se sont entendus qu'il fallait fédérer toutes les forces vives à partir d'un premier noyau qui était le pôle de Gauche avec la Ld/Mpt et le Pit pour voir comment arriver à faire partir le régime du Ps. Etre tout le long du combat pour faire partir Abdou Diouf, des alliances ont été nouées avec le Pds : 1988, 1993 et 1998. Mais, à chaque fois, nous reprenions notre autonomie pour continuer à travailler dans Aj/Pds pour la prise du pouvoir. Après 2000, il y eut notre participation pour la première fois au gouvernement. Ce qui était une décision souveraine du parti. Et les camarades qui étaient dans le gouvernement, y étaient avec la mission de défendre l'option fondamentale de And-Jëf. Mais ce qui s'est passé, c'est qu'à un moment déterminé, des divergences sont apparues. Fallait-il continuer le partenariat avec le Pds ou y mettre un terme parce que des problèmes commençaient à se poser : départ de Moustapha Niasse du gouvernement, du Pit puis de la Ld/Mpt ? Aj devait-il continuer ? Le constat était que, en tout cas, le parti ne prenait plus position sur des questions fondamentales. Il s'alignait plus derrière le Pds et abandonnait de plus en plus ses positions de Gauche. Aj s'aplatissait de fait. C'étaient, là, des contradictions qui ont commencé depuis 2003-2004. Et c'était une lutte à l'intérieur du parti. Le problème était posé mais le débat n'existait pas. Les conditions n'étaient pas créées pour qu'il y ait un débat alors que les gens se battaient pour que le débat se tienne.

Wal fadjri : Qui s’oppose à la tenue du débat ?

Bougouma Mbaye : La direction du parti. Et c'est dans ces conditions qu'on est allé au congrès de 2005. Il y a eu une ébauche de bilan des cinq années d'alternance dans les résolutions du Congrès. Donc c'était, en quelque sorte, un consensus. Mais, fondamentalement le problème demeurait. Après le Congrès, cette question devait être poursuivie parce que ce Congrès a même été qualifié de ‘Congrès sans débat’. En réalité, on n’a pas pu aborder toutes les questions. Nous n'avons même pas pu adopter le nouveau statut. Les statuts qui sont au cœur du débat ne sont pas adoptés au congrès. Ce sont les statuts de 1998 qui sont toujours là.

A la sortie du congrès, jusqu’à l’élection présidentielle, la question de savoir si le partenariat avec le Pds devait ou non continuer n’a pas été discutée. Alors que nous faisions face à un bilan mitigé. Pourtant, juste après l’élection présidentielle, certains, comme ‘Decroix’, ont élevé la voix pour dire qu’ils étaient contre notre participation à cette élection. Ce qui est faux ! Au Conseil national de novembre 2006 où il avait été arrêté la décision d’aller à l’élection présidentielle avec notre candidat, Landing Savané, et d’aller sur notre liste autonome aux élections législatives, c’est un seul responsable qui était opposé à cette décision : Mamadou Massina qui est actuellement adjoint au maire de Golléré et qui a démissionné, depuis, du parti. Il disait qu’il ne pouvait pas comprendre qu’on soit dans le partenariat et, en même temps, décider de se présenter contre Abdoulaye Wade. C’est le seul ! Personne d’autre n’a eu le courage d’assumer une position contraire.

Wal fadjri : Pourtant, il est dit que c’était aussi la position de ‘Decroix’?

Bougouma Mbaye : Il a eu lui-même à le dire. Quand il l’a dit, pour la première fois au Bureau politique pour justifier son article paru dans le ‘Soleil’, au lendemain de la présidentielle, où il condamné la candidature de Landing Savané, je lui ai dit que ce n’était pas vrai. Je lui ai rappelé qu’il n’y a qu’un seul responsable qui a assumé sa position, en l’occurrence Mamadou Massina. En réplique, il (‘Decroix’) dit qu’il en avait parlé à Landing. Je lui ai dit que ce qu’il a échangé avec Landing ne nous intéresse pas. Des décisions ont été prises en instance. Or, aucun camarade n’a eu le courage de s’opposer à cette candidature en instance. Maintenant, c’est facile, a posteriori, de dire que : ‘je n’étais pas d’accord’. Cela n’est pas une attitude révolutionnaire et n’est pas digne d’un responsable de And-Jëf.

Premièrement, il n’y a pas eu de débat sur le partenariat. Deuxièmement, il n’y a pas eu de débat pour évaluer l’élection présidentielle. Et quand on est sorti de l’élection présidentielle, ‘Decroix’ et ses amis avaient déclaré publiquement qu’ils étaient contre le fait qu’on puisse continuer à vouloir aller aux élections législatives sur notre propre liste (…). Ensuite, il (“Decroix”) a mis en œuvre une autre stratégie qui est de s’accaparer du directoire de campagne.

Wal fadjri : Comment ?

Bougouma Mbaye : Il a pu le faire en violant les statuts. Parce qu’il avait, entre-temps, créé une faction.

Wal fadjri : Quand et comment a-t-il créé une faction dans Aj ?

Bougouma Mbaye : Dès le mois de mars 2007, il a créé une faction qui se réunissait clandestinement pour prendre des positions communes et venir les défendre au niveau des instances. C’est ainsi qu’il s’est accaparé du secrétariat permanent qui n’est pas une instance statutaire. C’est cette faction qui a manigancé le fameux recul de Landing Savané. C’est eux qui l’on poussé à faire une déclaration de recul, à l’insu des instances du parti. C’est après, que nous avons découvert toutes ces manigances.

Wal fadjri : A propos de la declaration de recul, il parait que c’est Landing lui-même qui l’a faite…

Bougouma Mbaye : Non, c’est ‘Decroix’ et ses camarades qui lui ont proposé le texte et il l’a signé. C’est pour vous dire que ‘Decroix’ a créé une faction dans le parti qu’il a organisée depuis mars 2007. Je l’ai dénoncé publiquement. Mais, les gens n’avaient pas voulu comprendre. Le même groupe s’est accaparé du Sep qu’il a transformé en instance de direction. Or, c’est le Bp qui dirige le parti entre les deux sessions du Secrétariat exécutif politique. Ils se voyaient tous les mercredis, prenaient des décisions et informaient, après coup, le Bp. ‘Decroix’ a décidé de dégommer le bureau du directoire de l’élection présidentielle et s’est nommé avec ses camarades membre de ce directoire. Il est allé convoquer la presse au Café de Rome pour présenter le directoire qu’il a créé et dont il s’est arrogé la présidence. Et c’est seulement, deux jours après qu’il est venu informer le Bp de cette décision. Or, on ne peut pas mettre le Bp devant le fait accompli. C’est l’instance de decision. Le Sep exécute les tâches définies par le Bp, prépare les réunions du Bp mais n’a pas à prendre de décisions. Le Sep peut prendre des initiatives mais doit les présenter au Bp pour validation. Donc ils (‘Decroix’ et ses camarades) ont érigé le Bp en direction. Et c’est le même Sep qui a pris la décision d’exclure Cadeza Sabaly, la camarade de Mbour, plus tard en faisant une lettre signée par Landing dans laquelle il est dit que c’est le secrétaire général qui l’a exclue. Du jamais vu dans le parti ! Ainsi, Aj est géré comme une entreprise. C’est également le Sep qui a fait le réquisitoire contre les 10 qui avaient fait la lettre : ‘Halte à la capitulation’ pour demander l’exclusion de ces derniers. Voilà comment ils ont violé les statuts en utilisant des instances qui ne sont pas statuaires et qui prennent des décisions qui ne sont pas valables. Ce sont eux qui ont piétiné les statuts qu’ils brandissent, aujourd’hui. Malgré tout, le congrès qu’ils convoquent est illégal.(…)



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