CHEIKH SARR, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE ÑAXX JARIÑU, MAIRE DE GUÉDIAWAYE : « Les conséquences d’une défaite de Bennoo à la présidentielle peuvent être fâcheuses pour le pays»

La principale coalition de l'opposition a une responsabilité historique quant à la prochaine échéance présidentielle. C'est la conviction de Cheikh Sarr, Secrétaire général de Ñaxx-jariñu et maire de Guédiawaye. Selon lui, Bennoo Siggil Senegaal a tout intérêt à gagner, dans la mesure où il estime que «les conséquences d’une défaite de Bennoo à la présidentielle peuvent être fâcheuses pour le pays». Sans langue de bois, le président de la Commission plan d'action de Bennoo dit ses vérités.

Benno est dans la dernière ligne droite dans le processus de désignation de son candidat. Quel commentaire faites-vous des critères qui ont été retenus ? 

Vous savez, il y a des critères qui sont objectifs et des critères qui vont être subjectifs. Il y a le critère de la représentativité qui peut être objectif, car on peut mesurer la présence des partis sur le plan international. Mais le critère qui consiste à parler de charisme etc. peut être assez subjectif. En tout cas, ce qui est important, en mon sens, c’est de pouvoir comprendre que la question, ce n’est plus qu’au sein de Bennoo que l’on s’oppose, mais c’est qu’on puisse trouver la meilleure variante qui peut nous permettre de gagner Abdoulaye Wade. Car, si nous gagnons contre Wade, ce sont des boulevards qui seront ouverts pour nous permettre de faire avancer ce pays. Par contre, si nous perdons, il est clair que la démocratie sénégalaise va véritablement reculer, parce que nous connaissons ce que nous avons en face. Les conséquences d’une défaite de Bennoo Siggil Senegaal à la présidentielle peuvent être fâcheuses pour le pays. Ceci doit être un critère supplémentaire pour faire comprendre à tous les hommes politiques de Bennoo, qu’aujourd’hui, tous les sacrifices méritent d’être faits pour que l’unité soit faite au sein de Bennoo. 

Par rapport à la désignation de ce candidat, tout porte à croire que cela devrait se jouer entre Moustapha Niasse de l'Afp et Ousmane Tanor Dieng du Ps. Est-ce que cela vous agrée ? 

Vous savez, il faut avoir l’objectivité de dire que ce sont les deux plus grands partis qu’il y a dans Bennoo. Mais, l’axe de ma réflexion n’est pas de parler de ticket, mais de parler d’équipe. S’il faut choisir Moustapha Niasse ou Tanor comme candidat, il faut choisir d’autres pour animer le gouvernement, et il faut choisir d’autres pour être sur la liste unique de Bennoo, et par conséquent ceux qui iront à l’Assemblée nationale. Il faut, sur la base de toutes les organisations qui sont présentes au niveau de Bennoo, faire une équipe. Après, le capitaine de l’équipe sera le porte- parole. Donc, mon axe de réflexion, c’est plus sur l’équipe que sur les personnalités, même si comme je l’ai dit tantôt, dans Bennoo, il y a les deux plus grands partis : l’Afp et le Parti socialiste. Ma conviction, c’est qu’il faut aller le plus loin possible. Que chaque entité de Bennoo se reconnaisse dans le consensus. Il ne s’agit pas ici de dire que l’Afp et le Ps sont les plus grands partis, qu’il faut leur faire la part du lion. Mais, il faut que toutes les organisations qui se sont battues dans Bennoo, qui se sont mobilisées, qui ont créé Bennoo et qui ont permis à Bennoo de faire des résultats en 2009 se retrouvent dans le consensus, qu’il s’agira de trouver. On n’acceptera pas qu’on prenne en priorité un ou deux partis au détriment du grand groupe de partis. Chacun doit jouer un rôle en fonction peut-être de son apport. Chacun, en fonction de ses responsabilités, de son degré d’engagement, de ses possibilités, doit se retrouver dans le consensus en termes de responsabilités, lorsque nous accéderons au pouvoir. 

Quid de la volte-face de Bennoo par rapport à la transition ? 

Il ne s'agit pas de volte-face. Nous sommes en politique. Et la politique est une dynamique. Lorsque, dans la cadre du séminaire du 28 mai, nous avions pris la décision de faire une transition de trois ans, nous avions en réalité soumis cette décision au peuple sénégalais. Et les réactions ont été unanimes : c'est incompréhensible d'élire quelqu'un pour trois ans. Ensuite, le pays aura besoin de stabilité après le départ de Wade. Nous faisons de la politique pour le peuple sénégalais. Le peuple sénégalais a refusé une décision que nous avions prise, il faut évoluer. Évoluer ne signifie pas volte-face, mais prendre en compte les aspirations du peuple sénégalais. 

Quelle appréciation faites-vous de l''émergence de Bennoo Alternative 2012 ? 

Mon opinion, c'est que les camarades se sont trompés. Les gens qu'ils ont avancés ne justifient pas qu'ils aient créé cette initiative comme ils l'appellent. Je crois que le combat, c'est de l'intérieur qu'il fallait le mener. Ils considèrent que Bennoo travaille lentement. Il fallait se battre à l'intérieur pour que la coalition travaille plus vite. Ils considèrent que Bennoo doit s'ouvrir à la société civile, nous tous, nous sommes d'accord. Parce que nous avons fait les Assises nationales avec la société civile et des personnalités indépendantes. Moi, j'apprécie cette démarche d'une manière très négative. Parce que je considère que cette démarche pouvait être la base d'une rupture au sein de Bennoo. Heureusement, avec le dernier séminaire, on les a associés au groupe qui se chargera de rapprocher les positions.Je crois que c'est une main qu'on leur tend pour qu'ils reviennent à la raison, pour qu'ensemble, politiques, société civile, personnalités indépendantes, on puisse mettre en place une forte coalition au sein de Bennoo Siggil Senegaal et faire face au régime libéral. 

Le débat autour de la candidature de Me Wade à la présidentielle continue de faire rage... 

Si Wade continue à faire du forcing, il va exposer le pays à beaucoup de dangers. Wade a beaucoup fait pour ce pays-là. Mais, je crois qu'il a fini de montrer aux Sénégalais ce qu'il pouvait leur donner. Aujourd'hui, il faut qu'il accepte que ce sont d'autres Sénégalais qui doivent prendre la relève et continuer l'oeuvre qu'il a commencée. Car, avant lui, il y a eu Senghor et Diouf. Il n'a pas droit à un troisième mandat. Senghor a transmis à Diouf un Sénégal de paix. Diouf a transmis à Wade un Sénégal de paix. On souhaite que Wade transmette à l'autre Sénégalais, qui sera choisi par le peuple, un Sénégal de paix où les jeunes générations se sentiront en paix.

Parlons maintenant de la ville de Guédiawaye dont vous êtes le maire. Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confronté, depuis votre prise de fonction ?

Il y a la demande sociale qui est illimitée. Nous sommes sollicités par tout le monde et en tout temps. Et nous n'avons pas toujours les possibilités de répondre. Nous sommes dans la banlieue où c'est assez difficile pour les populations. L'esprit qu'il y a par rapport à la mairie, c'est que la mairie doit régler les problèmes sociaux tous les jours. Parfois, nous arrivons à faire quelque chose. Parfois, nous n'en avons pas les possibilités. En tout cas, c'est un aspect que nous sommes en train de prendre en charge. Mais, il faut dire que nous ne pouvons pas l'épuiser. En dehors de la demande sociale, on a un problème environnemental important au niveau du littoral. Des charretiers sont en train de transformer la bande des filaos en dépotoir d'ordures. Nous sommes en train de prendre ça en charge. 

Quels sont vos grands chantiers ?

 Nous voulons terminer le projet du corps des volontaires cette année. Et il faut que Guédiawaye ait des cimetières cette année. C'est vraiment un grand objectif. Les populations, les imams et l'Église sont avec nous. Lorsque quelqu'un décède, il faut aller à Pikine ou à Dakar pour l'inhumer. Nous pensons qu'un département comme Guédiawaye où la population tourne autour de 600 000 personnes doit avoir des cimetières. Il y a également la formation des jeunes. Nous ne pouvons pas recruter tous les jeunes. Mais, nous avons mis en place une unité économique qui encadre tous les petits projets.