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Politique

CHRONIQUE DE L’IMPROVISTE : Les épines de la couronne du « Roi »

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CHRONIQUE DE L’IMPROVISTE : Les épines de la couronne du « Roi »

Sans vouloir noircir ce qui était, jusqu’au 22 mars 2009, la « glorieuse » image de Maître -qu’il entretient d’ailleurs soigneusement, comme s’il ne se déplaçait jamais sans son portrait en couleur- on peut se demander, quel défaut de caractère ou de spiritualité pousse un homme politique prétendument très avisé à courir de désaveux en défaite. Dans la série des désaveux pour un pouvoir en place, les dernières élections locales ne détonneront pas.

La grande désillusion, la déprime, la morosité des Sénégalais n’ont pas atteint Maître. Le président continue, dans la défaveur populaire, exprimée le 22 mars, d’afficher toujours un moral de vainqueur. Le discours qu’il a adressé à la Nation en est le dernier exemple. Avant le prochain ? Peut-être qu’il n’est pas dans le tempérament de Abdoulaye Wade de se laisser abattre. Maître a toujours pris les revers de fortune pour des dopants. Un observateur cynique ou juste lucide, dirait qu’il habille ses revers à l’anglaise, qu’il déguise ses impuissances sous les apparences de convenance. « Je félicite l’opposition », a dit-il, après l’avoir « maintenue » dans une sous-estimation chronique. Il n’a jamais rien voulu voir ni entendre des qualités et forces du camp d’en face. Comment la lucidité peut-elle faire à ce point défaut à ce si grand esprit ? Depuis sa victoire à la présidentielle de 2007, l’arrogance a dégouliné comme de la confiture d’une tartine. Personne donc n’arrivait à la hauteur de sa cheville.

Pour Maître, il n’y avait pas d’alternative à Abdoulaye Wade. Il se croyait unique, il se retrouve seul. Il est victime de sa certitude d’être un politique à part, atypique, incomparable, cherchant toujours un conflit pour montrer qu’il n’est pas comme les autres. « Les opposants ? Des poltrons », a-t-il déclaré. C’est aussi la raison pour laquelle, son « nawlé », il est allé le chercher dans sa chair, la reproduction de son autre soi-même. Cette illusion, morte le 22 mars 2009, lui inflige la « pire » réalité : la démocratie est embêtante qui exige d’autres justifications autre qu’une désinvolture qui a tellement peur de s’ennuyer qu’elle fait de la charge suprême, un dérivatif. Mais a-t-il vraiment renoncé ?

Est-il besoin d’égrener encore une fois les étapes de la dérive, l’accaparement glouton de tous les insignes de la puissance, l’affichage du luxe, l’énervement chronique, l’abaissement des institutions, l’interventionnisme débridé des conseillers, parmi lesquels, son fils au premier rang, qui au finish n’a été qu’un produit « vu à la télé, entendu à la radio ». Lui-même, entouré de florentins en apprentissage. Peu expérimentés sur le plan politique, ne sachant pas manier une calculette, ils ignoraient que les soustractions finissent toujours par s’additionner. Il faut y ajouter la méconnaissance du pays du fils de notre Saigneur Président, illuminé sans doute par les foules et la magie « ndiaga ndiaye » qui étaient sur ses passages par simple curiosité, ou pour un tee shirt et un sandwich.

Maître a fabriqué seul, cette grenade à fragmentation qui lui a éclaté en pleine figure et l’a fait tomber de l’armoire, en même temps, qu’il a vu son fils sorti des urnes « façon puzzle ». Après les fastes et les honneurs de l’OCI, il a explosé en plein vol, au bout d’une semaine de rase campagne. Aujourd’hui, il ne reste sûrement pas grand-chose, sauf une silhouette hébétée sous la bave de « goujats ». Wade et Wade devront désormais s’astreindre à une modestie qui ne leur est pas familière.

Alors que commence la dernière moitié du septennat, voilà Maître pris au piège d’une présidentialisation qu’il voulait omnipotente. Féliciter l’opposition pour ses performances, acheter le charbon moins cher, construire des logements pour les militaires et les émigrés, laisser le choix aux femmes entre le poste de Premier ministre ou de Vice- Président(e) suffiront-ils à mieux voir la situation du pays. La terre est d’autant plus basse et rude aux petites gens, quand leurs plaintes montent vers un ciel désespérément vide. Le chef de l’Etat, n’a pourtant pas besoin d’autres signaux que ceux du 22 mars, pour les entendre. Le 3 avril, lors de son message à la Nation, les Sénégalais demandaient du sens. Il ne leur a offert que lui-même : équilibriste, roi des arrière-pensées. Au nom d’une mystification de la parité, il veut une femme à la Primature ou à la Vice-Présidence. Ce serait une nouvelle « révolutionnaire » si elle mettait en lumière une nouveauté par rapport aux appréciations habituelles sur les comportements présidentiels. Ce n’est ni une nouveauté, ni une première. Mame Madior Boye est passée par là, et nous avons été témoins de l’inélégance du propos : « Elle au moins, elle ne lorgne pas mon fauteuil ».

Il faut inclure dans le même chapitre des castings successifs de Maître, le cas Idrissa Seck. Après ce qui fut un combat de titans, un affrontement de sumos, et tout ce qui a contribué à transformer un scénario de rêve en un triste navet, on reparle du retour du fils un temps maudit, qui pose des conditions, lui qui est, selon les partisans de son retour en zone, le « poids lourd », dans le camp Sopi, des élections locales. N’ y a-t-il pas là comme un hommage involontaire à la « vertu » de l’ex-Premier ministre ! Par ailleurs, Maître ne risque t-il pas de confirmer cette théorie de physique élémentaire : « plus on prend de poids lourds, plus on coule rapidement » ! Espérons qu’au prochain duel, le spectacle ne soit ni sanglant, ni saignant, ni sanguinolent. Pour ce qui est du prochain gouvernement qu’on dit imminent, les plus ensommeillés se réveillent. Chacun entend se placer soi-même ou aux côtés de celui qui serait le mieux placé. Pour l’heure, comme dans les familles dans lesquelles le grand-père vient de partir, on évite les mots qui fâchent et on est dans l’expectative, en attendant que le notaire lise les dernières volontés de l’aïeul, consignées dans son testament.

Maître a perdu l’habileté et n’a gardé que l’artifice. Par un narcissisme qui prétend s’habiller de conscience « professionnelle », il tente de donner le change. Plus personne n’est dupe. Comme un prestidigitateur sur le retour, il s’est fait prendre la main dans le sac.

Et à ce jour, il n’a toujours pas compris que le « peuple du Sénégal, cherche hommes politiques intègres, non cumulards, ayant le sens aigu de l’idéal et de l’intérêt national, ne poursuivant pas des intérêts personnels, et ayant une profonde répulsion de la monarchie ».



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