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Politique

COMMENTAIRE DU JOUR : Exit le 19 mars, Vive le 25 février

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COMMENTAIRE DU JOUR : Exit le 19 mars, Vive le 25 février

La date anniversaire d’hier, lundi 19 mars 2007 de ce jour mémorable du 19 mars 2000 n’éveilla point d’enthousiasme au sein de la classe politique encore moins au sein de l’opinion. Les radios ne l’ont, ou peu évoquée. Les journaux ont vu l’actualité prendre d’autres sentes et ils ne soucièrent point d’une ligne de mémoire. Et l’anniversaire de se passer dans la grisaille des jours sans pains. Le 25 février 2007 l’a certainement évincé dans le cœur de ceux-là, qui le fêtaient annuellement, souvent dans l’emphase d’une marche solennelle suscitant une nouvelle majorité. 

Moment historique, le 19 mars 2000 qui a consacré la première alternance au sommet du pouvoir constitua assurément un tournant de l’expérience du pluralisme politique amorcée par le président Léopold Sédar Senghor. La loi des quatre courants que Abdou Diouf le successeur « constitutionnel » puis légitimé par les urnes en 1983 a élargi, en ouvrant en 1981 les vannes d’un multipartisme non encadré mettant ou amorçant le déclin d’une position hégémonique que le Parti socialiste qui a succédé au Bloc démocratique des masses (Bds) et à l’Union progressiste sénégalaise (Ups) a toujours eu depuis l’accession du pays à l’indépendance et qui s’est construite soit par absorption du seul parti d’opposition légale en juin 1966, soit par révision de la Constitution pour instaurer par la loi 76-26 du 16 avril 1976 un multipartisme contrôlé et limité.

Le Ps qui durant la majeure partie du temps de l’ère senghorienne a fonctionné comme un parti unique de fait voyait ainsi l’espace politique « légal » lui être âprement disputé. Elles sont aujourd’hui quasiment une centaine de formations politiques à offrir leurs services, leurs visions du monde au peuple.

La crise économique des années 1970 sans précédent renforcée par les effets pervers des plans d’ajustement structurel (chômage des diplômés, paupérisation croissante des populations urbaines et rurales avec la montée de mécontentements sociaux et du séparatisme casamançais, etc.), faisaient le reste. Le candidat de la Coalition alternance 2000 (Ca 2000) puis du Front pour l’alternance (Fal) au deuxième tour pouvait accéder ce 19 mars à la première marche du podium après un marathon de 26 ans… Et Sud Quotidien de titrer : « Wade président ! » Certes, Abdou Diouf malgré un contexte défavorable, s’était révélé un habile « manœuvrier ». Il remporte la présidentielle de février 1983 avec 83,5% des voix. Sa formation politique rafle la mise des législatives avec 79,9% et 111 des 120 sièges. Si la présidentielle et les législatives de février 1988 lui donnent encore la victoire, avec des scores (respectivement de 73% et 71,3%), plusieurs observateurs s’accordent à penser que le pays « réel » lui avait tourné le dos. ET selon l’opposition, lui et son parti n’ont gagné que grâce à de graves irrégularités qui ont exacerbée la tension née de ces élections. Me Abdoulaye Wade du Parti démocratique sénégalais (Pds), chef de file de l’opposition d’alors sort grandi de ces consultations électorales. Le climat post-électoral entraîne des émeutes et des violences urbaines structurées autour du cri de ralliement « sopi » (changement). Pour décrisper la situation tendue, une table ronde est organisée entre le pouvoir et l’opposition. Lors des élections présidentielle et législatives de février 1993, le scénario se renouvelle pratiquement à l’identique : dénonciation de fraudes électorales massives, violences, arrestation de certains chefs de l’opposition qui, libérés finissent par entrer au gouvernement. Diouf voit sa majorité s’effriter en peu plus. Il n’engrange que 58,4% des suffrages contre 32,03% à A. Wade. Aux élections législatives de mai 1993, le Ps enlève 84 des 120 sièges contre 27 au Pds, dont le leader entre à nouveau dans un gouvernement d’ouverture en mars 1995.

En novembre 1996, se tiennent les « non-élections » régionales, municipales et rurales avec une inorganisation qui fleurait un « banditisme électoral ». Le Ps, empoche 300 communautés rurales sur 320, 56 mairies sur 60, l’ensemble des dix régions, 38 mairies d’arrondissement sur 43 de la communauté urbaine de Dakar qui est de ce fait dirigée par un maire Ps. De même, les élections législatives du 24 mai 1998 à l’occasion desquelles le nombre de députés a été porté de 120 à 140 ont été remportées par les « socialistes » au pouvoir qui enlèvent 93 sièges. Le Pds se contente de 23 députés, l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) 11, And Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (Aj/Pads) 4. Onze partis en tout sont représentés dans la nouvelle Assemblée au terme d’un processus une fois de plus contesté par l’opposition qui a réclamé son annulation sans succès. Ce qui fait qu’elle boycotte en majorité l’élection sénatoriale de février 1999. Une position qui finit par payer. Et même si le pouvoir ne concède qu’à un Observatoire national des élections (Onel), des modifications importantes de la loi électorale sont faites.

La présidentielle 2000 pouvait se dérouler dans le calme après que le Front pour la régularité et la transparence des élections (Frte) ait fini d’auditer le fichier de Habib Fall l’informaticien en chef de la Daf. Au premier tour tenu le 27 février 2000, le Président Abdou Diouf ne recueille que 41,3% des voix se trouvant ainsi, pour la première fois, contraint à un second tour contre son rival Abdoulaye Wade (Pds) arrivé deuxième avec 30,1% des voix. Les deux hommes sont suivis par Moustapha Niasse de l’Alliance des forces de progrès (Afp) (16,8%), Djibo Leyti Kâ de l’Urd (7,1%)… Au second tour tenu le 19 mars 2000, Moustapha Niasse avec son Code 2000 et ses 16,8% du premier tour fait basculer la victoire dans le camp de la Ca 2000., Abdoulaye Wade est élu président de la République avec 58,5% des voix contre 41,5% pour Abdou Diouf. C’est la première fois depuis l’indépendance du pays que l’on assiste à une alternance démocratique grâce à une coalition dénommée Front pour l’Alternance (FAL).

Les deux premières années qui suivirent la liesse du 19 mars 2000, victoire d’un peuple tout entier dans sa quête toujours renouvelée de plus de démocratie, plus de justice, d’équité, de modernité et de développement, furent fêtées à date régulière, même si, la dernière célébration suscita controverse au sein des alliés. Aujourd’hui, le 25 février 2007 semble avoir jeté aux oubliettes le 19 mars 2000. Et le « coup de foudre de 2000 de se transformer en mariage de raison en 2007 ? » Voire !



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