COMMENTAIRE DU JOUR - Le Temps « Wadien »

Le temps « wadien » est-il en dehors du temps ? L’univers n’est point figé. Les éléments qui l’agencent bougent, se transforment et évoluent perpétuellement. Le temps permet d’en mesurer les Variations à travers une représentation commune ou communément acceptée. Le temps « wadien » semble lui, ne se plier qu’aux préoccupations du moment du Maître et se joue du temps.

Aux lendemains d’une présidentielle « contestée » par une frange importante de l’opposition en février 2007, alors que l’opinion s’attendait à un discours de dépassement et de rassemblement « autour de l’essentiel » de la part de celui que les urnes venaient officiellement, et pour la seconde fois de son existence de porter à la magistrature suprême, elle eut droit à des attaques en règle contre des adversaires politiques. D’honnêtes gens au sens juridique du terme, d’autant plus qu’ils étaient tous candidats à la même présidentielle, certes candidats malheureux, mais postulants tout de même, donc jouissant de tous leurs droits civiques et politiques.

C’est ainsi, que sur un ton cassant, et littéralement à cran, celui qui venait d’être réélu lista les délits de ses adversaires politiques. Moustapha Niasse, le leader de l’Alliance des forces du progrès (Afp), Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste (Ps) et Idrissa Seck de Rewmi, tous candidats malheureux en prirent pour leur grade et furent nommément accusés de concussion, sinon de détournement de deniers publics, tandis que le « fils » de sang était lui, adoubé. On lui tressait lauriers et l’absolvait de tout crime ou délit commis ou en voie d’être commis sans autres formes de procès.

À la veille du 4 avril, jour de communion pour un peuple retrouvé, l’adresse solennelle à la Nation excluait certains compatriotes coupables du délit « d’opposant de mauvaise foi » du partage, du droit à l’allégresse, ce jour de fête. Pour peu ils étaient plutôt jetés à la vindicte populaire.

La situation « préoccupante » née du renchérissement des produits de grande consommation et des conséquences sociales prévisibles,- ou déjà dramatiques dans certains pays, heureusement pas encore au Sénégal,-mérite assurément la Goana (la grande offensive pour la nourriture et l’abondance) présidentielle. Mais que venaient faire la Fao et son dirigeant, Jacques Diouf ainsi que certaines ONG « suceuses » de dons destinés au démunis de la planète au Méridien Président ce jour d’annonce à l’endroit d’un monde paysan et des masses laborieuses des cités urbaines en attente de solution pour y recevoir une volée de bois morts ? Simplement parce que le temps « wadien » les y convoqua.

Distraction ? Fausses pistes ? L’on s’interroge.

« Dans un même temps, dans un temps unique, dans un temps enfin, toutes choses deviennent » écrivait Alain, le philosophe. Est-ce parce que le président sait mieux que quiconque que le temps lui est compté, qu’il cherche ainsi à le plier à sa volonté, « à sa seule vérité » ? L’homme constate en effet trivialement que des « objets » de toutes sortes sont corrompus par des « événements » et que ce processus prend place dans un temps partagé par tous ceux qui ont conscience de son cours, en essuient les avatars et/ou jouissent des avantages. L’avant, l’après et l’en-même temps.

Notons que la projection à l’envers ne concorde à rien dans l’expérience du temps, qui est, lui, irréversible. Par ailleurs et sur un autre registre, pourquoi s’attendait-on, samedi 26 avril à l’officialisation de la nouvelle du retour de Idrissa Seck, le « fils » d’emprunt à la maison du père au sortir d’un surprenant Bureau politique libéral, transformé en convention nationale improvisée disent nos confrères de Nettali.net, le journal en ligne ? Qu’est-ce qui fit que l’on pensa que « Ngoné si », (l’ado), Modou Diagne Fada revenu au domicile paternel, retrouvera ses pénates tranquillement ? On s’étonne de ne voir l’héritier de « sang » intronisé par la conférence convoquée, à l’oreille et l’applaudimètre toutefois acquis au Maître. La sortie de Pape Samba Mboup, le fidèle d’entre les fidèles, la veille dans les médias semblait pourtant baliser la voie vers la couronne. Il n’en fut rien.

De vagues indiscrétions renseignent d’une seule tentative sans écho d’un anonyme et obscur militant à mander le fils dans le débat. La cour et les courtisans avaient d’autres préoccupations que successorales certainement. Ou est-ce que la sortie de Moustapha Diakhaté et « frères » de « Taxawu Pds », ce courant libéral qui désire naître pour devenir le Messie qui sauve des eaux la pirogue Pds si Dieu lui prête longue vie a fait plus mouche que l’on ne veut l’admettre ? Ils ont créé un courant pour empêcher, disent-ils, le naufrage qui s’annonce. La politique et la navigation obéissent aux mêmes règles. Il faut d’abord se délester de poids morts puis changer de cap. Le « rebelle » Moustapha Diakhaté s’adjuge le droit et ne s’en prive point de dire haut ce que les autres au Pds et parmi les alliés pensent tous bas.

Cela est connu. Il s’y ajoute que malgré le fait que l’on maîtrise,-on a plutôt sur un disque dur,- les « 450 » collectivités locales du pays, dixit l’un d’eux parmi la génération du cash… euh pardon du concret, le temps « wadien » éprouve assurément quelques difficultés à forger un vécu crédible capable de rallier la majorité au fils par la magie du verbe et le tintement des espèces sonnantes et trébuchantes. Rien n’y fait pas même le meeting de Guédiawaye ou le rassemblement de Ziguinchor !

Au fait la fonction présidentielle requiert quel diplôme ? Quelle université forme des chefs d’Etat ?