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Politique

COMMENTAIRE: La politique du bouc émissaire

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COMMENTAIRE: La politique du bouc émissaire

Par Mamadou Oumar NDIAYE (Le Témoin)

Ce sont les généraux qui gagnent les batailles et les soldats qui les perdent. Autrement dit, une défaite est toujours orpheline tandis qu’une victoire a mille pères qui s’en enorgueillissent. La bataille électorale de Thiès, pour laquelle d’ailleurs certains avaient vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué, n’a pas échappé à la règle.

Le marabout Cheikh Béthio Thioune, né à Thiès et ayant grandi dans la ville des cheminots, fort de ses trois millions d’électeurs à travers le territoire national, n’avait-il pas défié publiquement l’ancien Premier ministre, et maire de la ville aux deux gares, dans ses terres ? N’avait-il pas déclaré publiquement qu’il allait lui faire mordre la poussière à l’occasion des élections ? Le marabout Serigne Modou Kara Mbacké, lui aussi originaire de la capitale du Rail, n’avait-il pas promis d’y offrir la victoire au président de la République au soir de l’élection présidentielle ? De même, l’ancien tout-puissant directeur général de la Société nationale des Chemins de Fer (Sncs), le transhumant Mbaye Diouf ne s’était-il pas juré de gagner la bataille du Rail ? Ne parlons pas des ministres qui plastronnaient et qui se disputaient le leadership libéral local, ou du député Dramé, autant de fanfarons qui bombaient le torse et criaient déjà victoire avant même que d’être descendus dans l’arène. Des fanfarons dont plus dure aura été la chute le dimanche 25 février dernier.

À l’arrivée, M. Idrissa Seck, le leader du Parti Reew mi, n’a fait qu’une bouchée de tous ces matamores. C’est une véritable raclée que M. Seck leur a infligée dans sa bonne vieille ville de Thiès. Alors bien sûr, il fallait trouver un bouc émissaire, un responsable à cette déroute. Faute de lampiste, nos braves responsables politiques ont voulu faire porter le chapeau au moins politique parmi eux, mais au meilleur technocrate qui puisse être : le ministre de l’Economie et des Finances, M. Abdoulaye Diop. Si le Sénégal a atteint des performances économiques saluées par tous ses partenaires, en particulier les bailleurs de fonds et des institutions comme la Banque mondiale et le Fmi, si ses finances publiques sont bien tenues, si son économie est gérée avec rigueur, si les libéraux ont réussi à faire aussi bien, sinon mieux que les socialistes en matière économique, le Sénégal le doit incontestablement à M. Abdoulaye Diop. Lequel aurait pu dire qu’il a déjà suffisamment à faire sur le front économique pour s’investir sur le terrain politique. Mais, Thiessois de naissance et de cœur, fier de l’être, reconnaissant à l’endroit du président de la République pour la confiance sans faille qu’il lui a toujours manifestée et, surtout, conscient de l’immense effort financier consenti par le même président Wade pour faire de Thiès une ville lumière dotée d’infrastructures solides et modernes, Abdoulaye Diop ne pouvait pas rester les bras croisés sans prendre part à la bataille pour la reconquête de la ville de Thiès.

Ministre de l’Economie et des Finances, toujours entre deux avions et par monts et par vaux pour rechercher des financements pour le compte de notre pays, ou pour représenter le chef de l’Etat, M. Diop, en véritable diplomate économique, n’est presque jamais présent au Sénégal. Ne pouvant donc pas s’investir personnellement, il l’a fait par le moyen qu’il considérait comme étant le plus efficace : monter un mouvement de soutien qui ratisserait et recruterait en dehors des structures officielles du Parti démocratique sénégalais (Pds) afin de grossir les rangs de ce dernier et d’élargir le cercle des admirateurs, et donc des électeurs, du Président. Il l’a fait sans tambour ni trompette, avec ses propres moyens, avec beaucoup d’engagement et d’obstination car conscient qu’avec 40 milliards déversés dans le cadre du programme Spécial Indépendance 2004, Thiès est la ville qui a le plus bénéficié du régime de l’Alternance. Aucune autre ville n’a eu droit à autant d’investissements et de réalisation sur fonds publics. En fait, en tête des réalisations de l’Alternance auraient dû figurer ce qu’on a pris l’habitude d’appeler les « chantiers de Thiès ». Des travaux dont le régime de l’Alternance aurait dû se glorifier mais que, par carence communicationnelle, il a fini par attribuer la paternité à l’ancien Premier ministre et maire de Thiès, M. Idrissa Seck. Lequel récolte ainsi les fruits de ce qu’il n’a pas véritablement semé lui-même. Or, c’est pour les travaux d’infrastructures réalisés dans leur ville que les Thiessois ont plébiscité le leader de Reew Mi. Lequel a bénéficié en plus d’une consigne de vote donnée par les Moustarchidines. Et c’est là justement où les adversaires de M. Abdoulaye Diop — qui descendait sur le terrain à chaque fois qu’il le pouvait — se sont embusqués, l’accusant d’avoir fait chorus au mouvement et d’avoir appelé à voter contre le candidat Abdoulaye Wade. Sauf à être maso ou suicidaire, on ne voit quand même pas pourquoi M. Abdoulaye Diop scierait la branche sur laquelle il est assis confortablement depuis six ans. Absurde ! Mais, comme le disait le ministre de la Propagande nazi, Goebbels, « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ».

La vérité c’est que M. Abdoulaye Diop a pour marabout M. Cheikh Tidiane Sy, père de Moustapha Sy, leader des Moustarchidines. Or, Cheikh Tidiane Sy a appelé publiquement à voter pour Wade et le talibé s’est exécuté. Mais même sans cette consigne, M. Abdoulaye Diop, ne serait-ce que pour ses propres intérêts, mais aussi par conviction, par fidélité, par loyauté et par reconnaissance, aurait voté pour le président Abdoulaye Wade. Lequel, encore une fois, ne lui a jamais ménagé son soutien. Il s’y ajoute qu’un mouvement, destiné tout juste à aider, n’a pas d’obligation de résultat contrairement aux structures officielles du Parti qui, elles, reçoivent beaucoup de moyens, pour gagner. Et à Thiès, justement, des responsables ont empoché beaucoup d’argent en prétendant reconquérir la ville tombée dans l’escarcelle orange. Rien que la veille du scrutin, 150 millions de francs ont été remis aux responsables libéraux locaux. Cet argent, on ne sait pas s’il est effectivement parvenu aux militants mais le résultat, lui, on l’a vu, est pitoyable…

 



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