CONSTAT D’UN REPORTER DU FIGARO : Dakar multiplie les grands chantiers

Afin d’accueillir, en 2008, la Conférence islamique, la capitale sénégalaise construit routes, hôtels et aéroport. Notre consœur, envoyée spéciale de Figaro Economie paru hier a fait un reportage faisant le résumé des travaux.

Perché sur la colline, le quartier Mermoz offre une vue plongeante sur la mosquée de la divinité et Ses deux minarets géants. Dans ce quartier cossu, résident les ambassadeurs ainsi qu’une partie des élites du pays, sous l’oeil vigilant de la base militaire française voisine. « En route vers le sommet », proclame un panneau géant. En mars 2008, l’Organisation de la Conférence islamique(OCI) tiendra son onzième sommet dans la capitale du Sénégal. Ici, tracteurs et pelleteuses s’affairent à la construction de la route Place Bienvenue, le long de la corniche de Dakar. Située en bord de mer, cette route - qui desservira notamment la mosquée -doit être livrée avant le sommet. Montant des travaux dirigés par Fougerolle : 20 millions d’euros.

Présente au Sénégal depuis quatre- vingts ans, la filiale d’Eiffage (ex-Fougerolle) a construit près de 80 % des ouvrages du port de Dakar. Elle devance largement au Sénégal la filiale de sa rivale Vinci, la Sogea. Fougerolle a enregistré l’an passé un chiffre d’affaires de 36,6 millions d’euros. Son drapeau orange flotte sur de nombreux sites du pays.

« Dakar est un véritable chantier, lance Gérard Sénac, directeur général de Fougerolle. Le sommet de la Conférence islamique a généré beaucoup de travaux. » II a même été retardé à deux reprises pour permettre leur achèvement.

Autre chantier, la réhabilitation de la route Patte d’Oie qui mène à l’aéroport, également réalisée par Fougerolle. Des travaux entièrement financés par le Koweït. Comme de nombreux chantiers de la capitale. Ici, sera construit le premier échangeur du pays, qui doit améliorer l’accès à la capitale. Selon la Banque mondiale, les embouteillages de Dakar lui font perdre chaque année 152 millions d’euros.

Ces chantiers s’intègrent au programme pour l’amélioration de la mobilité urbaine initié par le président sénégalais. Abdoulaye Wade, réélu en février, avait fait de la transformation de la ville l’un de ses thèmes de campagne. Le sommet de l’OCI, qui a permis d’attirer de nombreux financements étrangers, lui donne les moyens de tenir ses promesses.

Plaque tournante africaine

C’est ce qui explique l’effervescence de la capitale sénégalaise. Entreprises koweïtiennes, portugaises, chinoises, libanaises ou encore françaises se livrent une concurrence acharnée. Pour accueillir les participants du sommet de l’OCI, Dakar se dotera aussi d’un nouveau Palais des congrès, d’un centre de conférences international ainsi que de palaces à la hauteur de ses ambitions. Une demi-douzaine d’hôtels cinq étoiles supplémentaires doubleront la capacité hôtelière de la ville.

Sur un terrain de 300 hectares attribué par l’État sénégalais, Nasser al-Kharafi, première fortune koweïtienne, a lancé la construction de l’un de ces hôtels. Le coût global du projet, qui comprend également un centre commercial, est évalué à 200 millions de dollars.

Autres signes forts pour le pays, la construction de l’aéroport Blaise-Diagne, à 45 km de Dakar, ainsi que la création, à ses côtés, d’une zone industrielle. L’aéroport,« le plus beau de la côte africaine » dixit Wade, permettra de désengorger le trafic de celui de Yoff. La construction a été confiée au groupe saoudien Ben Laden. Candidat à sa gestion, Aéroports de Paris a été débouté au profit de son concurrent allemand, Fraport. Au-delà du sommet de mars 2008, Dakar espère renforcer son rôle de plaque tournante africaine du tourisme d’affaires en misant notamment sur sa stabilité.