Courant au Ps vu de France : Une cinquantaine de militants dénonce une source de division

Le courant «Démocratie et solidarité» est mal accueilli par certains militants socialistes en France. Une cinquantaine s’est opposée à la création d’une telle structure au sein de leur parti. En la considérant comme étant une source de division et de diversion au moment où toutes les forces doivent être réunies pour faire partir du pouvoir le président Wade.

(Correspondant permanent à Paris) - Le consensus qui s’est dégagé durant la réunion de la section du Parti socialiste sénégalais à Paris a volé en éclats. A l’issue de leur rencontre du week-end dernier, les militants socialistes s’étaient convenus de ne pas se prononcer sur la création du courant par les Robert Sagna, Mamadou Diop, Madia Diop, Abdou Khadre Cissokho et autres. Mais cette promesse a fait long feu avec la sortie d’une déclaration signée par cinquante-cinq militants socialistes basés à Paris, qui «s’insurgent (…) contre le lancement de ce courant, synonyme de groupe dans un groupe, sans en avoir débattu de façon préalable au sein des instances politiques compétentes en vertu des statuts et du règlement intérieur». Les signataires de la déclaration jugent «inopportune la création de ce courant, source de division, de distraction et de dispersion des forces à un moment où le seul combat qui vaille reste celui de faire partir le président Wade et le Pds du pouvoir», lit-on dans la déclaration.

Un des signataires, Me Moussa Diop, coordonnateur d’Alternative socialiste, qui semble être le cerveau de ce mouvement de protestation, estime que «si certains ont décidé de ne pas se prononcer, nous sommes libres de donner notre position en tant que militants simples et en toute liberté». Cet ancien militant du Parti libéral sénégalais du ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom, qui avait assisté à la réunion ayant entériné le fameux consensus, estime que cette déclaration n’engage pas le bureau de la section Ps de France, mais sa responsabilité et celle de ses camarades signataires. Parmi ses signataires, outre M. Diop, il y a Mingué Ndiaye de l’Agora socialiste, Ibrahima Diouf, secrétaire général du Mees/France, des étudiants sénégalais dans les provinces et des militants de toutes professions. Ces socialistes, qui se sont réunis lundi, se disent «animés par un sens de la responsabilité» et réaffirment «avec fermeté leur attachement à l’unité et à la cohésion du Parti socialiste actuellement porte-drapeau de l’opposition sénégalaise regroupée au sein de la coalition (Cpc, G10 et Ld Mpt)». Ils «condamnent avec la dernière énergie toute mise en avant des ambitions purement personnelles qui ne peuvent que tendre vers l’affaiblissement du Parti socialiste au sein de l’opposition sénégalaise». Les signataires de la déclaration se solidarisent avec la direction politique de leur parti «derrière le premier secrétaire Ousmane Tanor Dieng qui a redonné toute sa force et toute sa crédibilité au Parti socialiste nouveau redevenu fréquentable et attractif par une jeunesse dépitée et déçue par une alternance à l’aube de son crépuscule».

En réaction contre la sortie de l’autre tendance qui soutient les ténors du courant, Me Moussa Diop et compagnie estiment que ces militants socialistes font du «chantage. Ils n’ont qu’à saisir qui ils veulent» si le courant n’a pas été entériné par les instances du Parti socialiste, tonne Me Diop, en faisant allusion à la menace de saisine de l’Internationale socialiste par cet autre front qui s’est ouvert dans la section Ps en France. Et quelles seront les conséquences de cette sortie de la cinquantaine de socialistes dans leur structure en France ? «Quoi qu’il arrive, je suis derrière Tanor et son équipe», répond lapidairement Me Diop.

Assistera-t-on à une fissure au sein de la section Ps en France ? Quelle sera l’attitude des autres militants socialistes en France qui respectent le silence ordonné par la réunion du week-end dernier ? On en verra certainement plus clair à la prochaine réunion.