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Politique

DEMISSION FORCEE DU PRESIDENT DE LA CENA : Pourquoi Moustapha Touré a été débarqué

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DEMISSION FORCEE DU PRESIDENT DE LA CENA : Pourquoi Moustapha Touré a été débarqué
Une énième entorse, sous l’Alternance, aux lois et règlements. Ainsi pourrait se résumer l’issue du bras de fer entre le magistrat Moustapha Touré, désormais ex-président de la Commission électorale nationale autonome (Cena), et le président de la République, Me Abdoulaye Wade. Mais, tout porte à croire que les enjeux vitaux liés à la prochaine présidentielle, prévue normalement en 2012, y sont pour quelque chose. Nos sources révèlent que le président n’a pas aimé ce qu’on assimile dans certains milieux libéraux à un « excès de zèle », venant de la Cena.

Les derniers résultats des élections locales ne sont pas visiblement faciles à digérer. Et les effets secondaires n’ont pas tardé à se signaler, avec la démission du Président de la Cena, Moustapha Touré. «A la suite de notre entretien du jeudi 05 novembre et de ma lettre du 23 novembre 2009, j’ai décidé de remettre à votre disposition mon mandat de membre de la Commission Electorale Nationale Autonome, ainsi que de celui de président de la dite institution, comme vous me l’avez demandé». Ce bout de phrase - contenu dans la correspondance adressée, hier, au chef de l’Etat, et révélé par nos confrères de La Gazette dans leur édition en ligne - met un terme (momentané ?) au conflit larvé qui existait, depuis un certain temps, entre le haut magistrat Moustapha Touré et Me Abdoulaye Wade. Et d’aucuns de se poser une question essentielle : «Pourquoi démissionner après avoir refusé, dans un premier temps, d’assouvir des intérêts politiques ?». Un proche de Moustapha Touré, d’apporter, selon la même source, la réponse : «si le président de la République n’a pas l’élégance, encore moins la hauteur, de respecter la lettre et l’esprit des textes de loi dont il doit, par ses fonctions, assurer l’application, Moustapha Touré, lui, se refuse d’entretenir un bras de fer avec son autorité qui ne ferait qu’ajouter au désastre et au chaos institutionnel qui caractérisent, depuis quelques années, la marche de ce pays», rapporte le site lagazette.sn.

«L’indépendance de la Cena n’était pas compatible avec certaines choses» Mais, des sources voient derrière «l’acharnement de Me Wade sur quelqu’un qu’il avait nommé, contre vents et marées, un désespoir de n’avoir pas obtenu le retour d’ascenseur escompté». Et nos interlocuteurs de rappeler la levée de boucliers qui avait accueilli la mise sur orbite du magistrat Moustapha Touré «dont l’épouse est une militante active du Parti démocratique sénégalais (Pds) qui, non seulement siège au niveau d’une institution de la République, mais a été vice-présidente du Conseil régional de Thiès». En langage décodé, nos sources pensent que Me Abdoulaye, «qui est plus à l’aise dans ses habits de Secrétaire général national du Pds que dans ceux de président de la République», reproche à la Commission électorale nationale autonome (Cena) «son indépendance qui est assimilée à une proximité avec l’opposition». Il est d’ailleurs de bon ton, à ce propos, de citer «l’affaire Ndindi et Ndoulo» qui a été «gérée par l’équipe de Moustapha Touré avec doigté et rigueur». Au point de pousser l’ancien ministre de l’Intérieur, Cheikh Tidiane Sy, à monter sur ses grands chevaux. L’on apprend par la même source, qu’en sa qualité d’ancienne responsable de la région de Diourbel au sein de la Cena, l’écrivain Aminata Sow Fall, qui n’avait pas apprécié la «désinvolture des pouvoirs publics», a rendu le tablier, juste après les élections locales. Une démission qui, à l’époque, était gardée secrète. Si l’annonce de la démission de Moustapha Touré fait entrer la Commission électorale nationale autonome (Cena), dans une énième zone de turbulence, beaucoup d’observateurs restent persuadés qu’«en vérité, c’est la perspective 2012 qui inquiète Wade et compagnie». D’où la nécessité, «par instinct de survie», pour le régime de mettre sous coupe réglée une institution «qui, à force de prendre ses responsabilités - pour exercer toute la plénitude de sa mission, histoire de ne pas se décrédibiliser aux yeux de l’opinion - a permis à l’opposition d’ouvrir, lors des élections locales, une brèche qui peut créer, en 2012, un réveil brutal pour le pouvoir libéral». C’est un tel scenario que Me Wade a, apparemment, voulu éviter. Et ce serait là le premier jalon d’un scénario écrit par Me Wade qui intègre un plan de bâillonnement de la presse privée. Pour justifier un énième coup de force, sans langue délier ?

Vous avez dit «jurisprudence Mbaye-Jacques Diop» ?

«Je ne sais pas trop ce que vous ferez, mais je vous apprends que j’ai exigé de Mbaye-Jacques Diop, alors président du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes) de partir. Il n’avait pas voulu, mais je lui expliqué que j’allais le contraindre à partir. Il l’a fait après. J’ai peur que ce soit aussi le cas pour vous». C’est le discours que Me Wade a tenu, selon nos confrères de La Gazette, au magistrat Moustapha Touré. C’était lors d’une audience que le chef de l’Etat lui avait accordée, le 05 novembre 2009, au palais de la République. Pris au dépourvu, Moustapha Touré fait comprendre au chef de l’Etat qu’il la entendu, mais «qu’il se réserve le droit de répondre après réflexion et après avoir consulté ses proches et sa famille». Une réponse «sèche» que n’aurait pas appréciée, toujours à en croire La Gazette, le président de la République. Et de «revenir à la charge pour avertir son hôte». N’empêche, Moustapha Touré «reste ferme sur ses positions». C’est sur ces entrefaites que les deux hommes prennent congé, l’un de l’autre. Après réflexion, le président de la Cena, qui a décidé de rester à son poste, envoie une missive, le 23 novembre 2009, au locataire du palais de l’Avenue Léopold Sédar Senghor. Comme, Me Wade était en déplacement à l’étranger, le courrier est réceptionné par la Secrétaire générale de la présidence de la République, Mme Aminata Tall, qui prend connaissance du contenu. Sans tarder, elle monte au créneau pour «convaincre Moustapha Touré de ne pas engager un bras de fer avec le chef de l’Etat». Dans la même veine, des «hommes» de Me Wade - dont Abdel Kader Sow, ancien Directeur de Cabinet du président Wade et actuel président du Conseil d’administration de l’Apix - s’engagent à travailler au corps les proches du président de la Cena. Un immense déploiement d’énergie, sur fond de menaces à peine voilées qui, finalement, ont eu raison de «la détermination de Moustapha Touré à ne pas se laisser traîner dans la boue politique».



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