Vendredi 26 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

DIVORCE AVEC LES FEMMES DU GOUVERNEMENT : Wade se joue de la « parité »

Single Post
DIVORCE AVEC LES FEMMES DU GOUVERNEMENT : Wade se joue de la « parité »

Le chef de l’Etat Abdoulaye Wade a expliqué mardi la réduction des femmes dans l’attelage gouvernemental avec le dernier remaniement par des ‘’contraintes politiques’’. Quelles contraintes politiques , serait-on tenté de demander pour donner un peu plus de contenus à ces formes de réponses personnelles qui ne satisfont plus personnes ? Aucune, sans doute, au vu du nombre de remaniements et de passages éphémères de femmes dans un gouvernement au Sénégal. 

Pour tempérer leur ardeur déçue et leur grande déception, Me Wade a réaffirmé à l’Agence de Presse sénégalaise hier, sa volonté de ’’continuer à cheminer ensemble, avec elles ’’. Elles, ce sont toutes ces femmes rayées des tablettes du second gouvernement de Cheikh Haguibou Soumaré. Pour justifier le diable, une fois encore, ce n’est pas le titulaire au poste qu’on est obligé d’écouter, mais plutôt, l’homme à tout faire, le cheval de Troie d’une équipe qui nomme et/ou gomme quand il veut. Conséquence, le nombre de femmes, dans le gouvernement, est passé de 11 à 4 après le remaniement intervenu le 3 décembre dernier, nous signale l’Aps.

Par ailleurs, le nombre de ministres est passé de 38 à 28. L’objectif affirmé par le président de la République est de réduire le train de vie de l’Etat. ’’Aujourd’hui, n’eurent été les contraintes politiques, j’en aurais encore beaucoup dans mon gouvernement, mais la politique est une pédagogie’’, a encore ajouté Me Wade, à nos confrères de l’Aps, à l’ouverture mardi de la réunion du Groupe de haut niveau sur "l’Education pour tous", organisée par l’Unesco. Le délire est grand quand le président de la République rappelle qu’en 2000, « il avait du mal à trouver des ‘’femmes ministres’’, mais aujourd’hui leurs compétences sont avérées et Wade de conclure que ’’dans tous les secteurs de la vie économique et social’’, elles sont présentes. Le comble.

Comme si le Sénégal ne s’était jamais doté d’autant de femmes d’un certain niveau au niveau de ses administrations, il faut se désoler de constater de plus en plus, de voir un président sur qui les Sénégalais ont porté leur choix, penser qu’il est le seul à avoir poussé ce pays vers le véritable relèvement du statut des femmes. Si l’on peut douter de la bonne foi de l’homme, il est question aussi de penser que tout cela relève d’une sorte de méprise qui consiste à oublier toutes ces femmes qui ont été à la tête d’importants ministères par le passé, comme Caroline Faye, Mantoulaye Guène, Aminata Kane, (magistrat) Ndioro Ndiaye, elle-même professeur d’université.

La liste est longue de femmes plus qualifiées que celle qu’on voit sur les écrans quand vous allez dans les universités sénégalaises et du monde, et que vous découvrez leur nombre important. Des femmes diplômées qui ont contribué à renforcer la réputation de ces universités. Dans le genre, Rose Dieng, éminente chercheure ( comme disent les Canadiens), n’est pas la seule. Au Canada, comme dans toute l’Amérique du nord et encore en France, elles sont nombreuses les femmes à renforcer la réputation de la formation, des écoles et des instituts sénégalais. Aujourd’hui, au niveau national, elles sont de plus en plus remarquées dans le secteur de l’assurance, des banques et des directions nationales en matière de management.

On se rappelle encore de Rokhaya Sène, longtemps à la tête de la Direction des Ressources Humaines, laissée en rade avant sa retraite pour des raisons qu’on a jamais expliquées. Un mépris qu’on a jamais expliqué. Elle-même s’en est étonnée un moment. Aujourd’hui, dans ces secteurs, comme dans le domaine du commerce international, les femmes leaders qui ont d’ailleurs une association du même nom excellent et n’arrêtent pas de bosser. Le constat est le même dans la coiffure, la couture et le stylisme. Et même dans d’autres secteurs aussi peu connus comme la mécanique des bateaux, les télécommunications, l’ingénierie etc., elles sont entrain de marquer leur territoire.

Le dernier reflet de cette tendance a été confirmé même en France, par le premier gouvernement de François Fillon, dans lequel on a noté la nomination de Rama Yade, sénégalaise de naissance, devenue française, à 30 ans, au ministère des Droits de l’homme. Aujourd’hui, dans ce pays, de nombreux responsables de chantiers sont des femmes. Et il semble que le chef de l’Etat l’ignore. Et s’il y a eu une couche de la société qui a su faire face à la crise en optant de rester ici, ce sont bien les femmes, qui n’optaient jusqu’à une période récente que très rarement, pour l’émigration.

Des femmes pour la façade…

Alors, si pour flatter l’orgueil des femmes de son parti, le Président de la République, se permet encore d’imposer qui il veut à la tête d’un ministère, avec la liberté de les faire partir quelques semaines plus tard, c’est plus par une sorte de manipulation qui dit bien son nom, que pour autre chose. Et avec lui, s’il y a eu quelqu’un qui a réussi à humilier les femmes, à la tête des ministères, il ne faudrait pas trop chercher ailleurs. On se rappelle encore lors de la Coupe du monde 2002, quand il traînait son Premier ministre de l’époque Mame Madior Boye dans les rues de la ville de Dakar, chaque fois que les Lions gagnaient un match. Occupant tout l’espace, la brave femme n’avait jamais pu placer un mot. Elle n’était pas l’élue, mais la nommée. Et quand on a voulu la faire partir, l’astuce a été bien choisie par l’Homme fort, elle a mal fait sa politique de communication.

Le mépris a été porté à un tel niveau que certains ministres femmes, n’ont pas fait à la tête de leur ministère, plus de trois mois. Tout cela renvoie au cas de Penda Mbow, une des plus grandes spécialistes de l’histoire médiévale d’Afrique, qu’on a essayé d’humilier parce qu’on savait qu’elle ne partageait pas toutes les idées d’un groupe à la tête du ministère de la Culture. La liste est longue de femmes et d’hommes qui aujourd’hui, pour sauver les formes, ne disent tout ce qu’elles savent sur la vie au gouvernement depuis le début des années 2000.

Même de plus proches alliées comme Aminata Tall, ont eu pressenti un moment, une sorte de malaise au sein des attelages gouvernementaux avant d’être mise à la porte. Ainsi, va la vie avec Wade, qui contrairement à son hôte de ses jours qui arrivent, Paul Kagamé du Rwanda, qui a porté la question de la parité à un niveau jamais égalé en Afrique, le président Wade semble plus s’amuser avec le concept qu’autre chose. Et là, au lieu de combler le fossé, il donne quel argument qui ne résiste à aucune forme d’analyse.

Celui des contraintes politiques, pour la couche la plus politique de la nation en termes de mobilisation et d’engagement même pour les causes et les leaders les plus imprévisibles. A quand la femme, est-on tenté de dire ?



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email