Dix députés, un volume salarial de quinze millions de nos francs par mois, dix mille litres de carburant et des véhicules pour chacun de ses responsables qui seront à l’Hémicycle : Ce sont les rentes que l’ex-Urd/Fal devenue depuis hier le Nouveau Parti (Np) attend officieusement de son soutien au président de la République, Abdoulaye Wade lors des prochaines élections législatives et Présidentielle du 25 février 2007. En dépit des fortes contestations émises par certains responsables de la délégation nationale à l’orientation, le Np a réussi dans la douleur à voter sa résolution qui n’écarte pas d’aller aux législatives sous sa propre bannière en s’ouvrant aux segments de la société partageant sa vision. « Notre choix de soutenir la candidature du Président de la République, Adoulaye Wade à l’élection présidentielle du 25 février 2007 n’est nullement subordonné à des questions de rentes ».
C’est la déclaration officielle servie à la presse par l’ex-Urd/Fal devenu depuis hier le Nouveau Parti (Np). Intention louable mais dont la sincérité pose problème si l’on en juge par les aveux du président du Parti, Mahmout Saleh lors des débats houleux qui ont marqué les assises de la délégation nationale à l’orientation. « Calculons comme tout le monde. Soyons réalistes. Notre formation politique n’est pas dans une station où le Sénégal peut lui confier ses destinées. On ne peut pas inventer la réalité. Le réalisme nous recommande de proposer la candidature de Me Wade à l’élection présidentielle du 25 février et d’étudier les possibilités offertes à notre parti pour aller aux législatives dans le cadre de la coalition présidentielle », martèle avec force Mahmout Saleh. Et d’ajouter : « Demandons dix députés même si on est convaincus de prime à bord qu’on n’aura pas le nombre de sièges dont on a besoin. On pourra avoir 10 000 litres de carburant, un volume salarial de quinze millions de nos francs sans compter les véhicules ». L’écrasante majorité de la délégation nationale du Np exulte, des voix discordantes s’élèvent, les nerfs deviennent tendus et les journalistes se lèvent pour mieux appréhender la déchirure qui prend forme au sein des camarades de Mahmout Saleh. Convaincus qu’ils sont trahis par les portes de la salle de réunion qui n’ont pas été fermées, certains responsables du parti s’écrient pêle-mêle : « Tempérons ! Il y a la presse qui écoute nos discussions. Fermons la porte ! ». C’est l’affolement. Un membre de la délégation sursaute de sa chaise pour fermer les portes de la salle, mais peine perdue, car, celles-ci visiblement en panne resteront ouvertes jusqu’à la fin des travaux. Au grand bonheur des reporters. Le secrétaire général du Np, Doudou Sarr, fait corps dans la résignation et envoie un émissaire pour que les portes ne soient pas fermées, histoire de minimiser les propos de son président et détourner l’attention des journalistes. Tous les regards des participants aux assises se détournent de l’essentiel (l’objet de leur réunion) et sont désormais rivés sur la presse. L’émissaire de Doudou Sarr explique : « Chers amis journalistes, nous avouons que ces propos ne vous sont pas destinés. Un porte-parole chargé de vous communiquer la résolution sera désigné à la fin des travaux ».
Mahmout Saleh gagne la bataille des contestations
Plus la rencontre se poursuit, plus les contestations deviennent davantage aiguës. « Ne gâchons pas la réunion ! », s’exclame une voix féminine qui exhorte ses camarades de parti à calmer leurs esprits. Mais c’est sans compter avec la détermination d’un autre membre qui martèle : « Objection ! Discuter avec le Président Wade des modalités de le soutenir devient du marchandage politique ». En dépit des contestations, il y a du plus sérieux : la résolution finale, qui avait déjà été rédigée bien avant la clôture des débats, est soumise à l’assemblée. Mieux, Mahmout Saleh n’est pas prêt à lâcher du lest. « On va lire la résolution », arbitre-t-il. Avant la lecture de la résolution, les camarades de Doudou Sarr se heurtent aux couleurs (jaune sur bleu) de leur parti. « Cette couleur ressemble à celle du Parti démocratique sénégalais. Lors des meetings nous (Ndlr : les femmes) aurons du mal à émerger de la nasse des militantes libérales », déclare une femme du Np. Et un autre responsable de revenir à la charge :« Il fallait poser le débat autour du choix des couleurs ». Pour Mahmout Saleh, chacun est libre de mettre le contenu qu’il veut dans les couleurs du parti qui ne ressemblent guère à celles du Pds, car, c’est du jaune sur du bleu avec un motte de riz à la place de l’emblème. Dans la confusion qui refait surface, certains « lions de foule » désavouent le « Général » du Np qui ne fléchit guère. « Procédons par consensus », propose un membre de l’assistance pendant que son voisin d’à côté réclame une motion. N’empêche, la personne morale du parti ne courbe pas l’échine. « Chacun peut voter pour ou contre l’adoption de la résolution », ordonne-t-il d’un ton ferme qui fait rentrer dans les rangs les plus réfractaires. Dans la confusion généralisée, le ministre conseiller auprès du Président Wade prononce sa sentence : « La résolution est votée à l’unanimité », dit-il.
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