Le Pds pourra-t-il survivre aux investitures pour les prochaines élections législatives. Eu égard aux nombreuses querelles de tendances et de préséance qui minent le parti du président Abdoulaye Wade, l'opération relève de la quadrature du cercle.
Le Pds n'est pas une bombe à retardement mais une bombe à déclenchement incontrôlé, pour reprendre l'expression du président français Jacques Chirac. Tant le parti du président Abdoulaye Wade est miné, à tous les niveaux, par des querelles de préséance et de tendances. Et cela risque d'entamer les investitures sur les listes du Pds pour les prochaines élections législatives prévues, en même temps que la présidentielle, en 2007. En effet, si les libéraux s'accordent sur la candidature unique du président Wade, la constante du Pds comme ils se plaisent à l'appeler, il leur sera difficile de dresser une liste consensuelle pour les législatives. La raison est toute simple : chaque responsable voudra mettre ses partisans en pole position sur cette liste.
La bataille promet ainsi d'être rude. Entre Macky Sall, Pape Diop, Aminata Tall, Abdoulaye Faye, Farba Senghor et autres on ne se fera pas de cadeaux. Ces derniers ne feront pas, non plus, de quartier à des transhumants comme Aïda Mbodji ou des revenants tels que Me Ousmane Ngom. Un avant-goût en a été donné lors des renouvellements des instances de base conduits par Macky Sall. Presque dans toutes les localités que le numéro 2 du Pds a sillonné, des voix se sont élevées pour contester les choix de ce dernier. Cela avait d'ailleurs poussé le secrétaire général national du Pds à surseoir à ces renouvellements, pour installer des comités électoraux dans les localités où le consensus n'avait pu être trouvé. Mais, finalement, c'est partout au Sénégal que les libéraux ont sollicité l'installation d'un comité électoral. Il s'est ensuivi une chienlit qui a fini par gripper la machine. Depuis, c'est le statu quo.
En fait, l'enjeu est de taille parce que plus un responsable a de députés acquis à sa cause, plus il aura de l'influence sur l'appareil du Pds. Le précédent Idrissa Seck est éloquent. L'ex-numéro 2 du Pds avait pu mailler le Pds en investissant ses hommes de main, lors des législatives de 2001. Ces derniers se sont même, par la suite, payé le luxe de se rébeller contre le groupe Libéral et démocratique auquel ils appartiennent pourtant, après la disgrâce d'Idrissa Seck, excipant d'un certain ostracisme dont ils seraient victimes au sein de ce groupe. La rébellion fera long feu, mais elle aura permis de débusquer certains députés partisans d'Idrissa Seck et leurs proches. Pas tous, ainsi que l'a déclaré l'ancien Premier ministre qui a laissé entendre qu'il compte encore de nombreux fidèles au sein du Pds. Et selon lui, ces derniers ne se comptent pas seulement au niveau de la classe militante, mais se trouvent, aussi, parmi l'élite libérale. Il est difficile de rejeter ces allégations eu égard à la facilité avec laquelle les proches d'Idrissa Seck accèdent au président Wade qui les a reçus à plusieurs reprises lors d'audiences officielles ou officieuses. Les faucons en ont conclu qu'ils ont des relais encagoulés au sommet de l'Etat et du Pds qui leur facilitent la tâche.
Ainsi, dans la bataille d'investiture, il faudra compter, aussi, avec les fidèles d'Idrissa Seck restés au Pds. Ces derniers se disputeront les places avec leurs frères libéraux.
Quid de la pléthore d'alliés du Pds ? Il est fort à craindre que ces derniers soient laissés sur le carreau. Parce qu'il sera déjà difficile pour les libéraux de confectionner une liste de 120 personnes pour les élections législatives au regard de tout ce qui a été dit plus haut. En 2001, les alliés du Pds s'étaient vu réserver une part congrue par Idrissa Seck qui avait conduit les investitures. Mais, pour celles à venir, ils risquent de se retrouver sur le carreau. Et cela, certaines formations de la mouvance présidentielle l'ont compris. Si pour certaines d'entre elles, la solution est de se muer en libéral en faisant fondre leur parti dans le Pds (Cdp/Garab gi par exemple), pour d'autres, la solution est de rouler, à l'instar d'Aj/Pads, pour leur propre bannière lors des prochaines élections, tout restant dans la mouvance présidentielle.
Le Pds pourra-t-il sortir indemne de cet écheveau que constituent les investitures pour les prochaines législatives ? Certains avancent l'idée d'une liste émanant de Me Wade lui-même. Mais, cela ne saurait être la panacée parce que ceux qui seront laissés en rade, risquent de l'être définitivement. Me Wade ne briguera pas un troisième mandat, s'il arrive, évidemment, à se faire réélire en 2007. Et ce ne sont pas leurs adversaires qui leur tendront la perche. Voilà pourquoi les investitures pour les prochaines législatives seront sans pitié au Pds.
Amadou DIOUF
0 Commentaires
Participer à la Discussion