Miné par des querelles internes, obligé de souffrir la présence à ses flancs du mouvement de la ‘Génération du concret’, le Pds nage aujourd’hui dans des eaux troubles. S’y ajoutent quelques sondages informels qui circulent sous le boisseau et qui donnent le parti présidentiel perdant pour les prochaines locales. L’opposition qui se délecte de cette situation rêve déjà de rééditer, en pire, le coup de 2002. Au cours de ces premières locales post-alternance, la mouvance présidentielle, malgré l’état de grâce, malgré les moyens colossaux dont elle disposait, n’avait remporté l’élection que d’une courte tête. Conséquence : deux conseils régionaux, plusieurs communes et communautés rurales étaient tombés dans l’escarcelle du Cadre permanent de concertation de l’opposition (Cpc). Aujourd’hui, tous les ingrédients sont réunis pour que l’histoire bégaie au Pds. Dans le mauvais sens ! Cela, compte tenu d’une palette de facteurs dont l’un quelconque suffit, à lui seul, comme déterminant d’une élection.
D’une part, le parti présidentiel fait face à ses propres convulsions nées de la désignation des superviseurs locaux pour les investitures. Une situation née d’une mauvaise compréhension qui fait que, chez certains, la cooptation d’un superviseur équivaut, ipso facto, à une désignation comme tête de liste pour les investitures. Ce qui est à l’origine de beaucoup de rivalités notées dans certaines zones et pas des moindres ! A Pikine, Guédiawaye, Mbour et dans d’autres localités, les superviseurs font l’objet de contestation ouverte.
D’autre part, le mouvement dit de la ‘Génération du concret’ veut faire des prochaines locales une plate-forme de salut pour ses poulains et pouliches. A Rufisque, Ngoné Ndoye a été publiquement investie par le mouvement pro-Karim pour briguer la mairie de Rufisque. Conséquence de cet état de fait : ce sont des voix de moins pour le Pds qui vont échouer sur les plages des ‘concrétistes’. Et le sommet de la rivalité entre le Pds et son bébé cloné aura été atteint à Fatick où des pro-Macky et des pro-Karim se sont affrontés à coup de machettes.
Autre donne qui fait que le Pds engage les locales dans une mauvaise position, la participation de l’opposition à ces consultations après le boycott des législatives et des sénatoriales. Requinqués par le succès de leur mot d’ordre, Ousmane Tanor Dieng, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Moustapha Niasse et compagnie n’entendent pas jouer les figurants dans une élection où certains d’entre eux jouent leur va-tout. Beaucoup de ‘retraitables’ dans leurs rangs abattent, en effet, leur dernière carte.
Enfin, le pouvoir d’achat des ménages constitue l’autre facteur bloquant pour lequel des solutions à court terme ne sont guère envisagées. La promesse de baisse des prix des denrées de première nécessité pour début janvier n’a pas tenu. Au contraire, les prix des étiquettes semblent avoir pris l’ascenseur. Ce qui est un mauvais présage pour qui veut conquérir cet électorat frappé de plein fouet par les effets de la flambée des prix.
Conscients de cette situation, les stratèges du Pds imaginent, déjà, une implication personnelle du président de la République. En haut lieu, le concept d’élection dépolitisée que l’on colle souvent aux locales pour exclure la participation du chef de l’Etat n’est pas de saison. Avec, toutefois, le risque politique de voir le président de la République désavoué par les électeurs quelques mois seulement après le premier anniversaire de sa réélection-plébiscite. ‘De toute façon, il est stupide de faire des élections municipales, régionales et rurales un enjeu national. Puisque d'une part, il s'agit d'élections locales, d'autre part, on risque de voir un désaveu du président’, souffle un responsable du Pds. Son appel sera-t-il entendu ?
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