Les chiens aboient la caravane passe. Comme le proverbe, le président de la République du Sénégal, Abdoulaye Wade, a encore défier ses détracteurs sur la gaspillage et la dispersion des ressources publiques en procédant ce jeudi à une énième remaniement ministériels. Lequel survient quelques jours seulement après un tout aussi énième réaménagement gouvernemental qui a consacré le retour aux affaires et au même poste de Cheikh Tidiane Sy. Celui-ci a été nommé ministre d’Etat, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, en remplacement de Me El Hadj Amadou Sall.
Dans ce dernier montage de l’attelage gouvernementale, Wade a fait revenir trois anciens ministre. Rien que des femmes : Aminata Lô au poste de Chargée des Relations avec les Assemblées, Innocence Ntap, ministre d’Etat en charge du Travail et des Organisations professionnelles, et Awa Ndiaye, recasé ministre d’Etat, devant s’occuper du Genre et des Relations avec les associations féminines africaines et étrangères. Outre l’appellation on ne peut plus curieuse de ce dernier nouveau département, la réintégration de Awa Ndiaye ressemble à fort s’y méprendre à un autre pied de nez au pourfendeur de la mauvaise gestion. Notamment à l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) qui dans un audit rendu public début 2010 épinglé l’alors ministre de la Famille pour une gabegie sans nom à la faveur de passations de marché scandaleuses : achats d’un couteau à 42.000 francs, d’une clé Usb d’un Giga à 97.500 francs l’unité, pour dire le moins. Plutôt que d’être sanctionné comme l’exigent les nécessités d’une bonne gouvernance, Wade accorde une récompense à Mme Ndiaye. C’est la prime à la mauvaise gestion.
En outre, alors que les bailleurs de fonds (Fmi et Banque mondiale), en écho à l’opposition politique et la société civile sénégalaises, invitent le pouvoir à réduire son train de vie très coûteux pour les finances publiques, Me Wade porte le nombre du nouvel attelage à 41 ministres. Car outre les retours de Aminata Lô, Innocence Ntap et Awa Ndiaye, le gouvernement du Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye (reconduit) enregistre une forte entrée de femme (six nouvelles). Pour les hommes, c’est l’ancien directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), Babacar Ndao, limogé il y a quelques jours de son poste, qui est remis à flot au département dénommé ministère des Ecovillages, des Bassins de rétention, des Lacs artificiels et de la Pisciculture.
Ce faisant, Wade s’est débarrassé de son allié politique Abdourahim Agne du Parti de la Réforme, chassé du ministère des Télécommunications ; outre de voir les marchés de ce secteur se négocier par-dessus sa tête, l’intéressé paie ainsi son refus de se fondre dans le Parti démocratique sénégalais (Pds) alors même que son ex-lieutenant Serigne Mbacké Ndiaye a rejoint les prairie bleues en convainquant d’autres militants du Pr au Fouta de la suivre.
Pour couronner le tout, le nouveau gouvernement passe à 14 ministres d’Etat, un record digne d’une république bananière. Du wadisme pur jus : le matey (je-m’en-foutisme en wolof) qui a mis ou maintient le pays au ban de presque tous les indicateurs socio-économique.
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