Vendredi 26 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

EXTRAIT - Discours de l’ex-Premier ministre au 3e congrès du Cojep, tenu en Côte d’Ivoire : «Seule une entente Gbagbo-Banny peut mener à une issue de la crise»

Single Post
EXTRAIT - Discours de l’ex-Premier ministre au 3e congrès du Cojep, tenu en Côte d’Ivoire : «Seule une entente Gbagbo-Banny peut mener à une issue de la crise»

Après son étape au Burkina-Faso, Idrissa Seck est en visite en Côte d’Ivoire où il a partagé la table avec le Président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Konan Banny et a eu des échanges avec les ambassadeurs de France et des Etats-Unis accrédités au pays de la Lagune Ebrié. Invité spécial au Congrès panafricain des jeunes patriotes (Cojep) dont la présidence est assurée par Charles Blé Goudé, l’ex-Premier ministre et président de Rewmi, Idrissa Seck a prononcé un discours au cours duquel il a interpellé ces deux hommes d’Etat sur leurs responsabilités dans la sortie de la crise qui secoue la Côte d’Ivoire. Nous livrons ici des extraits de ce discours, après les salutations et autres bienséances à l’endroit de ses hôtes ivoiriens.

«Je suis heureux d’être sur cette terre hospitalière de Côte d’Ivoire qui, depuis son indépendance, sert de creuset d’éclosion à nombre de talents, intellectuels et artistes africains. L’Ouest-africain que je suis est plus qu’attaché à la stabilité de ce pays, le seul de notre sous-région à avoir supporté un choc démographique à nul autre pareil : accueillir sur son territoire autant d’étrangers que ses propres nationaux. Le monde est aujourd’hui peuplé d’hommes oublieux, de leur passé, d’immémorants. Car, comment perdre de vue que c’est d’ici, quelque part en Afrique orientale aux abords du lac Victoria, que l’humanité a surgi ? C’est ici que le langage est apparu, il y a quelques centaines de milliers d’années. C’est ici en Afrique, continent des Noirs et des Arabo-berbères, berceau de l’humanité et de la civilisation universelle, qu’a pu fleurir la grandeur de l’Egypte pharaonique et le génie des grands empires médiévaux. C’est d’ici qu’à pieds, pendant l’ère glacière, l’homme est parti à la conquête de l’Asie, de l’Europe et plus tard de l’Amérique par le détroit de Béring. Ce continent, vous le voyez, a un passé, un solide passé. Mais plus fondamentalement, il a un avenir. L’Afrique peut s’en sortir.

L’Afrique doit s’en sortir. L’Afrique va s’en sortir. Le cas de la Côte d’Ivoire est symptomatique de cette réalité. L’éléphant de l’Afrique de l’Ouest va se relever pour reprendre sa place naturelle. Au cours d’une balade écologique et culturelle à Ouagadougou, d’où je viens, j’ai rencontré un sage. Dans notre discussion, il m’a dit ceci : «La branche qui fleurit doit honorer les racines.» Nous devons égard à d’où nous venons, mais sans jamais nous fermer sur nous-mêmes. Après l’enracinement, je pense, comme Léopold Sédar Senghor, qu’il nous faut l’ouverture au monde. Mais, sans jamais nous couper de ce qui fait nous-mêmes. Nos racines, à nous, c’est l’Afrique. Notre dignité, à nous tous, c’est la dignité de l’Afrique. Voilà pourquoi nous devons tous nous atteler à la préserver. Et la dignité de notre continent passe par sa souveraineté.

CONSTITUTION, REGLE DU JEU

«D’où la pertinence, dans le contexte actuel de la Côte d’Ivoire, du thème de cette rencontre internationale initiée par le Cojep : Résolution des Nations-Unies et souveraineté des Etats africains. Le garant de la souveraineté d’un peuple, d’une nation, d’un Etat, c’est sa Constitution, son pacte premier, le socle de son contrat social. Il est heureux de constater que la Constitution ivoirienne a résisté à tous les soubresauts de la crise, grâce à l’engagement de nombre d’Ivoiriens et de leurs dirigeants. Comme je l’ai entendu dire une fois par le Président Laurent Gbagbo, la Constitution est et doit rester la règle du jeu. Mais, la Côte d’Ivoire est malade.

Et tout malade a besoin d’une prescription médicale pour guérir. La résolution 1 721 adoptée le 1e novembre 2006 par le Conseil de sécurité des Nations-Unies en est une. C’est une ordonnance qui a vocation, non à se substituer au code qui régit le fonctionnement normal de l’organisme, mais à soulager le malade et cesser d’exister dès la guérison. Merci, M. le Président de la République, pour les bonnes dispositions que vous avez manifestées à l’égard de la résolution 1 721, dans l’intérêt du retour de la paix dans ce pays. Merci, M. le Président de la République, de tolérer, malgré l’adversité inhérente à la guerre, l’existence d’une presse libre dans votre pays et de cohabiter avec vos opposants politiques sans qu’aucun d’eux ne soit en prison. Je profite de l’occasion pour saluer l’initiative de Charles Blé Goudé qui, le 26 juillet dernier, de concert avec Kouadio Konan Bertin de la Jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Jpdci) et Karamoko Yayoro du Rassemblement des jeunes républicains (Rjr), a lancé un appel solennel pour la paix et l’arrêt de tout affrontement sur l’ensemble du pays. J’exhorte ces dirigeants d’organisations de jeunesse à persévérer sur cette voie, la seule possible, la seule durable. Merci aussi au Premier ministre, Charles Konan Banny, je l’exhorte à continuer à travailler en tandem avec le président de la République, Laurent Gbagbo».

LA PAIX, LA GRANDE QUERELLE

«L’expérience depuis l’éclatement de la crise montre que seule une entente avec le chef de l’Etat peut mener à une issue. Toute autre démarche débouche sur une impasse. Je suis personnellement rassuré sur le devenir du tandem. (…) Protéger, voire élever la dignité de l’autre, est la marque des grands seigneurs. C’est ce que Jésus nous enseigne en lavant les pieds de ses apôtres. La Côte d’Ivoire et, au-delà, toute la sous-région, ne peut plus se permettre le luxe d’un retard pour le retour de la paix. Une paix dans les demeures, les champs, les lieux de culte, une paix qui permettra le retour des grues dans le ciel d’Abidjan et de Bouaké. Je suis sûr, M. le Président, que l’historien que vous êtes connaît cette célèbre parole : «Etre grand, c’est soutenir une grande querelle.» La grande querelle du développement de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique. C’est à vous, M. le Président, lieu de dépôt de la majorité des suffrages du peuple ivoirien, c’est-à-dire de sa confiance et de son espérance, que revient la charge d’animer cette grande querelle.

Candidat à l’élection présidentielle dans mon pays, le Sénégal, j’ai intérêt, si mes compatriotes me font confiance, à gouverner à côté d’une Côte d’Ivoire forte et stable. Il y va de la stabilité monétaire et économique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Il y va également de l’équilibre politique de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Aucun de nos Etats n’est en mesure de faire supporter à ses fragiles infrastructures scolaires, sanitaires et sociales un choc démographique qui naîtrait du reflux des ressortissants ouest-africains installés hospitalièrement en Côte d’ivoire (…)

Je viens pour vous encourager, partager votre combat pour une jeunesse africaine qui s’implique dans les enjeux fondamentaux qui touchent à l’avenir de son continent. Car, nous les jeunes sommes les détenteurs de l’énergie, de la force, de la fougue, qui alimentent les conflits ou les contiennent, selon notre choix. En Côte d’Ivoire, comme partout ailleurs, des erreurs de jeunesse peuvent entacher notre engagement. Mais, personne n’a le droit de nous diaboliser ou de nous ostraciser. D’où mon espoir que prochainement les sanctions individuelles prises contre Charles Blé Goudé, Eugène Djue et Kouakou Fofié seront levées en reconnaissance, de leur courageux et continu engagement pour la paix. Nous, vos aînés, avons l’obligation morale de vous approcher et de partager avec vous le peu de sagesse que nous avons et que l’expérience vous donnera un jour.

Au moment où je m’apprête à dire au revoir à cette belle terre de Côte d’Ivoire, les nombreuses heures de discussions que j’ai eues avec les représentations diplomatiques françaises et américaines, ainsi que les audiences que m’ont accordées, et dîner que m’ont offert, le président de la République et le Premier ministre. J’ai pu découvrir le goût de M. le président de la République pour la sauce Kopé et le Placali de notre sœur Simone, ma conviction est forte que la sortie de crise est imminente, et que les fruits et les fleurs de la moisson feront oublier la sueur du dur labeur des semailles (...)»

Les intertitres sont de la rédaction



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email