EXTRAITS - La responsable du Pds sur les minutes de son audience avec Wade : «On a dit au Président que j’étais indésirable dans le parti»

Durant son face-à-face avec ses militants et sympathisants, Aïda Mbodji est revenue, de long en large, sur l’audience que le chef de l’Etat lui a accordée avant la formation du nouveau gouvernement. Extraits des minutes d’une discussion…

ECHANGE AVEC WADE

«Contrairement à une idée véhiculée, je n’ai jamais craché sur un quelconque poste ministériel. La vérité, lorsque le Président m’a reçue vers midi, il m’a dit qu’il venait d’être informé que j’étais indésirable chez les femmes du parti. Je lui ai alors dit de ne pas me juger sur des rumeurs, mais plutôt, sur les faits et actes que j’ai posés avec lui. Ceux qui ont colporté ces bruits ne sont, en fait, qu’un groupuscule en mal de représentativité.»

Aïda Mbodj rapporte ces propos de Me Wade : «On m’a fait parvenir une note me signifiant que ces femmes sont nombreuses, mais je n’y trouve aucun inconvénient. Tu vas retrouver ton département ministériel.»

«Malgré tout, explique encore l’ex-ministre de la Famille, j’étais sceptique quant à un retour dans un gouvernement où on pouvait me remercier du jour au lendemain et me faire perdre un poste électif de cinq ans. Alors, je lui (à Me Wade : Ndlr) ai dit que s’il devait me juger sur des quand-dira-t-on, il valait mieux me laisser assumer ma fonction de député. J’ai ajouté que je suis prête à quitter ou à changer de poste ministériel.» Mais, Wade tente de rassurer son ministre en ces termes : «Je ne voudrais pas que tu quittes le gouvernement. C’est pourquoi, je te confierai un autre département.» Cependant, Aïda Mbodji dira : «Me faire quitter mon ancien département à partir de rumeurs non fondées, je ne saurais l’accepter.» Sur cette mise au point, le Président Wade rassure son ministre et lui garantit alors, rapporte Aïda Mbodji, qu’elle retrouvera son ancien département : le ministère de la Famille.   CONTACT AVEC LE NOUVEAU PM

Et l’ancienne patronne du ministère de la Famille de raconter à ses militants : 

«Après la prière de Tisbaar (2 heures : Ndlr), le Premier ministre m’a appelée pour me dire que je serai consultée à 19h30mn. Je lui ai dit que je suis tout à fait d’accord, car je tenais à participer à la réunion du Comité directeur du parti (Pds), présidée par le secrétaire général national (Me Wade). A 19h30mn, il m’a reçu et m’a informée, séance tenante, que désormais, le ministère change de dénomination pour devenir, ministère de la Famille et de l’Entrepreneuriat féminin. Je lui ai dit : «Où est-ce que vous allez loger le Développement social ?» Il me répond que l’appellation était trop longue et, en plus, le département faisait l’objet de beaucoup de convoitises. En ce moment, j’étais sûre et certaine de figurer dans le gouvernement. Mais, à l’arrivée, après la lecture de la liste, je n’étais plus membre du gouvernement. C’est par la presse que j’ai été informée comme tous les Sénégalais de ma non-reconduction. Je récuse la manière inélégante avec laquelle, ils ont procédé, car ils devaient même m’avertir. C’est pourquoi, lorsqu’on m’a dit que c’est un groupe assis à côté du Président qui a décidé de m’enlever de la liste, j’ai dit que c’est possible, même si je n’accorde pas du crédit à cela. Sur les personnes incriminées, seul le Pr Iba Der Thiam a apporté un démenti public pour dire qu’il n’est mêlé ni de près, ni de loin à une telle opération.»   RELATIONS AVEC AWA DIOP

Devant ses militants et sympathisants venus de tous les coins et recoins du département de Bambey, Aïda Mbodji est revenue également sur ses relations heurtées avec Awa Diop, 2e questeur de l’Assemblée nationale. Mme Mbodji accuse la responsable des femmes libérales d’avoir participé à jeter le trouble auprès du Président Wade.

«Awa Diop, qui a été citée parmi les instigateurs de ma reconduction, a, jeudi dernier, précédent le remaniement ministériel, amené plusieurs femmes de la région de Dakar rendre visite au président de la République sous le prétexte que ce dernier avait leur nostalgie. Et, lors de l’audience, Awa Diop a dit au chef de l’Etat que les femmes souhaitaient que je sois virée de mon poste de ministre de la Femme, de la Famille et du Développement social. Ces femmes ont même scandé, devant le Président, le slogan : «Na dema, na dema dem (Qu’elle parte, qu’elle parte ! Ndlr». Awa Diop est coutumière des faits. Déjà, lors du ramadan passé, elle avait fait la même chose. D’ailleurs, en son temps, j’avais dit à Serigne Saliou Mbacké, lors d’une visite de courtoisie que je lui avais rendue, que je ne m’entendais pas avec Awa Diop qui a jeté le trouble dans mes relations avec le président de la République ; elle a même dit que les femmes ne voulaient plus de moi. Le khalife m’a rassuré et a prié pour moi. Trois mois après, Wade a nommé Awa Diop ministre. Ce qui avait fait dire à certains observateurs avertis que Wade a joué le jeu de l’équilibrisme afin qu’elle me laisse toute tranquille. Mais, rien n’y fit et cela, malgré la confiance renouvelée du chef de l’Etat à mon endroit, en me confiant à trois mois des joutes électorales présidentielles, de nouvelles responsabilités.»