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Politique

Face à la cherté de la vie : Mamadou Dia préconise un plan d’austérité sévère et réclame que Wade soit contraint à la démission

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Face à la cherté de la vie : Mamadou Dia préconise un plan d’austérité sévère et réclame que Wade soit contraint à la démission
La vérité est comme un boomerang. Elle finit toujours par revenir en pleine figure de ceux-là qui l’avait jetée au loin, croyant pouvoir ainsi l’occulter. Voilà qu’après les fastes de carnaval de ce que l’on a appelé Sommet de l’Oci, après les dépenses folles et somptueuses dudit Sommet, et celles tout aussi déraisonnables qu’Abdoulaye Wade et ses courtisans effectuent au quotidien, avec les multiples voyages à l’utilité douteuse traînant toute une cour logée, nourrie et blanchie dans des hôtels de luxe, et à laquelle, comme si cela ne suffisait pas, on verse des perdiems, le tout aux frais de la Nation, le peuple sénégalais, dans sa composante masse populaire et laborieuse, auquel on avait assuré milliards en abondance, est frappé de plein fouet par la spirale de la hausse du coût de la vie.

Pour toute réponse, Abdoulaye Wade n’a rien trouvé de mieux que le matraquage et le gazage des populations qui crient famine, un énième remaniement, la reconnaissance de son incapacité à atténuer les maux, et des concessions faites aux paysans et aux fonctionnaires, d’un niveau d’un ridicule confondant.

A la vérité, ce n’est pas d’Abdoulaye Wade que les Sénégalais pourront obtenir la solution à leurs maux, qui risquent d’aller en s’aggravant de jour en jour, et ce pendant longtemps, aussi longtemps qu’il restera au pouvoir. Car sa méthode de gouvernement est une méthode de corruption généralisée, à tous les niveaux, en accordant des avantages et des privilèges exorbitants à ses affidés, sans s’oublier lui-même, comme lorsqu’il commande un luxueux avion d’un coût de plus de 50 milliards de francs Cfa, après avoir fait supporter, il y a peu, aux contribuables sénégalais, en les bernant, la réfection de l’ancien pour 17 milliards. C’est ainsi qu’il a augmenté les traitements des gouverneurs, des préfets, de tous ceux qui sont chargés du processus électoral, comme ceux de la haute magistrature, qui est chargée de faire appliquer la Constitution, et qui ne peut le faire parce qu’elle aussi tenue par ces avantages. Ce qui a laissé à Wade un boulevard pour commettre les crimes dont il est l’auteur, crimes économiques et crimes de sang. Le sang d’innocents, dont celui de Me Babacar Sèye, dont l’assassinat a été organisé, on le sait maintenant, au moyen des 5 milliards de Taïwan détournés lorsqu’il était ministre d’Etat sous le régime de Diouf, et pour lequel il a été pris la main dans le sac et sauvé par l’intervention d’un grand marabout.

On a vu dans une autre affaire de milliards de Taïwan, plus récente, sous l’Alternance, l’argent public déposé dans des comptes privés, avec des commissions par milliards versées au passage à son ami étranger, et cet argent finalement retiré par les gendarmes - il y a les bordereaux et tous les détails. Il est maintenant de notoriété publique que c’est le butin des dessous-de-table qui est au cœur du conflit avec son ancien directeur de cabinet et Premier ministre Idrissa Seck. Et des scandales financiers éclatent tous les jours, où l’on retrouve mêlé le nom de son fils Karim Wade, à cause duquel le président de l’Assemblée nationale Macky Sall vit une descente aux enfers, pour avoir eu l’impudence de lui demander de rendre des comptes devant la Nation, alors qu’un dépassement de plus de 8 milliards de nos francs a été constaté sur le budget déjà faramineux de l’Oci, tandis que l’entrepreneur Bara Tall a été comme par hasard rendu à la liberté dès qu’il a commencé à faire des révélations sur ces fameux travaux de la Corniche.

Aujourd’hui, à l’évidence, la solution à la détérioration vertigineuse des conditions de vie des Sénégalais passe par des solutions que l’on ne saurait attendre d’Abdoulaye Wade, comme l’a illustré sa réponse pleine d’arrogance teintée de mépris à propos des délestages récurrents dont souffrent les populations sénégalaises : ‘Adressez-vous au ministre de l’Energie, moi j’ai toujours de l’électricité dans mon Palais !’. Car ces solutions ont pour nom réduction du nombre et des indemnités des ministres, des parlementaires aux privilèges exorbitants, et autres prébendiers. Cela veut dire donc aussi réduction du nombre pléthorique des conseillers et assistants nichés à la Présidence, compression d’effectifs de cette ruche bourdonnante de ceux qui ne sont que des courtisans de la cour du roi, par la façon dont ils jouent un rôle que leur envierait la caste des griots.

Les économies réalisées grâce à ces nécessaires ponctions pourront alimenter une caisse de stabilisation ou de péréquation, qui cassera la spirale de hausse des prix des denrées alimentaires de première nécessité, ainsi que ceux des produits et services d’usage courant tels que l’eau, l’électricité, le charbon, le gaz, le transport, l’habitat, etc.

Mais il faudra également, et surtout, rapatrier l’aide extérieure détournée, qui se chiffre à des milliers de milliards - la Banque mondiale parle d’au moins 1 000 milliards de francs Cfa, mais le chiffre réel est d’au moins 3 000 milliards de francs Cfa, en y incluant les dettes bilatérales. Le rapatriement de ce pactole d’aide étrangère, multilatérale et bilatérale, de ce butin de grands bandits, pourra ainsi contribuer à la satisfaction des revendications légitimes des enseignants, des étudiants et des élèves, et à la satisfaction des besoins dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, à la place et au lieu des projets mythiques et chimériques d’Abdoulaye Wade. Ainsi, des actes importants seront posés pour sauver le Sénégal du gouffre dans lequel il menace de tomber.

Mais ce salut ne sera obtenu qu’au prix du départ du pouvoir de Wade. Il devrait démissionner, et comme il ne démissionnera pas, il faudra le démissionner, et la seule façon de le faire, c’est d’organiser une grève générale illimitée, à l’instar de ce qui a été fait en Guinée, et qui a permis à ce vaillant peuple de faire entendre raison à un dictateur, en lui imposant un contre-pouvoir incarné par son Premier ministre actuel. Aujourd’hui, il semble que les Sénégalais en soient de plus en plus conscients. Ils sont maintenant dans la rue, montrant que le peuple a compris, et font montre en cela d’une plus grande détermination que l’opposition, qui est désormais obligée de suivre, sous peine d’être définitivement discréditée.

Et c’est après la chute de Wade, et après ce préalable seulement, que s’imposera la tenue d’Assises nationales, qui seront chargées d’élaborer un plan de redressement national susceptible d’adoucir les effets pervers de la mondialisation, qui frappent de plein fouet l’économie des jeunes nations, déjà structurellement fragilisées par la corruption et la mal-gouvernance. C’est alors qu’il sera possible de former un Directoire national provisoire, qui aura mandat d’organiser des élections générales libres et transparentes sur la base d’un fichier électoral entièrement refondu.

Mamadou DIA Ancien Président du Conseil des Ministres du Sénégal



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