La volonté des autorités étatiques de porter la caution de la
participation à la présidentielle de 2012 à 100 millions de F Cfa
indispose le député Me El Hadji Diouf, Secrétaire général du Parti des
travailleurs et du peuple (Ptp). «Fixer la caution de la présidentielle
à 100 millions, c'est permettre à seulement des voleurs d'être
candidats», assène-t-il. Me Diouf se prononce également sur le dialogue
politique, entre autres questions. Entretien.
Me Wade a accepté toutes les conditions de l'opposition pour la relance du dialogue politique. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Quel
dialogue ? Vous savez, un pays fonctionne selon des normes
républicaines qui exigent un comportement républicain. D'une part, il y
a un gouvernement qui gouverne, fort de sa légitimité, et, d'autre
part, une opposition qui s'oppose qui a des aspirations, des ambitions.
Maintenant, il est toujours difficile, voire impossible d'obtenir un
consensus politique entre des acteurs d'une même vie politique qui
cherchent la même chose : le pouvoir. Les uns l'ont et l'exercent, les
autres veulent les remplacer. Donc, il n'y a aucune objectivité de part
et d'autre. C'est un jeu de dupe. Tout est question ici de manœuvres
politiciennes sur le dos du peuple. Le peuple, objet de cette grande
farce. Je pense que c'est une grosse comédie. Une farce de mauvais
goût. Normalement, dans un pays civilisé, les acteurs peuvent se parler
et doivent se parler. Mais, ils n'ont pas les mêmes préoccupations.
Donc, point d'entente, point de convergence. Sauf en matière électorale
pour fixer d'un commun accord les termes de la compétition. Je ne parle
pas de dialogue, mais d'accord républicain pour des élections libres,
transparentes et démocratiques. Et pour cela, on n'a pas besoin de
parler de dialogue. C'est un impératif qui s'impose à tout le monde
pour qu'il n'y ait pas de troubles électoraux. Il faut absolument que
la volonté populaire soit respectée.
Quel commentaire
faites-vous de la volonté du régime libéral de porter la caution pour
la candidature à la présidentielle à 100 millions de F Cfa ?
Il
n'est pas question de fixer la caution de la participation à la
présidentielle à 100 millions. C'est inacceptable. Le faire, c'est
violer la démocratie, permettre à des voleurs seulement d'être
candidats à l'élection présidentielle, c'est sélectionner les
Sénégalais capables de se présenter à cette échéance. Donc, tout
Sénégalais qui n'est pas immensément riche et qui n'est pas en réalité
un voleur est exclu de la course. C'est réserver la présidence à des
voleurs. Si on n'a pas volé les deniers publics, si on n’est pas un
élément de l'étranger, c'est difficile de sortir 100 millions et
d'avoir après de l'argent pour battre campagne. Il faudrait savoir
raison garder. Même les 25 millions fixés lors de la dernière élection
présidentielle, je dis que c'est inacceptable. Si on avait fixé ce
montant en 2000, Wade ne serait pas candidat. Il faut que les gens
soient sérieux. Qu'on ne vienne pas, parce que le parti au pouvoir est
aujourd'hui riche, on dit qu'il faut 100 millions pour pouvoir briguer
les suffrages des Sénégalais. C'est inélégant, injuste, malhonnête.
Est-ce à dire que vous maintenez votre candidature à la présidentielle ?
Moi,
je vais dégager Wade et Bennoo pour prendre le pouvoir. Je suis le
troisième larron. Les Sénégalais m'ont demandé de me présenter. J'ai
dit à Wade que, s'il plaît à Dieu, rien ni personne ne m'empêchera de
me présenter. Ce n'est pas pour parler. Je serais candidat. Je suis
aujourd'hui le meilleur candidat. J'ai le meilleur profil pour diriger
le Sénégal. Je suis l'avocat et le député du peuple. Je suis en train
de me préparer très sérieusement. J'ai la confiance des Sénégalais qui
me considèrent comme l'homme politique le plus courageux, le plus
honnête, le plus conséquent, celui qui dit la vérité. Je les battrai
tous en 2012.
Comment expliquez-vous le fait que la
plupart des Sénégalais qui ont réussi à force d'abnégation, à l'image
de Bara Tall, Youssou Ndour, Serigne Mboup font aujourd'hui l'objet
d'acharnement de la part du pouvoir ?
Celui qui côtoie le feu,
s'il se brûle les doigts, il doit réfléchir. Ils ont été trop proches
du pouvoir. Avec Abdoulaye Wade, il faut être très prudent. Vaut mieux
ne pas être au cœur du pouvoir. Aujourd'hui, vous êtes Dieu-le Père,
demain vous êtes rejeté. C'est ça la conception wadienne de la
collaboration au sein du pouvoir. C'est ça le système wadien. Il y a un
problème Wade. Il est comme il est. Vous savez, il m'a dit : «C'est mon
jeu. C'est comme ça que j'entraîne mon équipe. C'est moi qui suis élu.
Qu'on me laisse faire ce que je veux faire». Aujourd'hui, il vous met
dans le gouvernement, demain, il vous fait sortir. Moi-même, j'ai été
victime de ça. Et le lendemain, il vous rappelle auprès de lui.
Aujourd'hui, vous êtes ministre, il vous dégomme. Demain, vous êtes
président du Conseil économique et social. C'est ça sa philosophie. Un
jour, dans une conversation, il m'a dit : «Laissez-moi appliquer ma
philosophie. Si vous étiez au pouvoir, vous auriez eu une autre
philosophie». Je le lui concède, c'est sa façon de voir le monde.
Maintenant, s'il gère mal, il sera lourdement sanctionné. Je n'ai pas
la même philosophie que Wade. Moi, j'aurais maintenu une équipe qui
gagne. Aujourd'hui, il veut le retour de Macky Sall, alors que c'est
lui qui l'a fait partir. Il joue avec le feu. À force d'humilier les
gens, de les massacrer, il risque de se retrouver seul. Je l'aime bien.
Mais, aujourd'hui, il est très solitaire. Et finalement, il est même
obligé de composer avec le diable. Il veut dialoguer avec des gens qui
ne lui veulent pas du bien. S'il retrouve son ancien fils spirituel qui
symbolise Satan, il a eu à le prouver, c'est que Wade est seul.
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