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Politique

«Il faut à Bennoo un candidat de mission» Selon MAMADOU LAMINE DIALLO, PRÉSIDENT DU MOUVEMENT TEKKI

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«Il faut à Bennoo un candidat de mission» Selon MAMADOU LAMINE DIALLO, PRÉSIDENT DU MOUVEMENT TEKKI
Candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2007, l'économiste Mamadou Lamine Diallo, président du Mouvement Tekki, sort de sa réserve, après un long «silence relatif». Et c'est pour notamment déplorer l'attitude des leaders de Bennoo Siggil Senegaal qui ont déjà déclaré leur candidature à la présidentielle de 2012. Il donne également son point de vue sur le dialogue politique et sur le dossier casamançais. Entretien.





Récemment, le Khalife général des Tidianes a proposé un médiateur pour le dialogue politique. Mais les échanges épistolaires entre l'opposition et le président du Sénat semblent perturber un peu cet esprit. Est-ce que vous êtes optimiste pour la suite ?

Les Khalifes généraux ont fait appel au dialogue. Au niveau de Bennoo, nous avons réfléchi à la question, et notre point de vue est que le dialogue politique est nécessaire pour une démocratie apaisée dans ce pays. Mais, il appartient au président de la République de prendre un certain nombre de mesures de confiance pour aller vers le dialogue politique. Les échanges épistolaires sont ce qu'ils sont, ils sont un peu politiciens, destinés à déstabiliser l'adversaire. Mais, à mon avis, ils ne devraient pas constituer un obstacle pour aller vers un dialogue politique sur les règles du jeu électoral. À notre avis, c'est de cela dont il est question. Le Code électoral, les procédures pour avoir des élections transparentes et régulières, c'est ça le sens du terme. À partir de ce moment, les populations sénégalaises choisiront leurs dirigeants.



Ne pensez-vous pas qu'il y a une crise de confiance qui s'est installée entre Me Wade et les leaders de l'opposition ?

C'est clair. Mais, il appartient au président de la République - c'est lui qui exerce le pouvoir - de prendre des mesures de confiance. Je crois que les propositions de Bennoo disant qu'il faut mettre en place un médiateur assisté d'une Commission cellulaire me paraissent être quelque chose de tout à fait possible. D'autant plus que cela a été fait déjà au Sénégal. Ce n'est pas la première fois et le président pouvait nommer une personnalité indépendante qui pourrait rassurer tout le monde et établir une discussion franche et honnête. Je pense que cela est possible, il faut travailler à ça, le faire de manière ferme, puisque c'est l'avenir du Sénégal qui est en jeu. Pousser les Sénégalais à ça, appeler les citoyens sénégalais à pousser dans cette direction. J'ai fait un peu le tour de l'Afrique, mais la plupart des conflits viennent d'élections mal organisées. Et lorsque vous avez une situation sociale tendue comme la nôtre, il n'y a pas de perspectives pour la jeunesse. Si vous avez des élections mal organisées, ça peut déboucher sur des crises sociales, sur des conflits, d'autant plus que la question de la Casamance est là et n'est pas résolue.



Mais, chaque fois qu'on parle de dialogue, le constat est qu'il n'aboutit jamais. À votre avis, où se trouve le blocage ?

Parce que, principalement, le gouvernement ne veut pas d'un jeu électoral clair, C'est ça le fond du problème. Parce que la plupart des pouvoirs étant des pouvoirs rentiers, nécessairement, ils deviennent impopulaires. Parce que tu ne peux pas gérer des milliers de personnes avec la rente. La rente, c'est un million de personnes, deux millions. À mon avis, c'est jouable. Mais, au-delà, il y a des pressions pour satisfaire les besoins des populations, pour mettre en place d'autres règles du jeu, et le Sénégal en est arrivé là aujourd'hui. Les pouvoirs qui sont là, ne veulent pas de règles de jeu électoral claires, d'un Code électoral transparent, consensuel. C'est pourquoi il y a les tergiversations, les manœuvres, pour arriver à ce que des élections transparentes et régulières ne soient pas organisées dans notre pays. Mais, il faut une poussée, parce que c'est ça aussi la démocratie. Ce n'est pas quelque chose qui s'octroie, c'est une poussée des citoyens conscients de réorganiser l'espace public. Parce que si tu ne le fais pas, tu ne pourras pas à ce moment résoudre les problèmes économiques et sociaux des populations. Ce sont les populations qui doivent oeuvrer à ce qu'effectivement qu'il y ait une réorganisation de l'espace publique, des règles du jeu politique qui soient acceptées par tout le monde. Et de ce point de vue, les Assises nationales ont constitué un moment important de l'histoire de notre pays.



Le président Wade s'est attaqué à la société civile depuis l'étranger, et au même moment, il passe tout son temps à prendre la défense de son fils. Quel commentaire en faites-vous ?

Je trouve que ce n'est pas juste. La société civile est très large, on peut même estimer que les Khalifes généraux font partie de la société civile, l'Église également. Je crois qu'on a une société civile respectée au Sénégal. C'est quand même un des grands avantages de ce pays. La société civile est respectée, elle fait son travail et contribue à l'avancée démocratique et à l'avancée dans les politiques de ce pays. Maintenant, pourquoi il défend son fils ? De temps en temps, il dit que c'est le meilleur au monde. De temps en temps, il est obligé de le défendre. Bon, a priori, le fils, le meilleur au monde, doit pouvoir se défendre lui-même. Mais, à mon avis, ça ne sert pas le Sénégal. Parce qu'on ne peut pas au Sénégal construire une démocrature pour parler comme certains. On ne peut pas construire un pouvoir monarchique, ce n'est pas possible. Il faut un pouvoir démocratique basé sur une citoyenneté responsable pour faire avancer ce pays. Et je crois que l'écrasante majorité des citoyens en est consciente et cette pression est sur le président. Et qu'il vit cette pression-là, qu'il réagisse de cette façon, je pense que le mieux, pour lui, c'est d'abandonner son projet monarchique et d'accepter que le Sénégal a suffisamment de gens capables de le diriger.



Parlons maintenant de Bennoo. Aujourd'hui, la question de la candidature unique est plus que jamais d'actualité. Quel est votre point de vue sur cette question ?

Il faut rappeler ce qu'est Bennoo Siggil Senegaal. C'est une alliance électorale qui avait été montée avec une partie de l'Initiative citoyenne pour la République (Icr). Moi-même, j'en faisais partie, les Talla Sylla et Madièye Mbodj etc. Nous avions fait une analyse froide, en disant qu'il fallait faire une alliance, au moins à Dakar, pour que le Pds ne gagne pas Dakar. Parce que s'il gagnait Dakar, ça serait la porte ouverte à un projet monarchique. Et nous sommes partis discuter avec le Front Siggil Senegaal. Nous avons convenu de créer Bennoo Siggil Senegaal. C'était une alliance électorale en vue des élections locales de 2009. À la suite de cela, il y a eu une pression populaire pour dire que Bennoo, c'est ce qu'il faut, et nous sommes forcés d'être à l'écoute des populations. Voilà comment le problème s'est posé. Maintenant, nous allons vers la présidentielle de 2012. Effectivement, ça et là, on entend parler de candidature unique, de candidature plurielle, y compris des personnalités de Bennoo. En ce qui nous concerne, nous estimons que ce qui est important, dans ce pays, ce sont les Assises nationales. La démocratie se construit, la meilleure façon, par consensus. Il faut d'exercer le pouvoir par consensus. C'est ça qui peut favoriser les progrès socioéconomiques des populations. Il est possible d'avoir des progrès socioéconomiques, mais sous une autre forme, comme le Parti communiste chinois est en train de le faire. Ils sont en train de dominer le monde, en Tunisie etc. Mais ici au Sénégal, compte tenu de notre histoire, c'est le consensus qui me paraît être important sur les politiques publiques, surtout sur les questions fondamentales. C'est la raison pour laquelle, dans la doctrine de l'émergence citoyenne, nous avons posé dès le départ la nécessité d'avoir des assises citoyennes. Les assises, c'est fondamental. Donc, c'est autour de cela qu'on doit construire les transformations sociales de ce pays. C'est la raison pour laquelle nous ne rentrerons pas dans ce débat de candidature unique ou plurielle. Ce que nous disons, nous avons besoin d'une candidature de mission, nous avons besoin d'une présidence de mission pour mettre en musique la Charte de gouvernance démocratique des Assises.



Concrètement, quelle est votre position sur la problématique de la candidature au sein de Bennoo ?

Candidature unique ou plurielle. Pour quoi faire ? Si c'est pour une candidature de rente, une présidence de rente cherchant à exploiter partout où il y a des rentes dans le pays et à les partager entre les membres de sa famille ou la clientèle politique, ça ne nous avance à rien. Le président Wade a fait ça, il le fait très bien. On voit où l’on en est, les jeunes prennent les pirogues pour aller à l'étranger. Donc, cette voie, il faut la fermer. Par conséquent, ce qui est important aujourd'hui au sein de Bennoo, c'est de clarifier la mission que cette coalition doit accomplir pour appliquer la Charte de gouvernance démocratique. Il faut clarifier ça au sein des Assises nationales. Parce qu'effectivement, nous avons discuté sur la Charte de gouvernance démocratique. Mais, il faut préciser les missions, parce que la Charte de gouvernance démocratique, c'est des transformations sociales. Des transformations qui vont prendre une génération. Donc, si vous voulez le faire, il faut amorcer ce travail, il faut pouvoir dégager des priorités et établir un programme de mesures d'urgence de transition, pour certains, sur une période de cinq à sept ans. C'est ça qu'il faut clarifier et avoir un consensus sur ça. Dès lors qu'on aura un consensus sur ce qu'il faut faire, la question sera de savoir quelle est la personnalité qui va porter ça. À mon avis, ça va se résoudre très facilement. C'est pourquoi nous estimons, au niveau du Mouvement Tekki, qu'il faut travailler en deux étapes. La première est de convaincre les Assises nationales et l'ensemble des citoyens responsables de ce pays qu'il faut une candidature de mission, qu'il faut un président de mission, déterminer les contours de cette mission, avoir un consensus sur cela, et à partir de ce moment, dégager l'équipe et le chef d'équipe qui sera capable de remplir cette mission.



Comment jugez-vous l'attitude de certains leaders de Bennoo qui ont fini de déclarer leur candidature, provoquant la réaction de certains chefs de parti de l'opposition comme le Pr Bathily, qui a soutenu qu'il y a des gens qui pensent qu'ils sont nés pour être président ?

Personnellement, je ne pense pas que je sois né pour être président de la République. Maintenant, je pense que c'est une erreur tactique qui a été commise. Durant l'hivernage 2009, la situation sociale était dramatique dans la banlieue, Latif Coulibaly a sorti son livre sur l'Anoci pour dénoncer la mal-gouvernance de l'Anoci. À partir de ce moment, le gouvernement a été muet pendant trois semaines, nous ne l'avons pas entendu. Le président Wade est revenu pour dire : «Moi, je suis candidat pour 2012». Il a fait un mouvement tactique, astucieux, et ça a entraîné un certain nombre de personnalités dans Bennoo à le suivre. Or, il ne fallait pas le faire, parce que ce qui est important, c'est d'expliquer aux Sénégalais pourquoi ils souffrent, leur expliquer que c'est à cause de la politique publique du Sopi, menée par Wade, qui est à l'origine des souffrances des Sénégalais. Les leaders qui se sont déclarés candidats ont commis une erreur tactique.



Quelle solution préconisez-vous pour une paix définitive en Casamance où la violence a repris ses droits depuis quelques mois ?

Vous savez, mon père est enterré en Casamance. Je suis attaché à la Casamance, c'est un problème douloureux, ce n'est pas facile. Le président Wade avait dit qu'il va le régler en cent jours. Il est toujours là et s'il dit qu'il est près de la résolution de ce conflit, on peut en douter. Un conflit de ce type qui dure depuis plus de vingt ans a forcément un impact, des ramifications dans les pays alentour. Je crois qu'on ne peut pas résoudre ce problème sans la Guinée-Bissau et la Gambie. Je pense que ces pays-là nous apporteraient beaucoup. Nous avons formulé un certain nombre de propositions. Et une des propositions, c'est de dire qu'il faut poser sur la table la question de l'union politique avec la Guinée-Bissau, parce que nous sommes dans la même union monétaire, et le Sénégal a favorisé la candidature de ce pays pour sa rentrée au sein de cette union. L'union monétaire n'a de sens que si vous allez vers l'union politique. Il faut que ça soit clair, sinon ce n'est pas la peine. À mon avis, vu la faiblesse institutionnelle de l'État de Guinée-Bissau, le Sénégal a intérêt à pousser à l'union politique avec ce pays. L'autre problème, c'est le pont sur la Gambie, on doit s'entendre avec la Gambie, pour avoir un pont. Vous savez, le problème de la Casamance, c'est le nid de frustrations, et il faut pouvoir les lever, sécuriser les populations pour qu'elles puissent vaquer à leurs occupations, entamer les négociations avec le Mfdc.


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