Quelle place occupera, dans l’ordre protocolaire, le président de l’Anoci, Karim Wade, lors de la tenue du sommet de l’Organisation pour la conférence islamique à Dakar ? La question ne manque pas d’intérêt au vu du branle bas qui a accompagné la préparation du 11ième sommet de Dakar.
En 1991, le Sénégal a abrité le sommet de l’Organisation de la Conférence islamique (Oci), pour la première fois de son histoire, sans tout ce tintamarre. Un commissariat général à la préparation de l’Oci avait été mis sur pied. Ses missions étaient ponctuelles, aussi bien dans l’espace que dans le temps. Cette structure, alors dirigée par Abdoul Wahab Talla, gendre de feu Kéba Mbaye et par la suite Directeur du Miferso, disposait d’un personnel réduit. Elle n’avait pas nécessité l’instauration d’une commission culturelle, encore moins chargée de la Communication. Sa mission consistait tout au plus à l’édification d’infrastructures dont l’hôtel méridien Président évalué alors à 30 milliards de F Cfa.
Les cérémonies de récital du coran organisées présentement à travers toutes les régions du pays jurent d’avec la sobriété des prières de 1991 pour la bonne tenue du sommet. Le défunt Khalife général des Tidianes, Abdou Aziz Sy Dabakh, choisi pour s’acquitter de cette tâche avait alors désigné Ansou Niang de Sirmang (frontière entre le Sénégal et la Gambie) pour dire un Khalwa (Prières) sur le site du Méridien devant abriter le sommet.
Pourtant, le contexte était plus lourd de menaces en 1991, coïncidant avec la fin de la tempête du désert et des hostilités entre le Sénégal et la Mauritanie… Sans conduire le Président Abdou Diouf à l’alarmisme gratuit. Mais le sommet de 2008, celui de Wade, est bien plus qu’un simple sommet, pour être le point de départ de l’intronisation du Prince héritier. Car, la création d’un commissariat général en 1991, autant que celle d’une Agence nationale en 2008, ne devraient répondre qu’à un objectif précis : la préparation du sommet de l’Oci.
En termes clairs, la mise en oeuvre des conditions nécessaires pour accueillir les hôtes du Sénégal. Ce qui signifierait qu’à la veille du 8 mars, qui marque le début du sommet, Karim Wade et son staff devront rendre le tablier pour laisser la place à la diplomatie sénégalaise. Seule maîtresse d’œuvre en la circonstance. Il ne saurait en être autrement car, l’Anoci n’est qu’un organisme subsidiaire de l’Etat du Sénégal. La preuve : quel sera le rang de Karim dans le protocole durant la tenue du sommet ? On ne peut lui attribuer un quelconque rang sans faire fi de l’ordre de préséance.
Mais l’obstination du Président Wade à tenir un deuxième sommet à Dakar, puis a en confié l’organisation à son fils prendra bien le dessus sur tout autre obstacle. D’autant que le succès de cet 11ième sommet serait une formidable rampe de lancement pour Karim Wade dont les ambitions ne sont plus un secret pour personne.
Quoi de plus normal d’ailleurs qu’il ait choisi, dans le cadre d’une organisation de pays totalement ou partiellement islamiques où la souveraineté des peuples, pour ne pas dire la démocratie, est à rude épreuve, pour afficher ses ambitions. En effet, l’Oci, tout en étant un formidable creuset des nations islamiques, a également la spécificité d’être composée par des Etats où la succession au pouvoir est héréditaire. Les exemples sont légion : Abdallah a pris la place de son père Hussein de Jordanie, un autre Abdallah, cette fois ci en l’Arabie Saoudite a succédé au roi Fahd dans le cadre strictement familial, Moubarack fils et Saïfi Khaddafi sont sur les traces de leur père, notamment en Egypte et en Libye.
Mais le Sénégal a aussi sa spécificité, celle d’avoir été pendant de longues années une vitrine pour la démocratie en Afrique. Sans cela, Abdoulaye Wade n’aurait peut-être jamais accédé au pouvoir.
1 Commentaires
Talibe
En Juin, 2011 (08:25 AM)Participer à la Discussion