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Politique

L’ O C I accorde au président Wade ce que l’ U A lui refuse

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L’ O C I accorde au président Wade ce que l’ U A lui refuse

APA-Dakar (Sénégal) En désignant Me Abdoulaye Wade à la présidence en exercice de leur organisation, pour les trois prochaines années, quasiment jusqu’à la fin de son second mandat électif, les 57 pays membres de l’Organisation de la Conférence Islamique viennent de lui confier des responsabilités que l’Union africaine tarde, à ce jour, à lui attribuer depuis son arrivée au pouvoir, il y a exactement neuf années.

Même si le chef de l’Etat sénégalais n’a jamais manifesté publiquement, le moindre désir de présider l’organisation panafricaine, il lui restera toujours à prouver, qu’au contraire du Guide libyen Mouammar Kadhafi, qui n’y est jamais arrivé en 38 ans de pouvoir malgré ses énormes états de services pour l’Afrique, il lui est toujours loisible de réunir, sans grande peine, un consensus continental autour de sa personne.

La véritable bagarre de leadership qui a toujours opposé Me Wade, depuis son arrivée en 2000, sur la scène panafricaine au Sommet de Lomé (Togo), autant aux dinosaures de la trempe de feu Gnassingbé Eyadema, Omar Bongo Odimba et leur cadet Gbagbo Laurent, qu’au triumvirat constitué par l’axe Alger-Lagos-Pretoria, lui laissait et lui laissent encore, fort peu d’espace direct de déploiement qualitatif.

Aussi, le chef de l’Etat sénégalais a-t-il été condamné sur la scène africaine, autant que son allié alternatif Mouammar Khadafi, à ne penser et agir que par délégation. Avec, pour tous les deux, cette déplaisante obligation de devoir laisser aux autres, le soin de mettre en œuvre, comme le leur dicteront leurs intérêts (immédiats), les idées et les initiatives auxquelles ils tiennent pourtant par-dessus tout.

Il en est du Nepad, dérobé depuis son parachèvement conceptuel, de son spectre continental et captif jusqu’ici d’un seul pays et de sa zone directe d’influence économique, comme de ce projet de vitalisation de l’Organisation panafricaine, inlassablement dévoyé, avec de plus en plus de succès, par ceux-là qui ne s’y sont jamais résolus, sans oser le combattre publiquement.

En cela, l’impressionnante fabrique d’idées qu’à toujours été la diplomatie sénégalaise, a davantage été condamnée, pendant les années Wade, à un véritable travail de Sisyphe où l’inefficacité l’a toujours disputé à la généreuse naïveté. Avec, pour unique consolation, le seul sentiment du devoir accompli, face au jugement de l’histoire.

Les rares fois où cette générosité a abouti, au plan africain, sur des réalisations non entachées et indiscutables, c’est quand elle a délibérément choisi, envers et contre tous, de travailler en solo (voir en régie) comme ce fut le cas dans le dossier Malgache qu’elle à conduit et résolu avec panache. Quitte à en payer le prix ensuite, en inimitié. Celle-là vient-elle de la frustration du voisin Nigérian Olusegun Obasanjo ou du sentiment de lèse majesté d’une puissante Afrique du Sud mitoyenne. Mais moins insensible…

Et c’est ici que l’on lira, avec le plus de clarté, tout l’intérêt du mandat islamique que le chef de l’Etat sénégalais étrenne, avec confiance, depuis le vendredi 14 mars, au soir de la onzième conférence au sommet, de cette autre sphère de solidarité, qu’est l’OCI.

Pour la première fois depuis son arrivée sur la scène diplomatique panafricaine et universelle, en effet, Abdoulaye Wade semble disposer enfin, de toutes les cartes en mains. Pour agir par lui-même et directement, en apparente complicité avec les acteurs majeurs, sur les faits, événements et dossiers préoccupant la communauté d’Etats qui lui a attesté sa confiance.

En cela, ses déclarations lors de la conférence de Dakar 2008, mériteraient davantage d’attention. De suivi, sur le terrain pratique de leur mise en œuvre.

Après le test sur le dossier tchadien qu’on ne lui avait guère laissé la latitude de boucler lors d’initiatives antérieures, le chef de l’Etat sénégalais a pris témérairement le monde à témoin, dans sa volonté, d’une part de trouver une solution viable dans le conflit du Moyen orient et d’autre part, d’atténuer la pauvreté au sein de la Ummah.

Tout, pratiquement toute l’écume des idées reçues à ce jour, le condamnent à l’échec. Sans appel.

La première difficulté du président Wade, diront les moins sceptiques, c’est l’accaparement délibéré, depuis l’Administration Carter à la fin des années soixante dix, du dossier moyen oriental, par les Américains et l’incapacité d’une puissance majeure comme l’Europe, d’y détenir la moindre part d’initiative. Quant à la lutte contre la pauvreté, le bilan de l’action du président sénégalais, dans son propre pays, édifierait à souhait, sur ses limites objectives…

Mais, de telles sentences réduisent le monde à ses contours actuels. Au contraire du président Wade, un octogénaire largement instruit des évolutions les plus inattendues de l’époque contemporaine, elles ne tiennent nullement compte des inévitables basculements de l’histoire qui font aussi corps avec l’aventure humaine et qui, fort souvent, ne demandent qu’à être provoqués, inspirés voire plus simplement encore, suggérés.

Pour mémoire, c’est dans la capitale sénégalaise que son prédécesseur Abdou Diouf, épaulé par des milieux d’affaires sud africains las des pertes que leur faisait alors subir l’absurde système d’apartheid, avait fort opportunément dégivré l’énorme bloc de glace qui cloisonnait jusque là, les différentes composantes de la société multiraciale sud africaine.

Diouf avait compté avec les conseils de jeunes juristes africains et l’appui direct d’intellectuels et militants anti-apartheid sud africains réunis par le poète Breyten Bretenback autour de l’Institut pour la Démocratie en Afrique du Sud (IDASA).

Nelson Mandela ne s’y était pas trompé, en allant à Dakar, dès après sa libération, le remercier pour avoir donné, en complicité avec les multinationales et les intérêts politiques américains de l’époque, le coup d’envoi des négociations qui ont connu pas la suite, l’amplitude que tout le monde sait.

Abdoulaye Wade sait certainement aujourd’hui, de quoi il parle, quand il choisit, dans un instant aussi solennel que la cérémonie d’ouverture d’une organisation qui rassemble les musulmans du monde, d’inviter toutes les fractions palestiniennes à un Congrès qu’il se dit prêt à abriter au Sénégal.

Si ses échanges avec le Premier ministre Shimon Péres devaient le conduire à Tel Aviv, son hôte aurait certainement le loisir de lui montrer à l’occasion, les traces d’un autre de ses prédécesseurs, le président Leopold Sédar Senghor.

Le premier chef de l’Etat sénégalais a eu à conduire dans les années soixante-dix, la délégation constituée par l’OUA, sur son initiative, pour aller plaider, en vain, la «Paix par le dialogue», auprès d’Israël.

C’était au sortir de six guerres israelo-arabes ; plus absurdes les unes que les autres, avec leurs cortèges de cadavres, d’humiliation et de rancœur trans générationnelle.

Mais, ce n’était guère encore, l’avènement de l’intelligence qui domine aujourd’hui, si nettement ce début de troisième millénaire.

Yasser Arafat n’est plus. Comme lui, deux anciens Premiers ministres israéliens au moins, gisent dans le coma, depuis des mois, quasiment côte - à - côte, après avoir épuisé leur vie dans le combat militaro-sécuritaire, à la quasi indifférence des médiats et milieux d’influence qui entretenaient leur bellicisme.

C’est ce fameux «équilibre des armes» qu’évoque le chef de l’Etat sénégalais et qui semble nourrir l’enthousiasme du plus « américain » des dirigeants francophones d’Afrique. Il lui reste à montrer de quel levier dispose en réalité son «little Sénégal», pour prétendre soulever le mont Sinai…

Quant aux différents mécanismes et taxations sur la Zakat, les pétrodollars et les intérêts (religieusement illicites), c’est au vieil universitaire devenu président, de prouver dans les trois prochaines années, par quelle alchimie, il pourrait aider à bâtir les rouages transnationaux d’une nouvelle économie islamique que l’OCI appelle désespérément de ses vœux, depuis la création de la BID, dans le contexte du premier choc pétrolier des années soixante-dix.

D’ici là, c’est un euphémisme, de constater que cette diplomatie des idées n’est pas forcément au goût de tous ses compatriotes. Mais à défaut de ressources minérales stratégiques, le Sénégal n’avait-il pas fait le pari, depuis Senghor, de vivre de ses idées ?

Le problème, pour les nouvelles générations, c’est que le monde également a changé. Les producteurs d’idées qui avaient hier la faculté de mener et d’orienter le monde, sont plutôt aujourd’hui au service exclusif des détenteurs de richesses.

Alors faut-il réfléchir ou produire et créer des richesses ? Un autre thème que l’OCI aurait pu retenir sur ses tablettes. Les jeunes « analphabètes en français » qui dirigent le plus grand holding d’investissements privé du Sénégal pourraient en animer le tout premier des panels.



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