La société civile dénonce la crise des valeurs

Les pourparlers se poursuivent au sujet des assises nationales. Après la publication du projet de termes de référence, les leaders du Front « Siggil » Sénégal ont rencontré hier, mardi 27 novembre les dignitaires du Collectif des Ong d’appui au développement (Congad). Ces derniers ont épousé l’esprit et la lettre de cette initiative et promettent une concertation en leur sein pour donner leur contribution. Les deux parties sont presque en phase sur les constats et diagnostics de la situation sociopolitique et économique du Sénégal. 

Les assises nationales initiées par le Front « Siggil » Sénégal commencent à fédérer beaucoup d’organisations. La dernière en date est le Collectif des organisations non gouvernementale d’appui au développement (Congad). Les responsables des Ong membres et structures affiliées avec comme tête de pont les membres du Conseil d’administration partagent l’initiative et les développement des chefs de partis de l’opposition dite significative. « Il est évident que le pays est arrivé à une situation très préoccupante parce qu’il n’y a pas de dialogue. Les événements de ces derniers jours avec les émeutes provoqués par les marchands ambulants le démontrent à suffisance. Il n’y a pas eu de réactions pour dire halte alors qu’on parle des difficultés dans les chambres, les bus, les marchés, etc », a expliqué la membre du Conseil d’administration du Congad, Marième Deme. Elle a déploré un manque de « citoyenneté responsable » et a plaidé pour que cela soit pris en charge dans les assises.

Le responsable du Forum social sénégalais, Mignane Diouf s’est insurgé contre la forte dépendance alimentaire du Sénégal et se demande : « qu’est ce qu’il faut faire pour arrêter cette dépendance ? » Selon lui, le Sénégal mange à 99,9 % à l’étranger ce qui pose un sérieux problème de souveraineté. Mignane Diouf a révélé des statistiques du Fonds mondial pour l’agriculture et l’alimentation (Fao) qui démontre que le Sénégal achète 22 % du marché mondial du riz.

Le vice-président du Congad, Amacodou Diouf a, par ailleurs, estimé que c’est une chance pour eux d’avoir rencontré les membres du Front « Siggil » Sénégal après la parution des termes de référence. « Nous pensons comme tout le monde qu’il est tout à fait utile pour le Sénégal de créer des cadres de discussion et d’échanges autour des problèmes fondamentaux du pays », a-t-il indiqué. Il a, en effet, affirmé qu’ils ont lu les termes de référence et qu’ils ont compris que c’est un appel à l’essence, au dialogue autour des problèmes économiques, sociaux, politiques et culturels du Sénégal. « Par voie de conséquence, en bon citoyen Sénégalais, nous sommes effectivement pour ce dialogue qui est extrêmement utile », a tenu à souligner Amacodou Diouf.

« Nous avons peur pour notre pays »

Le vice-président du Congad s’est permis une analyse de ce qui s’est passé au Sénégal ces derniers jours. Il a, à cet effet, pensé qu’à la lumière de cela, il faut effectivement souligner qu’il y a de fortes raisons de dialoguer. Son avis est qu’il faut un dialogue politique national pour une paix civile. « Il est absolument indispensable pour ce pays de regrouper tous les acteurs politiques autour d’une concertation extrêmement large. Mais considérer aussi que les autres acteurs de la vie civile ne sont pas bien impliqués dans la chose politique et qu’il faut tour faire pour pouvoir discuter sur des questions clés du Sénégal. A défaut, nous avons peur pour notre pays », a argumenté Amacodou Diouf.

Pour ce qui est de la contribution du Congad à ces assises nationales, le vice-président a expliqué qu’ils ont commencé à réfléchir sur la forme, ensuite sur le contenu de ces termes de référence. « Nous allons continuer la réflexion, dors et déjà il y a des éléments assez intéressants qui sont entrain d’être discutés », a-t-il précisé. Pour lui, « les minutes de discussions qu’ils ont eu au cours de cette rencontre leur servirons de base pour convoquer les Ong membres du Congad pour discuter amplement sur certains éléments de contenu liés au mode de déroulement de ces assises ». Le vice-président du Congad ajouté qu’il a été constaté qu’il y a des commissions qui sont prévues en plus d’un comité national. Et qu’il est, à leur niveau, important de voir comment ils vont dérouler ces mécanismes afin qu’il ait une forte participation et riche des Sénégalais. Le consortium d’Ong compte, en outre, revenir sur les questions de méthodologie, de durée qui ne figure pas encore dans les termes de référence.

Le discours des leaders du Front « Siggil » Sénégal n’a presque pas varié. Ils ont fait un diagnostic « alarmant » et assez « exhaustif » de la situation socioéconomique et politique du Sénégal qui justifie la tenue d’assises nationales. « Il faut des concertations pour décider de maintenir le Sénégal sur les rails de la démocratie, de la laïcité et du développement », a défendu le secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), Amath Dansokho. Alors que son homologue du Parti socialiste (Ps), Ousmane Tanor Dieng a signifié aux membres de la société civile qu’ils n’ont pas « la thérapie, qu’ils ont simplement l’initiative de la démarche. Il est nécessaire de se concerter pour un consensus sur les solutions à court, moyen et long terme ».