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Politique

Landing Savané (Secrétaire général d'Aj) : « Depuis 2006, il y a une rage de détruire And Jëf »

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Landing Savané (Secrétaire général d'Aj) : « Depuis 2006, il y a une rage de détruire And Jëf »
La perte d’un responsable d’un fief non négligeable d’And-Jëf et les nombreux soubresauts que connaît son parti ne semblent pas émouvoir Landing Savané. Pas plus qu’il ne doute point d’être le seul détenteur du récépissé d’Aj malgré la reconnaissance, par l’Etat, d’une autre tendance se réclamant du même parti. Dans l’entretien qui suit, le patron d’Aj soutient, en outre, qu’il n’est pas exclu que Wade révise, pour la énième fois, la Constitution pour restaurer l’élection présidentielle à un tour. Auquel cas, l’opposition devrait, selon lui, présenter un seul candidat pour battre ce dernier.

Wal Fadjri : Votre parti vient de connaître la défection de votre responsable à Thilogne qui a rejoint le camp de Decroix. Quelle appréciation en faites-vous ?

Landing Savané : C’est à travers la presse que j’ai su cette information. Mais, pour être honnête avec vous, aucun camarade n’a été surpris. Vous savez, on est au Sénégal. Les intérêts personnels ont tendance à primer sur les intérêts collectifs. Donc, chaque cadre prend sa responsabilité en faisant ce que sa conscience lui dicte. Cependant, j’attends la confirmation officielle de cette information. Mais, le départ d’un responsable ne signifie pas le départ des militants. Si vous comprenez cela, vous aurez compris la crise de Aj /Pads. C’est une crise de responsables qui ont besoin d’engranger des dividendes par rapport à ce qu’ils considèrent comme des sacrifices qu’ils ont consentis dans leur vie. Mais la grande masse des militants qui ne milite pas pour cette manière mais pour l’intérêt et l’avenir du pays, est toujours là avec nous. Et c’est le plus important pour nous. Cela est valable au Fouta, en Casamance et dans le bassin arachidier. Pour vous rassurer, j’ai téléphoné ce matin (hier, Ndlr) à Matam et les camarades m’ont dit qu’il n’y a pas péril en la demeure.

Wal Fadjri : Thilogne était un fief non négligeable d’Aj. En perdant et la commune et votre responsable local, cela ne vous rend-il pas pessimiste pour l’avenir ?

Landing Savané : Encore une fois, Thilogne va rester un fief d’And-Jëf. A ce niveau, il n’y a aucun doute. L’avenir nous le dira. Je vous ai dit tout à l’heure qu’il ne faut pas confondre le départ d’un responsable et celui de la base. Nous avons toujours eu l’avantage de faire confiance à la base et cela ne nous a pas déçus, grâce à Dieu. Si vous prenez le cas de Sédhiou, où, sur une liste, Aj a été représenté et a gagné les élections municipales, il y a eu aussi ce problème. Mais ce qui est important, c’est que les bases sont toujours avec nous.

Wal Fadjri : Vous gagnez une commune qui est actuellement sous délégation spéciale et en même temps vous perdez un responsable au profit de la mouvance présidentielle. Pensez-vous qu’il y a une volonté du pouvoir de vous nuire ?

Landing Savané : Depuis 2006, on veut faire mal à Aj. Cela va de soi. Les crises ne s’expliquent que par cela. Il y a une rage de détruire And-Jëf et son Secrétaire général, mais, nous, aussi, nous sommes des militants et des responsables qui avons une expérience de lutte. Et ceux qui sous-estiment ce capital-expérience verront qu’on ne peut pas se lever un jour et décider de faire disparaître Aj ou faire disparaître Landing Savané. C’est un rêve debout et, grâce à Dieu, nous montrerons qu’il n’est fondé sur rien. Nous nous battrons dans l’opposition et nous apporterons notre contribution au changement que le Sénégal attend aujourd’hui ?

‘Il y a un seul récépissé à Aj et je le détiens’

Wal Fadjri : Que comptez-vous faire pour arrêter cette saignée ?

Landing Savané : Mais c’est une saignée qui est positive ! J’ai dit qu’il y a un moment où il faut que certains partent pour que le parti puisse revivre. Le parti étouffait du fait d’un nombre de responsables, de cadres intermédiaires ou à un niveau élevé qui mettaient en avant des intérêts qui n’ont rien à voir avec les intérêts du pays et les intérêts du peuple sénégalais. Que ces éléments, aujourd’hui, nous quittent pour mieux veiller à la défense de leurs intérêts privés, c’est tant mieux pour le parti. Ceci ne va que régénérer le parti et lui permettre de se développer et d’aller de l’avant (…).

Wal Fadjri : Votre congrès est prévu au mois de décembre alors qu’on a appris que l’autre tendance a déjà obtenu le récépissé du parti. N’y a-t-il pas quiproquo ?

Landing Savané : Il n’y a pas deux récépissés. Comme cela existait par le passé, dans plusieurs partis, il y a des moments où deux dirigeants ou prétendus dirigeants se battent pour la légitimité. Ç’aurait pu être ce qui est arrivé aujourd’hui. Mais ce n’est même pas le cas puisque l’un des groupes a décidé d’aller vers le Pds et l’autre a choisi d’aller vers l’opposition. Il n’y a même plus d’enjeux aujourd’hui. Les uns sont avec le pouvoir, nous nous sommes contre le pouvoir, donc ils peuvent continuer là où ils sont. Cela ne nous dérange pas. L’essentiel est qu’ils ne peuvent pas nous empêcher de continuer le combat que nous menons.

Wal Fadjri : Mais, l’Etat ne peut pas délivrer deux récépissés pour un même parti politique, tout de même…

Landing Savané : (Il coupe). Je dis et je le répète qu’il n’y a qu’un parti et un seul récépissé qui a un numéro et une date. Donc, il ne saurait y avoir un autre récépissé sous le même nom comme je l’ai toujours dit. On reconnaît une association une seule fois et c’est tout. Maintenant, il peut y avoir dans l’association des batailles de légitimité à différents moments. C’est ce qu’on essaie de créer aujourd’hui. Mais cela ne nous émeut pas. D’ailleurs, comme vous pouvez le constater, ce n’est un problème que pour la presse. Pour nous, il n’y a pas de problème. Nos militants sont là, nos responsables sont là, nos instances sont là, nous fonctionnons.

Wal Fadjri : Est-ce qu’il n’est pas grand temps de faire le bilan de votre parcours ? Aj ne s’est jamais bien illustré aux élections et, aujourd’hui, vous voilà séparé d’un nombre important de responsables de votre parti. Votre avenir politique ne s’est-il pas assombri ?

Landing Savané : Nombre de responsables du parti pensent que beaucoup d’anciens responsables qui nous ont quitté ont saboté la campagne électorale de 2007. Et à regarder les choses de près, on a de bonnes raisons de le penser aujourd’hui. Mais tout cela, c’est du passé, ce n’est pas important.

Wal Fadjri : La seule alternative qui semble s’imposer à vous est de vous allier avec Benno. Mais, de ce côté-là l’on semble ne pas trop vous faire confiance. Cela n’est-il pas gênant pour vous ?

Landing Savané : Nous n’avons aucun problème avec Bennoo Siggil Senegaal. Si la coalition le dit, je n’en suis pas au courant. En tout cas, je remercie les partis de Benno Siggil Senegaal publiquement. Ils sont venus à notre conseil national et y ont fait des interventions très franches pour lesquelles je ne peux que les remercier. Je n’ai rien à leur reprocher. J’ai dit que c’est pour des raisons de management de notre parti et de notre crise que nous n’avons pas pu précipiter une prise de décision les concernant (…). Mais, nous ne voulons pas aller à Benno pour aller à Benno et donner l’impression de chercher refuge. Non. Nous voulons montrer que nous sommes capables de nous battre tout seuls.

Wal Fadjri : Mais est-ce que vous avez d’autres choix ?

Landing Savané : Bien sûr que oui. La preuve est que nous ne sommes pas encore à Benno. Aller à Benno est une possibilité. Nous l’envisageons et nous l’étudions. Il y a des partis qui sont à Benno, d’autres sont dans la majorité présidentielle. En politique, tous les cas de figures sont possibles. L’essentiel, c’est que nous travaillons à avoir les meilleures relations possibles avec Benno Siggil Senegaal. Nous sommes dans les Assises nationales aujourd’hui et nous travaillons pour prendre la bonne décision. Et nous souhaitons rencontrer d’ailleurs Benno Siggil Senegaal, très prochainement pour mieux savoir ce qui s’y passe. Parce qu’on ne va pas dans une direction sans quand même comprendre comment les choses fonctionnent. Ce qui est le plus important, c’est que nous sommes de tout cœur avec tous ceux qui se battent contre le régime en place et contre le système d’Abdoulaye Wade. Et de ce point de vue, nous sommes engagés avec Benno Siggil Senegaal dans la même bataille.

‘Je vais continuer de me battre. Car, quand je me bats, je suis heureux. C’est quand je suis dans les cadres institutionnels que je suis mal à l’aise’

Wal Fadjri : La question qui est agitée aujourd’hui au sein de cette coalition est celle de la candidature unique. Quelle est votre idée là-dessus ?

Landing Savané : S’il y a une candidature unique, nous la soutiendrons.

Wal Fadjri : Etes-vous candidat à une candidature unique ?

Landing Savané : Je ne suis pas candidat pour l’instant puisque la question ne se pose pas. Je pense que cette question est importante d’autant qu’on parle du plan de révision, encore une fois, unilatérale du code électoral pour qu’il y ait un tour. Nous pensons qu’à chaque initiative unilatérale du pouvoir, doit répondre une initiative majeure des forces de l’opposition. Donc, s’il y a un tour, tout le monde devra faire un sacrifice pour qu’il y ait un candidat unique pour battre Wade.

Wal Fadjri : Donc, vous pensez que le pouvoir va oser revenir à un scrutin à un seul tour ?

Landing Savané : Il y a eu par le passé des révisions unilatérales et l’on n’a pas pu les empêcher. Ils ont la majorité à l’Assemblée nationale et font ce qu’ils veulent. Personne ne peut les en empêcher. Donc, au lieu de faire la politique de l’autruche, il faut envisager une réponse pragmatique à cette initiative unilatérale.

Wal Fadjri : Est-ce que Landing a rompu avec le radicalisme au point d’accepter le fait accompli ?

Landing Savané : J’ai toujours été réaliste. Entre 1998 et l’an 2000, quand nous étions dans l’opposition, il est arrivé un moment où les partis de l’opposition ont voulu boycotter les élections à cause de l’affaire des cartes israéliennes. J’avais dit qu’il n’était pas question de boycotter ces élections. Nous irons et nous utiliserons notre intelligence pour les battre. Parce que nous ne sommes pas des enfants de chœur. Notre expérience doit, quand même, servir à quelque chose. Nous devons pouvoir les battre quelle que soit l’arme qu’ils ont utilisée. Et par des moyens démocratiques et légaux. Cela fait quarante ans que je suis sur le champ politique. Je vais continuer de me battre. Car, quand je me bats, je suis heureux. C’est quand je suis dans les cadres institutionnels que je me mets mal à l’aise. Aujourd’hui, j’ai retrouvé le bonheur de vivre et de me battre pour la justice, la paix, pour le développement de ce pays et pour la réalisation des aspirations des populations. C’est cela ma vie. Je suis plus à l’aise dans l’opposition Et je suis content aujourd’hui de retrouver les conditions qui me permettent de le faire au mieux.

‘Si Wade veut réviser la Constitution pour restaurer l’élection présidentielle à un tour, personne ne peut l’en empêcher’

Wal Fadjri : Peut-on dire qu’entre vous et Wade la page est définitivement tournée ?

Landing Savané : Je pense qu’avec Wade, en tant que président de la République et secrétaire général du Pds, la rupture est consommée. Maintenant, c’est une personnalité du pays avec laquelle, de toute façon, il faut discuter. Même à l’époque du Parti socialiste, les gens discutaient. Aujourd’hui, je crois que les hommes politiques de ce pays doivent pouvoir parler entre eux. Quelles que soient nos divergences et leur gravité, on doit parler. Parce que l’avenir du Sénégal en dépend. Mais, je pense qu’il ne sera plus possible à un niveau bilatéral de trouver des arrangements. Il faut que les leaders politiques de ce pays puissent s’assoir ensemble et trouver des solutions ensemble pour ce pays.

Wal Fadjri : Donc, pour vous, un soutien en 2012 à Wade est exclu ?

Landing Savané : Si je n’ai pas pu le soutenir en 2007, je ne vois pas comment je pourrais le soutenir en 2012. Je ne peux pas être dans une coalition avec le président Wade. Je suis dans l’opposition. Les mots, il faut leur donner un sens. C’est mon défaut : quand je suis quelque part, j’y suis et quand je quitte je quitte. Je prends mes responsabilités. Je ne sais pas jouer double jeu (…).

‘Je ne peux pas être dans une coalition avec le président Wade. Je suis dans l’opposition’

Wal Fadjri : Que pensez-vous des révélations faites par Abdou Latif Coulibaly dans son dernier livre ayant trait à la gestion de l’Anoci ?

Landing Savané : Un principe de base de la gouvernance démocratique, c’est de rendre compte. Aujourd’hui, il y a un livre qui interpelle ceux qui ont géré l’Anoci sur des questions extrêmement graves. Ils doivent répondre. Et la justice et l’Etat en particulier est interpellée au plus haut niveau. Est-ce que l’Etat réagira dans le sens où l’attendent les Sénégalais ? Tout le monde en doute. Mais les Sénégalais considèrent ces accusations comme fondées dans la mesure où il n’y a pas jusqu’ici de réponses à ce qui est dit dans le livre (…).



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