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Politique

LE DIALOGUE POLITIQUE EN QUESTION : 17 propositions pour l’action

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LE DIALOGUE POLITIQUE EN QUESTION : 17 propositions pour l’action

A l’heure où le débat sur le dialogue politique occupe les Etats-majors politiques, je pense que l’enjeu est si important, qu’il mérite d’être élucidé, pour que notre pays demeure un phare, une référence et un modèle, qui montre la voie aux autres. 

Il découle d’un constat vérifié ou supposé, que notre démocratie n’est pas sereine. Elle est turbulente et verbalement violente, parce que farouchement crypto personnelle. Pour l’améliorer, je propose les 17 mesures suivantes :

1. Si nous voulons la consolider, nous devons, d’abord, la rendre sereine, vertueuse, responsable et impersonnelle ;

2. Cela suppose que les principaux acteurs fassent l’effort d’être ou de devenir des démocrates authentiques, c’est-à-dire, des hommes et des femmes de bonne foi, respectueux de leur prochain, partageant les mêmes valeurs, soucieux, avant tout, de l’image du pays et des intérêts supérieurs de la Nation, aux lieu et place de leurs intérêts individuels, catégoriels ou collectifs, parce qu’il s’agit de la République ;

3. La démocratie suppose le respect du verdict populaire par tous. Pour y contribuer, tous les acteurs doivent accepter la défaite comme la victoire et cesser de prendre leurs désirs pour des réalités ;

4. La démocratie implique l’adhésion de chacun aux règles d’un jeu librement négocié et accepté. Pour y parvenir, le dialogue entre partenaires est indispensable ; un dialogue participatif, ouvert, tolérant, confiant, paisible, capable de fonder des consensus forts, prenant en compte les intérêts de chacun, à condition qu’ils soient compatibles avec la morale et l’éthique ;

5. Développer une telle synergie nécessite un respect profond du peuple et des institutions qui l’incarnent, la reconnaissance des choix faits par celui-ci, qu’ils nous plaisent ou non ;

6. Le défaut de modestie, pour ne pas dire le nombrilisme, qui porte à se considérer comme le seul et unique représentant du peuple, défaut qui conduit son auteur à s’arroger le droit autoproclamé de parler au nom du peuple, dans son entièreté, alors qu’il ne nous a investi d’aucun mandat explicite, doit être évité. Nous sommes des fractions du peuple, rien que des fractions ;

7. Disposer d’un parti politique est une responsabilité. Elle ne donne pas tous les droits et n’autorise pas toutes les ambitions. Elle ne confère pas, non plus, une immunité ou une impunité face à la loi. Le rôle d’un parti est de proposer un projet de société. On ne peut pas fonder sa raison d’être sur ses seuls intérêts personnels, ou bien, sur sa seule capacité de nuisance, par l’injure, la trivialité, la grossièreté et l’agression verbale permanente. Ceci est valable aussi bien pour l’Opposition que pour la Majorité ;

8. Exiger tous les droits que la démocratie confère et ignorer l’ensemble des devoirs qu’elle implique ne participe pas à consolider la démocratie ;

9. La démocratie, c’est aussi la capacité d’apprécier, avec lucidité, ses propres forces, d’en mesurer les limites, sans s’illusionner sur son compte. La représentativité d’un parti ne s’apprécie pas à la seule aune de ses communiqués de presse, de ses réunions en salon, de la causticité de ses propos dans les médiats ;

10. La représentativité réelle se mesure sur le terrain, en termes de suffrages. Procéder autrement, c’est, à notre humble avis, tromper l’opinion et se tromper soi-même. Une telle attitude génère toujours, en cas de contre-performance, des réactions de frustrations et d’agressivité, qui ne grandissent pas la démocratie ;

11. Bien que le rôle que jouent la Presse et la Société Civile dans une démocratie soit capital, ce qu’elles disent, aussi bien au Sénégal, que partout ailleurs dans le monde, n’est pas toujours conforme à l’état de l’opinion du plus grand nombre. C’est une opinion parmi tant d’autres. Elle porte la marque de son auteur, qui n’est pas, forcément, celle de l’écrasante majorité des citoyens. Elle n’est pas, dans tous les cas, un indicateur scientifique rigoureusement fiable. Au Sénégal, où le subjectivisme et l’excès l’emportent souvent sur l’objectivité et la sérénité, cet axiome ne doit jamais être perdu de vue. En relativisant et en équilibrant leurs jugements, la Presse et la Société Civile peuvent contribuer, substantiellement, à consolider la démocratie. En plaçant l’intérêt de la Nation au-dessus de tout, et en se faisant le chien de garde des valeurs les plus élevées de la bonne gouvernance, de l’Etat de droit, de la justice et de l’égalité de tous, elles peuvent aider la classe politique et la classe citoyenne à s’améliorer ;

12. Leur rôle n’est pas d’opposer les acteurs politiques et sociaux, les uns contre les autres, parce qu’une telle démarche est toujours source de tensions et d’adversité lourdes de menaces pour la démocratie. La sérénité du jeu démocratique en prend toujours un sacré coup. Notre presse et notre Société Civile doivent moraliser la vie politique, civiliser les rapports entre protagonistes, pacifier le climat social, préserver l’image du pays, dans un monde où tout est affaire d’image. Car, si les régimes, les partis et les Sociétés Civiles passent, le Sénégal éternel, lui, demeurera toujours, quels que soient ceux que la fortune des urnes a choisis, pour présider, provisoirement, à ses destinées ;

13. Une presse et une Société Civile partisanes ou aux ordres d’intérêts inavouables faussent la démocratie, trompent l’opinion, tuent même, à terme, la vraie démocratie ;

14. Annoncer, publiquement, son intention de rechercher l’éviction, avant terme, d’un Leader élu, démocratiquement, ne participe pas à la consolidation de la démocratie ;

15. De même, proclamer sa volonté de « rendre un pays ingouvernable » est une attitude anti-démocratique. Actionner les mouvements au sein desquels, on détient une parcelle d’autorité, pour alourdir le climat social, au mépris des conséquences en découlant, pour l’économie, le bien-être et la quiétude générale, constitue un affaiblissement de la démocratie ;

16. On ne consolide pas la démocratie en violant l’Etat de droit sur l’autel de combinaisons politiciennes. La démocratie est d’abord, et avant tout, le respect de la loi par tous, qu’elle punisse ou qu’elle protège ;

17. Ceux qui gouvernent doivent avoir la générosité et le courage de pardonner, la volonté d’écouter toutes les opinions, la tolérance de ne jamais se venger, la patience de beaucoup encaisser, sans nervosité, la capacité de dépasser les passions, de s’ouvrir constamment aux autres et de parler à tous, sans exclusive.

Si ces conditions minimales sont observées par tous, le Sénégal aura apporté au patrimoine de l’Universel, une contribution, sans aucun doute, inestimable.

 



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