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Politique

Le style de Macky Sall : la puissance maîtrisée

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Le style de Macky Sall : la puissance maîtrisée

« La véritable puissance n’est pas celle dévastatrice et dominatrice mais celle qui sait se contenir et se maîtriser ». Ces propos illustrent parfaitement le style de communication du Premier ministre, sa nature même ; et les rares Sénégalais qui doutaient de ses qualités d’homme d’État doivent avoir changé d’avis depuis son intervention télévisée, sous forme de débat avec la presse, de ce vendredi 20 octobre 2006. Loin du déchaînement verbal qui constitue le refuge des âmes basses, il a encore une fois montré à la classe politique dans son ensemble qu’on peut parler à ses concitoyens, se faire comprendre et même les convaincre sans tomber dans le travers de l’onanisme intellectuel, des invectives et autres calomnies. La question que nous nous posons ici est de savoir : qu’est-ce qui explique l’aisance et la réussite du P.M. lors de ce face-à-face médiatique ?

La première explication de cette réussite réside dans les qualités intrinsèques de cet homme : la modestie et la retenue. Tous les spécialistes de la communication reconnaissent que la première qualité d’un bon communicateur n’est point l’exhibition d’une quelconque supériorité linguistique ni d’une aisance dans la rhétorique primaire propre aux démagogues mais plutôt dans sa capacité à s’exprimer clairement et à se faire comprendre. Or ces qualités ne sont pas seulement celles d’un bon communicateur ; ce sont des expressions de probité morale et intellectuelle et d’humanisme. Car la communication n’est possible que si le locuteur reconnaît a priori la rationalité de son interlocuteur et son aptitude naturelle à analyser ce qu’il dit et à découvrir la vérité quand les conditions sont réunies. On voit dès lors que, certaines ‘’sophistiqueries’’ linguistiques, en plus de cacher une malhonnêteté intellectuelle, témoignent d’un mépris à l’égard de ses interlocuteurs. Les grands hommes et les prophètes ont bâti leur patrimoine affectif et leur charisme sur l’accessibilité et la franchise de leur langage et non sur des aptitudes linguistiques hors du commun. L’éloquence n’est pas de la simple grandiloquence et le plus souvent la recherche de la persuasion à tout prix tue la communication. Macky a su convaincre sans séduire. Mais éblouir, subjuguer et écraser son auditoire ce n’est jamais une qualité d’un homme d’Etat sérieux et dévoué. Ce genre de subterfuges appartient aux impuissants et aux frustrés qui, parce qu’ils sont rongés par le ressentiment, se transforment en apprentis de l’arrogance et de la supercherie. Le discours d’un homme rempli de sentiments vindicatifs est toujours facile à identifier : il se pare d’ornements superficiels et de détours fascinants. L’âme d’un tel homme, nous édifie Nietzsche, est « louche, son esprit aime les recoins, les faux-fuyants et les portes dérobées, tout ce qui se dérobe le charme, c’est là qu’il trouve son monde, sa sécurité, son confort... » Le P.M. que nous nous avons vu et écouté répondre aux questions des journalistes n’a nullement cherché à impressionner et à séduire par un verbe mielleux. Impressionner et séduire ne sont jamais compatibles avec le désir de vérité et ne sont guère des preuves de véracité ; sinon le menteur serait un véridique, ce qui est une contradiction logique.

La deuxième raison de la réussite de la communication de Macky Sall réside dans son effacement quand il s’est agi de décliner le bilan positif de l’alternance. On ne l’a pas entendu, une seule fois, tenter de se mettre en valeur et chercher à se glorifier d’avoir eu le courage et l’abnégation d’avoir réalisé les grands projets du chef de l’État. Les ambitions personnelles sont toujours nuisibles à l’efficience et à l’efficacité d’un Premier ministre dans un régime présidentiel. Profiter de la confiance de celui qui est investi du suffrage et de la confiance réelle et effective des citoyens pour assouvir un dessein personnel, c’est à la fois un déficit de vertu morale et une absence de maturité politique et Rousseau n’avait certainement pas tort de penser au sujet de ceux qui sont élevés pour ‘’commander’’ ou qui croient qu’ils sont nés pour gouverner que tout concourt à leur « priver de raison et de justice ». D’ailleurs ce penseur va plus loin en affirmant que « les plus grands rois qu’ait célébrés l’histoire n’ont jamais été élevés pour régner, c’est une science qu’on ne possède jamais moins qu’après l’avoir trop apprise, et qu’on acquiert mieux en obéissant qu’en commandant. » Heureusement donc que Macky apprend à obéir et c’est justement ce que lui reprochent les détracteurs qui confondent subtilités politiques et performances économiques, arrogance et fermeté, loyauté et servilité. On voit donc que ceux qui reprochent à nos ministres d’être des « amateurs » sont non seulement d’une extrême mauvaise foi, mais font également preuve d’une extrême légèreté car, selon la logique des choses, il ne peut y avoir de ministres professionnels, étant entendu que les situations à gérer et les défis à relever ne sont jamais les mêmes. Il faudrait peut-être « des Dieux » pour assurer aux hommes une gouvernance parfaite mais tant que nous serons gouvernés par des hommes il y aura des imperfections dans leurs ouvrages ; le nier ou en faire un thème de campagne c’est se jouer du peuple : l’essentiel est ailleurs.

La troisième raison de la pertinence du P.M. c’est sa maîtrise des données économiques, des dossiers de l’Etat, de leur portée et de leurs échéances et, tout ceci en termes chiffrés. De manière simple et limpide le P.M. a, en effet, montré que si les opposants s’emploient laborieusement à déprécier les infrastructures de base qui constituent les leviers naturels de tout développement économique, c’est bien parce qu’ils sont conscients que les édifices et les routes ne mentent pas et on ne peut pas les nier sans se crever les yeux. C’est précisément cela une des tares de la démocratie : la quête intempérante du pouvoir condamne souvent les politiciens à tout faire pour nier l’évidence et ce, dans le seul but d’abattre un adversaire, même si on reste convaincu en son âme et conscience qu’on ne peut pas faire mieux que lui. Évoquer les problèmes de l’émigration et du chômage pour attester un quelconque échec du régime c’est non seulement une preuve de mauvaise foi mais aussi l’expression d’une ignorance coupable des rouages de l’économie. Il ne peut, en effet, y avoir d’investissement sans compétitivité de l’économie et il ne peut y avoir de compétitivité sans l’existence d’infrastructures adéquates à la fluidité des échanges et à l’efficacité de la production. Or comment peut-on créer des emplois sans des investissements qui créeront des entreprises ? Comment peut-on offrir de l’emploi à une jeunesse qui est mal ou sous formée ? Le pari de faire de l’éducation et de la formation une sur priorité dans le budget national n’est-il pas la preuve éclatante de la volonté d’offrir à la jeunesse des qualifications lui permettant de maximiser sa créativité et son esprit d’initiatives privées ? Dans quel pays du monde a-t-on vu un gouvernement offrir directement à tout le monde un emploi ?

Il faut à ce sujet recentrer la notion de courage politique : le courage politique n’est pas la basse manie de pleurnicher sur le sort de son peuple et d’en faire un thème de spéculations d’illusions ; c’est au contraire la résolution ferme à faire de ce peuple un partenaire. Faire du peuple un partenaire c’est apprendre à lui faire comprendre que la résolution de ses problèmes ne pourra jamais être l’œuvre d’un seul gouvernement, qu’il est lui-même un acteur principal. Faire du peuple un partenaire c’est lui tenir un langage de vérité : reconnaître soi-même ses limites et expliquer que les bonnes solutions ne sont jamais les plus proches, dans le court terme. Si un seul mandat suffisait pour éradiquer le chômage et la pauvreté, toute la classe politique pourrait être envoyée au chômage. Le courage politique c’est la disposition à faire comprendre aux citoyens que les difficultés ne sont pas toutes et toujours imputables aux seuls gouvernants : les citoyens que nous sommes ont également une part de responsabilité dans les problèmes que nous vivons. Il n’y a pas de pire démagogie que de donner l’impression que les gouvernants ont l’obligation de perfection comme s’ils nous étaient envoyés par Dieu pour parfaire notre destin sans notre concours. C’est simplement regrettable de constater que le mensonge est en train d’être érigé en stratégie de conquête du pouvoir, ce mensonge consiste à prétendre être apte à redresser un pays qu’on a fraîchement pillé ou qu’on a mis KO par l’absence d’infrastructures nécessaires à son décollage économique. La malveillance hautement criminelle des politiciens d’aujourd’hui c’est de suivre les humeurs des différentes corporations et de la rue pour se positionner après au lieu de s’employer à guider le peuple. Si le peuple à lui seul pouvait choisir le droit chemin il n’aurait pas besoin d’être gouverné, par conséquent gouverner des hommes c’est avoir la lucidité et le courage d’entreprendre parfois des initiatives qu’ils ne comprennent pas à priori, qu’ils rejettent même parfois. Car, en vérité, comme dit Rousseau « de lui-même le peuple veut toujours le bien, mais de lui-même ne le voit pas toujours. La volonté générale est toujours droite mais le jugement qui la guide n’est pas toujours éclairé. Il faut lui faire voir les objets tels qu’ils sont, quelques fois tels qu’ils doivent lui paraître, lui montrer le bon chemin qu’elle cherche, la garantir de la séduction des volontés particulières... »

La séduction, voilà l’une des graves entraves de la démocratie et du développement : la meilleure façon de séduire un peuple c’est de lui « indiquer » le responsable de ses malheurs sans jamais chercher à leur trouver des solutions véritables. C’est exactement de cette façon qu’a agit le diable : si Dieu vous a interdit la consommation de la pomme du savoir c’est parce qu’il serait jaloux que vous deveniez sages ! Les diables dans la scène politique sont aujourd’hui les démarcheurs de haine, ceux qui se contentent d’incriminer sans jamais endosser leurs responsabilités. Satan, le perfide, a réussi à éloigner l’homme de Dieu en lui faisant croire que la création est ratée, qu’elle n’est pas comme elle devrait être, que lui est témoin de la corruption de la création alors que c’est précisément lui qui en est la cause. C’est justement à ce niveau que les responsables du parti doivent demeurer vigilants : il y a trop de mensonge dans les cœurs, trop d’aveuglement dans les esprits. La tâche imminente et salvatrice est par conséquent d’expliquer quotidiennement aux citoyens le caractère judicieux des choix du gouvernement, les prémunir des fantasmes puérils entretenus par des soldats de Satan, leur montrer « le bien qu’ils veulent mais qu’ils ne voient pas toujours ».

Le PM a balisé le chemin et il revient aux responsables politiques, aux ministres et aux cadres du parti de se considérer chacun comme un vecteur d’informations pour dissiper le brouillard de mensonge qui enveloppe le pays et lèse les réalisations du gouvernement. Que dieu fasse que l’intérêt national soit toujours ancré dans nos cœurs et nos esprits et que les ambitions personnelles soient emportées dans le gouffre de la défaite et de la déchéance !



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