Leçons à mi-parcours d’un scrutin présidentiel Le premier tour du scrutin du 26 février s’est déroulé quasiment sans heurts, quand on craignait le pire après une campagne électorale comme on n’en avait jamais vu avec son lot de violences et de pertes humaines (14 morts, au moins) suite aux manifestations, sévèrement réprimées par les forces de l’ordre, du Mouvement du 23 juin, opposé à la candidature jugée « inconstitutionnelle » du président sortant, Abdoulaye Wade.
Après les contorsions discursives de ce dernier tendant à faire accroire à l’éventualité d’une victoire, tant souhaitée et clamée sur tous les toits, au premier tour, contre la logique qui se dessinait manifestement des tendances générales des premiers dépouillements, le camp du président sortant s’est donc résolu au pire : aller à un second tour de tous les dangers et qui devrait sonner le glas de Wade, au vu de l’unité autour du M23 dont les membres soutiendront probablement le challenger du chef de l’Etat, Macky Sall, ancien Premier ministre. A ce stade, il est possible de dégager quelques enseignements, à mi-parcours, de ce scrutin.
La belle claque des citoyens aux politiques
Le premier enseignement à tirer de cette première manche de la présidentielle, c’est bien l’engagement citoyen, quand bien même la hantise des pires troubles oppressait les esprits. Comme pour mettre le holà à toute agitation préélectorale si funeste, les citoyens sénégalais ont pris d’assaut les centres de vote tôt le matin. Et jusque vers 16 heures, les lieux de vote étaient généralement bondés de monde. Cette mobilisation citoyenne a dû calmer les éventuels fauteurs de troubles, comme ces nervis encagoulés qui circulaient dans la capitale, comme des âmes en peine, à bord de 4x4.
Les électeurs ont indiqué la voie à suivre à tous les acteurs politiques. Cette présence citoyenne a certainement dissuadé Wade et ses faucons de faire le hold-up électoral que l’on craignait, et devrait suffire à assurer un deuxième tour transparent et sincère. Désormais, plus rien ne risque d’être comme avant dans le rapport que le peuple sénégalais entretient avec ses politiques.
Le travail foncier payant de Haj Macky Sall
Depuis sa disgrâce, Macky Sall, le leader de l’Alliance pour la République (Apr) et de la coalition Macky 2012, anciennement Premier ministre de Wade et président de l’Assemblée nationale, passait son temps à parcourir le pays jusque dans ses coins les plus reculés, et même au-delà. Ce qui lui a permis et de structurer son parti et de focaliser autour de sa personne les intentions de vote des électeurs. Au regard des hommes qui l’entourent, on peut se faire une idée du fonctionnement qu’il compte imposer dans « son parti » : que des hommes d’une qualité avérée et très peu de politiciens professionnels. Macky n’a donc pas attendu la campagne électorale pour battre campagne et a commencé un travail foncier de terrain qui s’est révélé payant au finish. Aussi bien, si, à l’instar de tous les leaders, il a remporté le scrutin dans sa localité d’origine, il attiré son épingle du jeu partout, du nord au sud et d’est en ouest, et même au sein de la diaspora.
Vers une refondation politique et une alternance générationnelle
Cette élection, qui appelle la fin politique du pape du sopi, conduira à une refondation politique à l’échelle nationale et à l’échelle des partis. Cette refondation ira concommitamment avec l’alternance générationnelle qui en est le moteur. Désormais, tout comme Wade, de nombreux leaders devront faire la place à plus jeune, mais cette dévolution du leadership, pour être viable et conduire aux changements souhaités, devra s’accompagner d’une refondation interne des partis. Les dinausores partis, il ne sera plus question que les partis politiques fonctionnent comme les patrimoines de leurs leaders. Sur ce plan, le Parti socialiste a une belle avance sur les autres, ce qui risque d’ailleurs quelques turpitudes dont le changement ne peut faire l’économie, l’Apr de Macky semble sur la bonne voie, l’Afp de Niasse et Rewmi de Idrissa Seck, principalement, devront à se refonder de l’intérieur et faire éclore de nouveaux leaders (particulièrement pour Niasse qui devra accompagner, en raison de son âge, le vieux président dans les limbes politiques, et aussi pour Idy dont le parti semble s’être construit sur le modèle du Pds). Le Pds devra aller vers une refondation après le départ de la « seule constante » qu’est Wade et promouvoir d’autres « variables ». Ce qui ne saurait certainement se faire sans ramdam dans ce gros panier de crabes à l’indiscipline légendaire qu’est le parti de Wade et qui fonctionne globalement comme une armée mexicaine.
4 Commentaires
Dd
En Février, 2012 (19:56 PM)Samy
En Février, 2012 (20:14 PM)Ad-on
En Février, 2012 (20:16 PM)SÉnÉgal Émergent!
En Février, 2012 (21:28 PM)QUE TOUT LE MONDE AILLE VOTER!
Participer à la Discussion