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Politique

Lettre ouverte : Le Colonel Oumar Ndiaye lance un appel " patriotique " à Maître Abdoulaye Wade en charge de la République

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Lettre ouverte : Le Colonel Oumar Ndiaye lance un appel " patriotique " à Maître Abdoulaye Wade en charge de la République
"Cher Maître,

Je dis partout que je suis votre ami pour qu’à travers mes écrits, les gens ne s’imaginent pas que je vous en veux personnellement. Et c’est toujours à ce titre que j’ai entretenu avec vous depuis plusieurs années, des relations épistolaires, c’est vrai à sens unique, mais toujours par rapport à ce que nous avons en commun : le Sénégal. Je vous ai parlé des Industries Chimiques du Sénégal que Godard avait mises à genoux, de la Jeunesse oisive qui se déverse tous les matins des trains et des cars de transport dans les rues de Dakar, et même de notre Football en agonie au moment où la fédération, se cachant derrière la FIFA, tenait en otage l’Etat et le Ministre des Sports. Dans tous ces dossiers, j’ai développé des thèses et proposé des solutions, et toujours, les faits m’ont, par la suite, donné raison. Aujourd’hui, je voudrais m’adresser à vous en public, afin que nul n’en ignore et que demain l’on ne dise pas que personne n’avait vu venir le danger.


Maître, souvenez-vous des combats que vous meniez quand le parti socialiste était au pouvoir, de l’attachement que vous manifestiez pour la République, pour la Démocratie et pour les droits des individus et la Liberté. J’ai toujours été à vos cotés, cheminant par une allée parallèle, partageant vos idées et vos combats. En 1988, au plus fort de la crise alors que vous étiez injustement détenu, j’étais là à veiller sur vous, jusqu’au fond de votre geôle. Lorsque le pouvoir a donné à l’armée les réquisitions spéciales avec autorisation de l’usage des armes, nous avons dit Non, et évité de tirer sur le peuple comme le suggérait les directives du palais. Nous avons obligé le pouvoir à négocier avec vous pour éviter tout dérapage dans la gestion de la crise. Moi et quelques uns de mes camarades nous avons payé le prix fort, puisque Jean Collin a tenu à ce que nous soyons radiés des cadres de l’Armée, n’ayant jamais pardonné le fait qu’on ait récusé les réquisitions qu’il avait établies. Pendant plusieurs années nous avons fait l’objet d’investigations, d’écoutes et de filatures et l’on nous a fermé les portes des emplois et des activités conformes à nos compétences et à nos aspirations. Je voudrais enfin vous préciser que je suis toujours un patriote sans parti politique, même si j’ai appuyé et encouragé mon ami et frère Ibrahima Sall à créer le MODEL, pour la défense de la Démocratie et des Libertés. Si j’ai tenu à faire ce rappel, ce n’est point pour vous reprocher à nouveau le fait que vous ayez préféré amnistier, réhabiliter et indemniser des criminels reconnus coupables et condamnés au lieu de nous réintégrer dans nos droits, nous qui n’avions subi que des sanctions administratives en 1989 et qui avons bénéficié de deux amnisties en 1991 et en 2004. J’ai fait ce rappel pour vous prouver que je mène toujours le même combat que nous menions, pour la République, la Démocratie, la Liberté, la Justice et la Paix. Et c’est au nom de cet idéal que je vous lance cet appel, très patriotique. Maître, comme beaucoup de Sénégalais, je suis très déçu par les orientations et les réalisations du régime libéral. Je sais que vous avez toujours voulu bien faire, mais depuis 2002, vous êtes prisonnier de votre propre famille politique et cela a détruit le Pays. Je n’ai pas besoin de ressasser vos échecs à trouver et à recruter les hommes capables de résister à la tyrannie intellectuelle que vous imposez à votre entourage, afin de pouvoir vous dire la vérité sur la vie et les choses et vous aider à faire les bons choix quant au processus de réalisation de vos idées souvent généreuses. Cependant, je suis obligé de vous dire quelques mots sur ces questions importantes qui interpellent tout sénégalais soucieux de l’avenir de notre pays. Aujourd’hui, ce qui frappe le plus, c’est la paupérisation du peuple, renforcée par l’augmentation des coûts des denrées de première nécessité, des coûts des loyers et de la Terre, des coûts des services publics tels que la fourniture d’eau potable, l’électricité, les services de santé, les coûts de carburant et de gaz etc. Vivre tout court devient difficile, sinon impossible pour une large couche de la population. Si on peut penser que la crise est mondiale, il n’en est rien pour ce qui concerne la vie quotidienne du Sénégalais, qui est la conséquence directe d’actions délibérées menées par votre régime libéral. Ces options, je vais essayer de les citer pour m’en plaindre, tout en sachant d’avance que je vais en oublier certaines :

* Destruction de l’Etat en créant des agences autonomes partout où l’action gouvernementale possédait un budget de contrepartie qui devait en assurer le succès. Cette façon d’amputer l’administration des moyens financiers nécessaires à son action a consacré les abus, les détournements et la corruption dans le secteur public soustrait à la responsabilité régulière de l’administration. L’octroi de l’autonomie juridique et financière des entités placées hors du contrôle et de la responsabilité de la tutelle gouvernementale a permis de financer les activités partisanes des ministres du PDS qui y puisent leurs ressources de publicité et de propagande.

* Déplacement du cadre des décisions stratégiques vers le palais où d’obscures personnalités se trouvent investies de responsabilités occultes, notamment dans les domaines juteux tels que les Communications, l’Energie et les Mines, les ministères ne gérant que des portefeuilles vides, même si les ministres en charge continuent de jouer le rôle de démarcheurs pour le chef de l’Etat ou ses conseillers délégués. Cette manière de faire a créé dans le secteur public, un secteur informel où la responsabilité est diluée et masquée. Tout cela avec comme objectifs, le développement de l’affairisme d’Etat au profit de personnes sélectionnées tapies sous l’ombre tutélaire des plus hautes autorités.

- des secteurs parapublics stratégiques sont mis à genoux pour créer les conditions d’une spoliation programmée au profit d’intérêts personnels
- négociations pas clairement définies pour l’octroi de licences dans le domaine des télécommunications, de l’énergie et des mines (Sudatel, Mittal…et aujourd’hui phosphates de Matam et Sentel). Le plus souvent ces actions s’accompagnent de contentieux où le tort de l’Etat sénégalais apparaît comme évident ;
- travaux exécutés dans des conditions et à des coûts hors normes mettant en doute la pertinence des choix d’investissement et la régularité des procédures, sans parler des pertes financières énormes que le trésor public a subi à l’occasion (ANOCI, Chantiers de Thiès, marchés de gré à gré. ).
- L’exemple le plus cynique est constitué par l’attribution du transport des pèlerins sénégalais aux lieux saints de l’islam à ZAM-ZAM, un obscur GIE sorti de nulle part ; cette structure dont les promoteurs sont signalés dans l’entourage immédiat du Président a été désignée sans appel d’offres au détriment d’Air Sénégal International à qui l’Etat avait pourtant octroyé en la matière une concession de dix ans. Mais le scandale réside dans le fait que l’Etat ait cautionné et agréé l’utilisation de vieux DC10, récupérés de la casse pour les besoins de la cause. Encore une fois le régime libéral pour enrichir un de ses membres a mis en péril la vie de plus de cinq mille de nos compatriotes sans état d’âme. Cette opération est en soi un crime, que le peuple impuissant condamne avec la plus grande rancune.

* Le plus grave est peut être cette façon cavalière d’adapter en permanence la Loi et la Constitution au bénéfice et aux intérêts exclusifs du Parti et de son chef. La démocratie est violée depuis plus de cinq ans et sa mort annoncée par ce désir qu’on vous prête de vouloir vous faire remplacer par Karim. Vous mettriez la sécurité du pays en danger si réellement vous persistiez dans cette voie car Karim n’a rien qui le prédestine à cette charge suprême ; il n’en a ni le charisme, ni la compétence. Tous les dossiers dont il s’est personnellement occupé sont des scandales juridico financiers ficelés aux antipodes de l’intérêt national : DISEZ, Terminal portuaire de Dakar, AIBD, ANOCI, ICS, les problèmes des hydrocarbures et de la SAR, les licences de téléphonie mobile etc., et tout le monde a été choqué par ses tractations avec Nicolas Sarkozy concernant le nucléaire, comme si le pays était un patrimoine de sa famille. Dans toutes ses affaires avec Dubaï ou avec le Maroc et les autres pays arabes où vous l’avez introduit il n’a fait qu’hypothéquer nos terres et l’avenir de nos propres enfants pour des périodes allant de 25 à 50 ans. Je l’aime trop, parce qu’il est votre fils, pour lui souhaiter un avenir aussi sombre que celui de Président du Sénégal après vous. Les laudateurs, magouilleurs et autres gens de peu d’importance qui grouillent autour de lui veulent simplement se construire un avenir que leur valeur personnelle ne leur permet pas d’envisager mirobolant. Cette idée est un poison mortel qu’il faut abandonner dés maintenant.

* La gestion du PDS est basée sur le profit direct et la récompense à la famille libérale.
- Le Président nomme un gouvernement pléthorique et désigne des dizaines de conseillers inutiles qui ne font qu’augmenter les charges de l’Etat par leurs salaires et l’aménagement de leur nouveau standing. Même lorsqu’ils sont limogés ces privilégiés du régime conservent tous leurs avantages
- Dans les collectivités locales sont désignés des maires militants très actifs qui utilisent les budgets de leurs communes pour distribuer des salaires, des bourses et des secours à tous les militants de leur terroir sans oublier de se servir et, à l’occasion des fêtes, les services de la Présidence distribuent aux responsables des femmes des secteurs du parti, aux chefs de quartier, à certains imams, des sommes importantes.

- L’entourage de maître Abdoulaye Wade « rackette » les agences et les sociétés nationales pour financer les activités de promotion sociale au bénéfice du Parti comme les billets de la Mecque, les manifestations et réunions publiques présidées par Abdoulaye Wade, les insertions dans les journaux et revues étrangers faisant les éloges de Maitre Wade et de son régime
- Les ministres de la république, en dehors des budgets de leur département, vivent surtout sur le dos des agences et des sociétés dont elles ont la tutelle, le tout au nom du PDS et de Maître Abdoulaye Wade et le DG qui refuse de participer perd son fauteuil.
- Toute la Nomenklatura PDS, étale aux yeux des populations pauvres leurs villas de grand standing, leurs voitures luxueuses et leurs richesses acquises si rapidement par des personnes qui souvent tiraient le diable par la queue il n’y a guère.

* En mettant en avant l’argent dans toutes vos actions, vous avez tué toutes les nobles motivations qui faisaient agir nos cadres et nos professionnels. Dans l’administration vous avez violé les règles de gestions catégorielles et indiciaires en introduisant pour certains agents que vous vouliez gagner à votre cause des indemnités parfois supérieures à leur salaire nominal, créant ainsi des frustrations chez d’autres qui étaient au même niveau dans d’autres corps de fonctionnaires. Vous avez créé des contrats spéciaux qui font fi des diplômes et des postes occupés et qui ne servent qu’à fidéliser des militants zélés, parfois très limités intellectuellement, malgré de flamboyants CV pré-fabriqués. Aucun corps de l’Etat n’est épargné par cette pagaille coûteuse, même les collectivités décentralisées dont les fonctions étaient presque gratuites et qui ne présupposaient à la limite que des remboursements de frais. En alourdissant de manière inconsidérée les masses salariales des agences et établissements publics à autonomie financière concédée, vous avez mis en danger leur équilibre financier et compromis l’acquisition des moyens de production nécessaires à l’exécution correcte de leur mission. Pas d’investissement pour le renouvellement des matériels et des équipements et pas de maintenance, donc pas de résultats probants dans l’exploitation des services. Mais les domaines où la carence libérale s’est le plus manifestée sont l’Education et la Santé qui ont cependant englouti plus du tiers réel du budget national.

- Dans le domaine de l’Education, les initiatives démagogiques prises en multipliant la création d’établissements scolaires de tous niveaux, dans toutes les régions n’ont servi qu’à octroyer des marchés de construction à des militants généreux parce que la fonctionnalité de ces établissements n’a jamais été réalisée, souvent par manque d’équipements et surtout de personnels. En encourageant sans contrôle la prolifération des établissements scolaires privés, votre régime a contribué grandement à la dégradation de la qualité de l’enseignement au Sénégal. Pire, dans les universités s’est développé un secteur privé très lucratif qui vit en appendice du système public dans lequel il puise la plus importante part de ses moyens humains et de ses infrastructures et équipements. En définitive ce sont les professionnels de l’Education Nationale qui se sont enrichis au détriment du système scolaire et de la qualité de l’enseignement. Les secteurs primaires et secondaires qui ont le moins bénéficié de cette évolution se révoltent et réclament leur part du gâteau même si au niveau secondaire les professionnels ont depuis plusieurs années mangé dans les râteliers du public et du privé en même temps. Ces dysfonctionnements introduits dans le domaine de l’Education Nationale sont aujourd’hui une source sérieuse de conflits et de perturbation dont la victime principale est la population la plus démunie, dont l’enfant, soumis dans le primaire au cycle dévastateur du « double flux », ne peut espérer poursuivre ses études dans le secondaire, pris en otage par des professionnels peu qualifiés et un enseignement de mauvaise qualité. Les taux de passage dans les différents cycles sont si étroits que le petit sénégalais n’a qu’une chance infime à sa naissance de devenir bachelier. Rien que des billevesées et des gesticulations politiciennes dans toutes les démarches du gouvernement où il n’y a aucune politique bien cernée dans aucun des domaines qu’il pilote. Or le monde a beaucoup changé et le Sénégal doit refaire ses assises de l’Education ou alors tirer partie des résultats des assisses nationales dans ce domaine. Les cycles primaires et secondaires sont nécessaires à l’éclosion de tout esprit normatif et ils doivent être obligatoires pour tout sénégalais de sept à dix huit ans. L’enseignement supérieur doit être analysé à travers les missions qui lui sont assignées pour le développement économique et social. L’université a un rôle qui doit être défini, à côté des autres établissements d’enseignement supérieur à caractère technique et scientifique. Le Sénégal n’ayant pas développé le label « Grandes Ecoles » comme pourvoyeur de cadres spécialisés, doit réfléchir avec une grande acuité sur le type de structures universitaires à mettre en œuvre et leur mission dans le système global d’acquisition de connaissance et de formation des hommes. Le mandarinat et le règne des maîtres tout - puissants dans le système universitaire doit faire place à la création de pôles d’excellence et de recherche pour apporter des solutions aux vrais problèmes du pays dans tous les domaines de développement. Il est regrettable que les mécanismes d’exécution du PDEF n‘aient pas introduit la prééminence des autorités de la Décentralisation sur les professionnels du système académique car les fonds des bailleurs auraient été mieux utilisés

- Dans le domaine de la santé publique l’échec vient de la prise en otage du système par les professionnels. Le système de santé sénégalais n’est pas homogène et n’est pas structuré pour répondre aux différents besoins de la population. L’organisation pyramidale du système est logique lorsqu’on pense niveau de soins, primaire, secondaire et tertiaire, mais il y a un hiatus dans l’intégration des différents niveaux où la seule définition de la référence et de la contre référence ne suffit pas à constituer le liant. Il y a des contradictions flagrantes entre le centralisme d’Etat de la pratique vécue où le ministère de la santé et ses organes déconcentrés détiennent tous les pouvoirs financiers et réglementaires, et l’esprit des réformes de 1996 et 1998 sur la régionalisation et l’autonomie des hôpitaux transférant les responsabilités de gestion aux collectivités locales et aux établissements publics de santé dans tout le système. Dans les hôpitaux et dans les comités de santé des districts sanitaires où les politiciens ont des pouvoirs de décisions, les recrutements se sont multipliés, avec un personnel non qualifié et pléthorique, et à l’opposé un déficit de personnels qualifiés et techniquement opérationnels. La création de multiples primes au profit du personnel qui ne tient compte ni de la vraie qualification ni de la performance a grevé les budgets des formations sanitaires, au détriment de l’investissement et des dépenses de fonctionnement nécessaires au succès de l’exploitation. Les salaires des personnels absorbent plus de la totalité des recettes internes et grignotent le quart des subventions d’Etat. Dans les districts sanitaires les médecins sont financés par le biais d’opérations directes avec le Ministère de la Santé, tandis que les fonds de dotation devant servir au fonctionnement des structures et relevant des collectivités locales stagnent ou sont encore détournés de leurs objectifs. Les comités de Santé encore autonomes capturent et détournent les recettes issues de la participation des populations . Dans tous les cas les réformes de 1998 sur l’autonomie des hôpitaux n’ont pas été conduites à leur terme puisque la partie la plus importante de l’autonomie financière n’a pas été définie. En effet, le budget constitue la base de l’activité financière et sa définition entre le Ministère de l’économie et des finances, le Ministère de la Santé et la structure dotée d’autonomie était un préalable. Or dans le cadre actuel lorsque l’Hôpital définit son budget et que le Ministère de la Santé l’approuve, le Ministère des finances ne définit aucune règle spécifique pour son exécution alors qu’il s’agit d’une autonomie concédée. Il n’y a eu aucune différence technique dans l’exécution des budgets entre le système des services administratifs d’avant 1998 et l’autonomie concédée par la réforme hospitalière. Aussi longtemps que les règles budgétaires des hôpitaux autonomes ne sont pas définies et encadrées par le Ministère des finances, les dérives de gestion observées dans les hôpitaux perdureront et les dysfonctionnements finiront par paralyser tout le système hospitalier. Si on ajoute à cela les initiatives de subventions telles que le Plan Sésame, on comprend aisément pourquoi les hôpitaux croulent sous le poids d’une dette insurmontable. L’inefficacité des services de santé n’est pas simplement la conséquence du désastre financier lié à la mauvaise utilisation des ressources mais aussi et surtout à une absence de politique des Ressources humaines. Depuis toujours les personnels de santé étaient formés par l’Université de Dakar, tant au niveau des médecins qu’à celui des paramédicaux ; l’école nationale des sages femmes d’état et l’école nationale des infirmiers d’état étaient supervisées par les professeurs responsables de certains départements hospitalo-universitaires de l’Hôpital Aristide le Dantec. Il y avait une sorte d’adéquation entre les besoins du CHU et la formation des agents. Puis avec la création de l’ENDSS et la multiplication des formations sanitaires dans le pays, l’on a cherché à harmoniser les curricula des écoles publiques de santé, sans se soucier des besoins réels de la population générale. Les déficits donc se sont accumulés par rapport à la norme de couverture puisque les effectifs d’élèves se sont rétrécis faute de budgets adéquats. Malheureusement l’autonomie des hôpitaux et des comités de santé a permis d’encourager le recrutement de personnels peu qualifiés issus des écoles privées de santé qui se sont multipliées avec cette demande accrue de personnels, sans que l’Etat ait pris le soin de veiller à la qualité des formations dispensées. Il faut regretter qu’on n’ait pas tenu compte suffisamment de l’initiative de création des centres de formation régionaux Cependant pour être honnête, il faut reconnaître que le principal responsable des déboires des services de santé est le mode de financement du système. Les budgets sont alloués par l’Etat aux formations sanitaires pour produire leurs services, sans qu’il y ait un lien entre les sommes allouées et les services fournis. Les populations continuent de payer une partie des services à des coûts qu’elles ne peuvent pas toujours supporter, sans qu’elles obtiennent d’ailleurs des services de qualité. Ce qui manque au Sénégal c’est donc un financement régulier portant sur chaque personne traitée, qu’importe celui qui prend en charge les frais. La meilleure solution dans cette optique est la mise en place d’un système d’assurance maladie universelle où des mécanismes de solidarité sont mis en place pour que chaque citoyen qui en a besoin puisse bénéficier de soins de santé de qualité. Depuis des années, des experts sénégalais ont conçu un système mutualiste d’assurance maladie où l’Etat mettrait sa contribution sur la tête de chaque citoyen au lieu de financer l’offre de soins en allouant des budgets aux formations sanitaires sans discernement. Mais aucun gouvernement ne s’est engagé sur la voie de sa réalisation contrairement à des pays comme le Ghana et le Rwanda et bientôt l’Ethiopie, qui bénéficient de l’assistance de l’USAID et de ces cadres Sénégalais. On ne peut qu’être scandalisé de voir que le gouvernement a préféré en 2009 prévoir dans le budget de la Ministre de la famille une enveloppe plus que substantielle de plus de quatre milliards destinés, en année électorale, à lutter contre la pauvreté par le financement direct et ciblé d’une partie de la population, alors que le Ministère de la santé avait défini et fait valider par les bailleurs sa stratégie d’extension de l’assurance maladie qui n’attendait que la prise en charge par l’Etat. Voilà deux domaines où s’investit pourtant la première dame, dans lesquels l’Etat libéral a beaucoup détruit, mais a très peu construit. Des domaines prioritaires où les bailleurs ont tellement mis de ressources mais malheureusement où tout a été fait pour détourner les fonds vers des objectifs politiciens. Un exemple parmi tant d’autres qui enfoncent le pays dans une profonde crise politique, économique et sociale.

Le résultat de la gestion des affaires par le PDS a installé dans le pays un malaise profond de divisions, de querelles, de clans, de frustrations, parmi les partis politiques, parmi les catégories professionnelles, entre les régions, les départements, les communautés rurales. Des violences naissent avec des marches interdites ou matées, des manifestations justifiées ou injustifiées avec la création de groupes de pression et de nouveaux foyers de conflits. Il n’y a plus de référence en dehors de l’argent ; même les marabouts sont achetés, amadoués et détournés de leur mission première de diriger le peuple sur LA VOIE DROITE et de défendre ses intérêts

* L’exemple le plus frappant de l’attitude condamnable des pouvoirs publics est celui des marchands ambulants : des jeunes et des moins jeunes prennent en otage les populations de Dakar en s’installant anarchiquement dans toutes les rues de la ville, bouchant les carrefours et portant un préjudice grave aux commerçants installés et à la sécurité de la circulation urbaine. Un jour quelques centaines de marchands à la sauvette sont dégagés de la rue sur instruction du chef de l’Etat. Le lendemain quelques pneus sont brûlés ça et là par quelques dizaines de jeunes, le gouvernement s’affole et recule et dés lors, des dizaines de milliers de jeunes deviennent « marchands ambulants ». Le laxisme de l’Etat a encouragé la naissance et le développement de bandes d’agresseurs et les meurtres se multiplient dans la région de Dakar. Malgré les travaux réalisés un peu partout, la circulation est toujours gênée à Colobane et dans certains quartiers où les marchands ambulants squattent les ronds-points. Par contre on tabasse facilement des « marcheurs pacifiques » ou des journalistes consciencieux et on ferme les yeux sur la casse des maisons d’édition de journaux privés dont le seul tort a été d’informer juste. Cette reculade de l’Etat dans une affaire où il défendait une cause juste est un appel à la résistance par la violence ou au chantage, tous faits qui peuvent engendrer des dérives néfastes.

* Enfin, le manque de dialogue politique et le peu de soucis que le pouvoir manifeste au désarroi de la population qui a faim et qui se « noie » sous les eaux, font le lit d’un mécontentement généralisé que l’on essaie de vous cacher en ne vous présentant que des militants recrutés à coup de millions, souriants et joyeux.

* Comment arrêter la liste de frustrations sans parler de ce goût irraisonné de la terre que la tribu libérale réserve aux opérations foncières réalisées souvent au détriment des plus démunis et au profit du régime libéral et de ses affidés. Le comble est atteint par la fameuse GOANA qui livre les terres disponibles à la Nomenklatura libérale : ministres, députés et sénateurs à qui on a distribué semences, engrais et matériels agricoles gratuitement. Alors que le Sénégal agricole de Wade se profile en « latifundia », les paysans du Cayor, du Baol, du Sine et du Saloum quittent leur terroir pour envahir les villes, surtout la zone dakaroise, à la recherche de la survie. Ce n’est pas parce qu’il a bien plu qu’il faille dire que la GOANA est une réussite. Sa réussite, dans sa forme actuelle consacrerait la mort du Sénégal des profondeurs et le début du cataclysme urbain et du chaos. Nos villes envahies par des jeunes sans emploi et sans avenir, ce serait le début d’une violente catastrophe sociale

* Vous avez réquisitionné les medias d’Etat que vous avez envahi. Cette utilisation immodérée de la télévision nationale a saturé votre image et nombre de sénégalais n’hésitent pas à zapper systématiquement la RTS pour éviter de vous rencontrer, de vous écouter ou de subir la propagande outrageante faite pour vous et votre parti. Votre conseiller en Communication ne doit pas être très doué en psychologie sénégalaise où, le chef doit se montrer discret et rare pour susciter le respect. Pourtant du temps du parti socialiste nous avions condamné le boycott des medias d’Etat à l’égard des activités de votre parti et je me souviens de ce fameux retour où vous aviez mobilisé plusieurs centaines de milliers d’admirateurs et que la RTS avait occulté. Tous les sénégalais en avaient été choqués et cela avait augmenté votre audience nationale. Mais il faut noter que Abdou Diouf ne nous avait pas autant saoulés de son image ou de son discours.

* Maître, si j’ai été un peu dur dans mon langage c’est uniquement par dépit, tellement je mesure ce que vous auriez pu faire avec des hommes lucides et engagés uniquement au profit de la Nation, tellement vous aviez mobilisé derrière vous tout un peuple plein d’espoir. Je veux appeler votre attention sur la situation dangereuse dans laquelle nous évoluons et qui nécessite un dialogue national. Aujourd’hui tout le monde reconnaît que vous êtes le président légitime de tous les sénégalais jusqu’en 2012 et rien ne peut se faire légitimement sans vous. Vous avez toujours promis de laisser le Sénégal entre des « mains sûres » et à la pratique, depuis 2000, je peux vous assurer que celles là, ne sont ni au PDS ni à la Génération du concret, encore moins chez les personnes issues de combinaisons politiciennes de toute la famille libérale ayant défilé au pouvoir depuis l’avènement de l’alternance. Ce que vous appelez « libéralisme » n’est que l’exploitation des opportunités publiques au profit d’intérêts individuels. Vous ne faites pas l’apologie du mérite de l’individu par l’imagination, l’entreprenariat et le travail mais bien plus l’encouragement de la médiocrité et de la magouille. Si vous nous laissez cet héritage, sans Abdoulaye Wade, vous transformeriez le Sénégal en une jungle où les prédateurs de votre parti et ses alliés installeraient le vol, l’injustice et la violence comme mode de gouvernement. Et au bout du compte, le syndrome ivoirien y développerait ses maux avec d’autant plus d’ampleur que vos partisans aujourd’hui riches à milliards n’hésiteraient pas à utiliser tous les moyens pour demeurer et survivre à la tête de l’Etat. Vous laisseriez à la postérité l’Image d’un démocrate aveuglé par le pouvoir dont toute la vie n’a été qu’un mirage et un rêve poursuivis à pas pressés, sans réflexion ni discernement et qui l’a conclue en parfait despote

Au nom de ce Pays que vous dites aimer, au nom de l’Histoire, je vous demande de vous ressaisir. Depuis des années on ne fait que vous tromper, vous poussant sur le chemin de l’argent que vous n’avez jamais choisi. Vous avez fini par croire que la meilleure manière de rester au pouvoir est d’acheter les gens, ayant constaté que le Sénégalais aimait l’argent facile. Vous avez vidé les caisses du Trésor pour entretenir cette cour stérile et cet amour intéressé qu’on vous manifeste. Le Sénégal a pâti de cette anomalie et vous n’avez eu des réflexes pour votre peuple que dans les rares moments de lucidité où vous l’avez senti frustré, fatigué et en souffrance et même dans ces moments les plans que vous avez préconisés n’étaient pas bien élaborés et donc pas correctement exécutés : « Plan Jaxaay » ou GOANA. Ils étaient juste énoncés pour juguler une crise et permettre encore à quelques privilégiés du régime de s’enrichir encore et encore. Regardez autour de vous Abdoulaye, un peu au-delà de votre entourage immédiat et montrez-nous que vous êtes en réalité, cet homme généreux, imaginatif, démocrate et bon. Aidez le Sénégal à survivre et à prospérer N’écoutez pas et ne suivez pas les envolées guerrières de certains de vos collaborateurs qui ne peuvent conduire qu’à une impasse. Je voudrais vous suggérer, de 2009 à 2012, de mettre en place un gouvernement de transition dont le rôle serait de :

1. Surmonter la crise budgétaire que traverse le Sénégal qui souffre d’un grand déficit des finances publiques gérées jusque là par une politique patrimoniale ; réduire le train de vie de l’Etat en réduisant les charges de complaisance et les libéralités au lieu de continuer comme le Budget général de 2009 semble l’indiquer à creuser les déficits. 2. Remettre la machine économique en marche en payant la dette intérieure et en résolvant les problèmes liés aux facteurs de production tels que l’énergie et le facteur humain, les communications et les transports.

3. Agir sur les établissements bancaires pour leur participation au financement de l’économie, de façon effective.

4. Réunir les partis politiques et la société civile active pour surmonter tous les conflits politiques, dans une communion nationale :
- Réviser le fichier électoral
- Elaborer une nouvelle constitution pour éviter dans l’avenir les tripatouillages et les coups de force d’une majorité parlementaire inconsciente, ou la tyrannie d’un despote.
- Mettre en place un calendrier électoral républicain
- Trouver une procédure logique et consensuelle pour réduire les partis politique à un niveau raisonnable et normé. 5 .Prendre les mesures nécessaires pour apporter à la population l’assistance nécessaire à sa survie, par une politique de subventions appropriées

6 Assurer en 2012 des élections libres et transparentes sur la base d’un consensus national, en évitant de privilégier les solutions imposées par le PDS ou ses alliés. Il serait souhaitable que dans cette période de transition, le chef de l’Etat collabore avec tous les partenaires politiques de la vie sénégalaise et qu’aucune décision majeure ne soit prise sans discussion avec toute l’opposition et tous les acteurs sociaux. Il est clair que cette solution exclut la passation monarchique du pouvoir à tout descendant, légitime ou putatif. En se mettant au dessus de la mêlée pour permettre au Sénégal de passer le cap de 2012 sans dégâts. Maître Abdoulaye Wade écrirait sur le livre de l’Histoire du Sénégal une nouvelle page encore plus éclatante que celle de ses prédécesseurs. Pendant ces trois ans, Abdoulaye Wade l’africaniste pourrait développer la stratégie qui lui permettrait de voir se dessiner, et peut être naitre, ces Etats-Unis d’Afrique dont il est le chantre le plus ardent, en laissant à son gouvernement d’union nationale totalement responsabilisé l’entier exercice du pouvoir réglementaire et administratif. Le Sénégal et l’Afrique lui devraient TANT !!

Les nuages qui s’amoncellent aujourd’hui au dessus de nos têtes sont striés de sang ; faites Maitre, qu’ils se transforment en pluie nourricière et non en ouragan dévastateur qui plongerait le Sénégal dans la tourmente et le désordre. Le Sénégal aurait un tribut trop lourd à payer s’il devait attendre encore longtemps pour faire cette transition, sans votre supervision, ou après 2012.

Merci Maître, très fraternelle ment et très humblement, avec tous mes respects".

Source : frontpatriotique.blogspot.com



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