La cathédrale Saint Antoine de Padoue a été hier le lieu d’expression de la colère de la communauté catholique de Ziguinchor, très remontée contre le président Wade. Sous l’égide de l’évêque, des centaines de fidèles ont observé un sit-in pour dire halte à l’entreprise de déstabilisation des fondements de la foi chrétienne.A quinze heures déjà, la cathédrale Saint Antoine de Padoue était pleine de monde.
Le lieu de culte, habituellement réservé aux grands événements religieux accueillait hier des fidèles en colère qui étaient là pour dénoncer ce qu’ils appellent les ‘dérives’ du chef de l’Etat, mais aussi et surtout pour manifester leur volonté de défendre leur foi religieuse. Un engagement qui est à la hauteur de tout ce que la communauté catholique dit avoir subi de la part du président de la République. L’acte majeur de cette manifestation qui a mobilisé plusieurs centaines de fidèles catholiques a été la lecture d’une lettre ouverte adressée au Chef de l’Etat, Abdoulaye Wade.
Dans cette missive qui retrace les rapports entre le président de la République et l’Eglise, la communauté catholique fait à Abdoulaye Wade la remarque : ‘depuis que vous avez la lourde et noble responsabilité de présider aux destinées du Sénégal, nous, chrétiens, avons constaté sous votre magistère plusieurs agressions contre l’Eglise catholique avec une volonté manifeste de déstabiliser sa foi’. La communauté catholique de mentionner quelques-uns des actes posés par le chef de l’Etat et qui confortent sa conviction. Il s’agit de la tentative de supprimer le mot ‘laïcité’ de la Constitution proposée au référendum en 2001, la lettre de menace de mort contre les évêques du Sénégal par le ‘cercle d’acier’, le refus catégorique de donner suite à la requête de l’Eglise pour l’acquisition d’un autre cimetière à Dakar ainsi que la tentative d’exproprier une partie du cimetière catholique Saint Lazare de Béthanie.
Sur cette même liste figurent également l’intrusion des éléments de la division des investigations criminelles (Dic) dans la cathédrale de Dakar pendant une célébration du vendredi saint et le fait de traiter les chrétiens d’ingrats. Tout cela, de l’avis des fidèles catholiques de Ziguinchor, ‘entre dans l’entreprise déployée pour déstabiliser les fondements de notre foi chrétienne’. Et la lettre de rappeler la déclaration du chef de l’Etat ‘qui disait publiquement que nous adorons un homme et des idoles’. En union avec l’Eglise universelle, les chrétiens du diocèse de Ziguinchor estiment les propos du chef de l’Etat inacceptables, outrageants, irrespectueux, aventuriers, diffamatoires et blasphématoires. Surtout que, mentionne la lettre, ‘aucune voix autorisée de l’église catholique ne s’est prononcée sur votre monument de la renaissance africaine’. ‘Qu’en serait-il alors si c’était le cas ?’, s’interroge la communauté catholique de Ziguinchor.
Qui rappelle au président Abdoulaye Wade que ‘l’histoire de la communauté catholique est parsemée de martyrs véritables, témoins de la foi du Christ et des conciles’. Lesquels ont défini en des termes nets et précis la divinité de Jésus : ‘Vrai Dieu né du Vrai Dieu, engendré, non pas créé de même nature que le Père et par qui tout a été fait’. C’est pourquoi, les chrétiens du diocèse de Ziguinchor se disent prêts ‘à ce que la continuité du règne de notre Seigneur Jésus Christ, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, passe au prix de nos vies’. Et dans ce combat qu’ils jugent noble, les catholiques de la capitale du sud manifestent leur reconnaissance, leur affection et leur gratitude ‘à l’endroit de la communauté musulmane et de tous ceux qui, de près ou de loin nous, ont manifesté leur sympathie spontanée et sincère’.
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