Montée en puissance de la violence: Ça sent la catastrophe !

Le Sénégal, « modèle » de démocratie en Afrique depuis l'avènement de l'alternance en 2000, fera son test de grandeur ce 25 février 2007. Mais, à trois jours de ce grand rendez-vous, c'est la montée en puissance de la violence entre libéraux, et ceux qui veulent les bouter hors du palais présidentiel. Et même entre partisans de Me Wade. Un tableau qui annonce comme l'odeur âcre des lacrymogènes dans nos ruelles, la semaine prochaine.

Attention ! Arrêtez vos querelles de chapelles. A défaut d'un Sénégal « Rose », nous ne voulons que la paix. Le « Jamm » légendaire doit prévaloir pour toujours. Telle est la remarque qui revient dans la bouche de bien de Sénégalais. Surtout que le début de la campagne électorale a été calme, pour ne pas dire mou. Mais depuis la deuxième ligne droite, le jeu a viré au… noir. Et comme des fauves affamés, toutes les formations ont les griffes dehors. Passé le moment des insultes et des propos aigres-doux, place depuis près d'une semaine aux batailles rangées. Le Pds, toujours le Pds, et encore le Pds. A Darou Mouhty, se sont les partisans de Modou Diagne et de Thierno Lô qui en sont venus aux mains, et exhibant coupe-coupe et couteaux. A côté, des militants libéraux ont saccagé le siége de « Rewmi » à Kébémer. Tout y a été ravagé. Sur la route de Sangalcam, ce sont les éléments du ministre Farba Senghor qui ont pris d'assaut la caravane de Idrissa Seck. Ces mêmes éléments de Farba Senghor, biceps bien en vue, ont envahi les étudiants de « Rewmi » à hauteur de l'Assemblée nationale. Que dire, alors de disciples de Serigne Béthio Thioune ? Faisant face toujours aux militants de « Rewmi », ils ont déversé leur colère hier à hauteur de la Vdn (Ancienne Piste) sur le convoi de Idrissa Seck, attaquant du coup militants et journalistes. Notre confrère, Louis Dasylva, reporter photographe à l'hebdomadaire « Le Devoir », y a passé une sale soirée ; sans compter la nouvelle tentative d'assassinat du leader du Jëf-Jël à St-Louis, par un supposé « malade mental ».  L'autre jour, il s'en est fallu de peu pour que l'irréparable ne se produise aux Parcelles Assainies, entre des éléments du maire Mbaye Ndiaye et ceux de « Rewmi ». Un parti qui, décidément, gêne les libéraux. Une haine probablement liée aux dernières « retrouvailles » entre Wade et Idrissa Seck. Pire, des voitures ont été incendiées, suite aux heurts entre libéraux de Kolda (Bécaye Diop) et socialistes, lors du passage du convoi de Ousmane Tanor Dieng dans cette partie Sud du pays. Hier encore, une rude bataille a opposé, à Nioro, des militants du chef de file de la coalition Alternative 2007, Moustapha Niasse, à des libéraux de la même contrée, amenés par Baïdy Souleymane Ndiaye. Qui pourra arrêter la spirale de la violence ? Un horizon sombre se profile, d'autant plus que le camp du candidat sortant pense gagner dès le premier tour ; ceci au moment où une grande partie de l'opposition, soutenant qu'un second tour est « inévitable », craint un hold-up électoral, des fraudes massives… Sur d'autres fronts, les étudiants ont donné le ton, le syndicat des pétroliers menace d'aller en grève le jour du scrutin. Tout le monde semble accroché à ce scrutin, qui se présente comme un danger « potentiel » pour le Sénégal ; si toutefois les différents acteurs (pouvoir, opposition, presse, société civile, syndicats) ne prennent pas les devants. Qui pourra empêcher les heurts entre foules et forces de l'ordre au lendemain du 25 février ? Terrible question !