Présidentielle 2007 : Ce que risque vraiment le candidat Wade!

Les manifestations de candidature à la présidentielle de 2007 se multiplient à force que le scrutin s’approche. Cependant, l’implacable realpolitik nous enseigne qu’en politique, comme en lutte ou en boxe tous les acteurs ne sont pas rangés dans la même catégorie. Au Sénégal, Wade a déjà fait les preuves de son leadership depuis qu’il dirigeait la coalition de la Ca 2000 qui aura permis d’entrer dans l’ère de l’Alternance. 
 
A quelques encablures des élections législatives et présidentielles prévues en février 2007, la scène politique sénégalaise est traversée par un activisme débordant marqué par des guères larvées entre les acteurs politiques du même camp. Au sein du Pds, les militants s’adonnent à des combats de positionnement tant au niveau des fédérations que des secteurs. Cependant, l’autorité du Secrétaire général national en l’occurrence Me Abdoulaye Wade ne souffre d’aucune contestation. Au niveau de la Cap 21, le Pr Iba Der Thiam imprime une transparence qui atténue l’expression des frustrations ressenties à tort ou à raison. Quant aux autres alliés de la mouvance présidentielle non membres de la Cap 21, notamment l’Urd de Djibo Kâ, l’Ufpe de Mbaye Diack, les Fap de Ahmed Khalifa Niasse , le Pr de Abdourahim Agne, le Rp de Mamoune Niasse, le Ptp de Me El Hadj Diouf et j’en passe, ils demeurent respectueux d’une certaine ligne de conduite fondée sur la fidélité et la loyauté à Me Abdoulaye Wade. A l’opposée, La Cpa est gangrenée par une crise profonde née de l’accumulation de contradictions toujours renvoyées aux calendes grecques. Entre Niasse, Tanor, Bathily et Dansokho la guerre fait rage et le manque de confiance s’instaure. Les « amis » d’hier ne s’entendent plus sur le minimum ni pour ce qui concerne la présidentielle ni pour ce qui est des législatives. Idrissa Seck dont le prétendu parti (rewmi) court derrière une reconnaissance légale, a compromis de manière irréversible son avenir politique en commettant une série de bourdes dont les plus graves sont naturellement le fait d’avoir avoué publiquement et librement s’être enrichi grâce aux fonds politiques que le Président Wade lui avait confiés et le jeu de «déballages» où l’image et la notoriété de grandes figures religieuses servent de monnaie d’échange au joueur de poker que symbolise Idrissa Seck. L’ayant compris, Idrissa Seck semble avoir opté pour exil volontaire de peur de perdre la face dans des élections perdues d’avance. D’autres candidats «sans illusion» se sont manifestés tant au sein de la classe politique que parmi les membres de la société civile, mais leur poids politique ou électoral est tel qu’aucun de ces derniers ne serait attendu au 2 ème tour, si 2 ème tour il y’ aura. On le voit, le candidat Wade qui en plus des forces politiques qu’il réunit autour de sa candidature, a l’avantage d’avoir un bilan qui inspire espoir et confiance. Pour dire, qu’en réalité, Wade risque de combattre sans adversaire et de vaincre sans gloire. En effet, les observateurs avertis n’excluent guère la possibilité d’un raz-de-marée qui permettrait à Me Abdoulaye Wade de rempiler dès le premier tour. Cette éventualité est d’autant plus évidente qu’au vu des réalisations de Me Wade, les Sénégalais ne sont pas prêts à se séparer de celui qui a réussi à installer le pays, au bout d’un premier mandat de 7 ans, dans l’antichambre des pays émergents. Pourtant le Pape du Sopi ne s’y était pas trompé en disant lors d’une interview avec TV5 : « Je veux bien me battre, mais je n’ai pas d’adversaire, avouez-le »,( de sa taille, s’entend) ! Pour l’heure, les partis de l’opposition crédités d’un électorat un tant soit peu respectable, sont confrontés à des difficultés insurmontables. L’Afp de Moustapha Niasse, digère mal l’attitude peu courageuse de leur leader lors de sa dernière audience avec le chef de l’Etat dans le cadre du dialogue politique. Le parti se vide ainsi de ses cadres et se réduit au cercle restreint des «amis» de première heure de Moustapha Niasse. «Yaakaar» est né depuis quelques jours des flancs de la formation politique de l’enfant de Keur Madiabel. Le parti socialiste de Ousmane Tanor Dieng est aussi secoué depuis plusieurs mois déjà par la l’irruption du Courant «Démocratie-Solidarité» composé de ceux qu’on appelait les «barons» du parti. La plupart d’entre eux sont des maires et contrôlent souvent des régions entières. Robert Sagna et Amath Cissé pour Ziguinchor et Kolda, Moustapha Kâ pour Fatick, Abdoul Khadre Cissokho et Souty Touré pour Tamba, Mamadou Diop pour Dakar, etc. Avec la candidature forcée de Robert Sagna à la présidentielle de 2007 et celle annoncée de Tidiane Daly Ndiaye, Tanor a préféré recourir à des primaires que certains qualifient déjà de piège à la tanorienne. Le fameux comité des « sages » se réunit finalement aujourd’hui pour tenter un impossible compromis, mais personne ne se trompe sur les limites d’une telle médiation!
La Cpa bloquée, Idy grillé, Landing, Talla et autres candidats de la société civile marginalisés, Wade reste le seul maître à bord pour 2007. Telle est l’esquisse d’un scénario que les Sénégalais risquent de vivre le 25 février prochain.