La contestation électorale ne sera pas l'affaire uniquement de l'opposition. Le candidat de la coalition Sopi 2007, Me Abdoulaye Wade, entend, à l'instar d'Ousmane Tanor Dieng et d'Abdoulaye Bathily, déposer un recours auprès du Conseil constitutionnel pour demander le réexamen procès-verbaux annulés. Plus de 116 mille voix annulées ont été dans soixante-seize bureaux de vote de Touba.
Les candidats du Parti socialiste (Ousmane Tanor Dieng) et de la Ld/Mpt (Abdoulaye Bathily) ne seront les seuls sur le terrain de la contestation électorale. Ils y seront rejoints par... Me Abdoulaye Wade. En effet, bien qu'étant sorti largement vaniqueur des consultations électorales du 25 février dernier, avec 55,86 % des voix, le candidat de la coalition Sopi 2007 conteste les résultats des urnes. Plus exactement, Me Wade proteste contre les procès-verbaux annulés au niveau des différents bureaux de vote. Ainsi, à Touba, plus de 116 000 voix ont été annulées dans 76 bureaux de vote.
Le candidat Wade entend, selon son porte-parole, Me Amadou Sall, déposer un recours auprès du Conseil constitutionnel pour demander le réexamen de la totalité des procès-verbaux annulés. Ainsi, il ne serait pas satisfait du score à lui attribué bien que considéré comme surperfétatoire par l'opposition. Il pense mériter plus. ‘Chaque voix compte dans une élection’, aurait soutenu le candidat de la coalition Sopi 2007, selon Me Amadou Sall.
Pour récupérer ‘ses’ voix qu'il aurait perdues dans les procès-verbaux annulés, Me Wade a mis en branle son directoire de campagne. Hier, la commission juridique de ce directoire, réuni autour du représentant du candidat Wade à la Commission nationale de recensement des votes, Mbaye Ndiaye, a épluché la totalité des procès-verbaux annulés. Et, avec une rigueur de spartiate, ils ont rassemblé les éléments devant constituer le dossier qu'ils entendent déposer, dès ce lundi, sur la table du Conseil constitutionnel.
Mais, la démarche de Me Wade est assez curieuse bien que sur le plan de la légalité, elle ne souffre d'aucune infirmité. En effet, il est difficilement compréhensible que le vainqueur de l'élection présidentielle se mette à réclamer des voix qui, peut-être, ne pourraient que légèrement améliorer son score. Surtout au moment où les Sénégalais ont du mal à prêter oreille aux vociférations de certains candidats de l'opposition qui contestent le verdict des urnes. Si le président de la République qu'ils ont élu, s'y met au lieu de prendre en charge, et dans l'urgence, leurs préoccupations, cela peut les pousser à se détourner de lui. Les élections législatives sont prévues dans quatre mois et les Sénégalais sont impatients de voir les promesses de campagne se réaliser. Mais, jusqu'ici, ce sont des menaces contre des candidats de l'opposition qui leur sont servies. Comme si la justice avait besoin d'une injonction pour faire son travail.
Cette démarche de Me Wade révèle, aussi, que le président nouvellement élu n'aurait pas, lui-même, confiance dans le déroulement du scrutin. Ce qui conforte l'opposition qui a toujours décrié, dans son ensemble, le processus électoral. A moins que tout cela ne cache une stratégie communicationnelle visant à ne pas laisser l'opposition, seule, sur le terrain de la contestation électorale.
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