Recrudescense de l'insécurité dans la banlieue : Les agresseurs font régner la terreur

La banlieue serait-elle la chasse gardée des hors la loi notamment les agresseurs? La réponse pourrait être oui eu égard aux nombreuses exactions que font subir quotidiennement aux populations des bandes constituées de jeunes armés de coupe-coupe, de couteaux et quelquefois de pistolets de fabrication artisanale. Ils font régner la terreur, s'attaquant à tout le monde de jour comme de nuit au grand dam des paisibles citoyens gagnés par le désarroi et la psychose. L'insécurité qui n'avait cours que par intermitence et encore dans endroits bien ciblés comme les quartiers mal famés et assez éloignés, a fini parétendre ses tentacules partout. Aucun coin de la banlieue n'est aujourd'hui épargné.Aucun lieu n'est sûr car les délinquants sont partout, dans les véhicules de transport en commun, au sortir des stades, guettantlemoment propice pour commettre leurs sales besognes etse fondre ensuite dans la nature. La sécurité est actuellement réduite à sa plus simple expression. Personne n'ose plus s'attarder la nuit au risque de faire les frais de ces bandes armées. Les femmes soucieuses de leur paraître, ont peur de porter des parures lorsqu'elles doivent honorer de leur présence des cérémonies de baptême ou de mariage de peur d'être victimes d'agressions. Des jeunes dont l'âge ne dépasse pas 25 ans

Le paradoxe, c'est que la montée de l'insécurité est l'oeuvre de jeunes dont l'âge n'atteint pas pour bon nombre d'eux 25 ans. Laissés à eux même par des parents irresponsables dont l'éducation de leurs rejetons n'est pas leur préoccupation, Ils empruntent le chemin tortueux de la délinquance et intégrent une bande . Toujours en possession d'armes et le plus souvent sous l'emprise de l'alcool ou la drogue question de se donner du courage, ils n'hésitent pas à blesser griévement ou à ôter la vie s'il le faut."Ce n'est pas étonnant lorsqu'on a des jeunes qui constituent la frange la plus importante de la population et qui ont un lendemain incertain puisque gagnés par le désoeuvrement et la désespérance. Alors ils optent le plus souvent pour la délinquance et se débrouillent comme ils peuvent d'autant plus que leurs parents ne les contrôlent pas" souligne un éducateur. Pour lui, le souci majeur pour lutter contre l'insécurité, devrait être l'insertion écomique et sociale des jeunes sinon la violence ira crescendo et le pire est à craindre. Face à l'insécurité grandissante de jour en jour, que font les forces de l'ordre?" Nous essayons tant bien que mal de la juguler en nous acquittant convenablement de notre mission qui est de faire régner l'ordre. Mais ilfaut reconnaître que nous travaillons dans des conditions difficiles" confie un gendarme. C'est vrai que des opérations combinées police gendarmerie sont initiées de temps en temps au cours desquelles des descentes sont opérées dans tous les milieux censés abriter des voyous avec à la clé des arrestations de caïds. Mais force est de reconnaitre que ces opérations ne sont pas menées de façon réguliére. Evidemment, pour assurer leur propre protection, certains n'hésitent pas à se procurer une arme à feu faisant fi de la réglementation qui régit le port d'arme.

Bachirou Sarr commissaire de police de Thiaroye

"La recrudescense est l'oeuvre de délinquants graciés, qui ont repris service"

Pour le patron de la police de Thiaroye, il y a effecivement une montée de l'insécurité dans la banlieue.Mais cela s'explique du fait que des bandits qui ont eu à bénéficier de la grâce présidentielle en avril dernier, n'ont fait amende honorable et ont repris leur sale besogne.

On note depuis quelque temps que les agressions sont de plus en plus nombreuses. Conséquence l'insécurité qui était en nette regression, prend de l'ampleur. Qu'en dites vous?

Cette montée de l'insécurité est causée par des voyous qui étaient en prison et qui ont été graciés par le Président de la République tout récmment pour leur permettre de réintégrer la société. Hélas, ils ont choisi de persister à filer du mauvais coton. S'étant constitués en bande en prison, ils sont passés à l'application dés qu'ils ont recouvré la liberté. Donc, depuis avril l'insécurité est en recrudescence. A thiaroye chaque jour on nous déclare une agression perpétrée en général sur l'axe Taly Diallo-Yeumbeul ou du coté de Nietty Mbar ou à Guinaw Rails. Nous avons réussi à démanteler plusieurs bandes. Pas plus que la semaine passée, les chef de bande Alassane Dieye alias poulo et Mbaye Ndiaye dit "Mbaye bou Gatt" ainsi que leurs lieutenants ont été mis hors d'état de nuire.

D'aucuns accusent les forces de l'ordre de manquer d'efficacité dans la lutte contre l'insécurité. Que leur répondez-vous?

Je me porte en faux contre de telles allégations. Elles ne reflétent du tout la réalité. Pour preuve, dans les journaux, on relate quotidiennement des faits divers. Aussi bien la gendarmerie que la police sont nuit et jour sur le terrain pour traquer les mafaiteurs et assurer ainsi la sécurité des personnes et de leurs biens. Lorsqu'on nous signale une agression, on parvint à interpeller le ou les auteurs dans trois jours au maximun pour les livrer à la justice. Encore une fois, traiter les forces de l'ordre de manquer d'efficacité, c'est méconnaître le travail que nous abattons chaque jour.

Peut on dire que la police a actuellement les moyens nécessaire de faire face à l'insécurité?

On a eu à bénéficier d'un certain renforcement de moyens logistiques surtout de matériels roulants pour rendre nos interventions beaucoup plus rapides. Par contre, il faut déplorer le manque d'effectif par rapport à notre mission de sécurisation. Néanmoins, la police s'organise de telle sorte qu'elle arrive à bien lutter contre la délinquance et la criminalité.

Confidences d'un agresseur repenti

Aprés avoir fait de l'agression son"boulot" pendant des années avec à la clé des victimes blessées à l'arme blanche, ce qui lui a valu de séjourner en taule à trois reprises, il a finalement décroché et gagne sa vie actuellement à la sueur de son front comme maçon.

Il se nomme O Fall mais ses amis avec qui ils opéraient, l'avaient surnommé ouze. Surnom qu'il ne souhaite plus entendre car cela lui rappelle une époque de sa vie qu'il veut effacer de sa mémoire. Agé aujourd'hui de 29 ans et domicilié à Guédiawaye Marché Boubess, O Fall n'a passé que deux ans à l'école primaire avant de se retrouver dans la rue. "Mes parents avaient divorcé alors que je n'avais que 9 ou 10 ans. Je me suis retrouvé avec ma mére qui étaient sans ressources pour pouvoir s'occuper de moi et mes deux soeurs. Un jour j'ai déserté la maison et j'ai rejoint un groupe de "faxman". C'est ainsi que j'ai été initié à l'hinalation du diluant et au vol à la tire. J'ai découvert l'univers carcéral étant mineure" raconte t-il. A l'en croire, ce n'est que quelques années plus tard qu'il a intégré une bande d'agresseurs. "Notre terrain de prédilection était Guédiawaye et les Parcelles Assainies. Par la suite j'ai été arrêté et emprisonné à trois reprises. J'ai eu à purger des peines ferme de 6 mois, un et deux ans. Mon dernier séjour à cent métres date de fin 2005" indique t'il. Depuis qu'il a recouvré la liberté dans le courant de l'an 2006, il a rompu tout contact avec ses anciens compéres et mis un terme à ses activités délictueuses." C'est grâce à un vieux codétenu qui m'apprenait le coran et me prodiguer des conseils que je suis revenu sur le droit chemin" confesse t-il. O Fall qui exerce le métier de maçon, dit regretter d'avoir eu à blesser des gens avec une arme blanche et implore le pardon du Tout puissant.

L'épicentre de l'insécurité

A n'en point douter, la zone qui englobe les localités de Thiaroye Gare, Yeumbeul, Malika, Keur Massar et sicap Mbao-Diamaguene est la plus dangereuse de la banlieue dakaroise. Elle recéle une forte concentration de malfaiteurs de tout acabit. La configuration des lieux avec la plupart des quartiers mal lotis et dépourvus d'éclairage, des ruelles étroites et souvent en cul de sac ajoutée à un manque criard d'infrastructures socio-éducatives en plus d'une démographie galopante, font que la délinquance y est trés poussé. Surtout que la majorité des jeunes se morfond dans le chomage et l'oisiveté. La zone est le terrain de prédilection de voyous qui foulent aux pieds la sécurité des braves gens. La psychose d'être la cible des bandes d'agresseurs hante les esprits des pacifiques résidents. Réguliérement, les agresseurs défraient la chronique avec quelquefois la victime griévement blessée ou laissée pour morte. C'est vrai la zone comporte un commissariat et deux postes de police en plus des deux brigades de gendarmerie. Leurs éléments sont sur la brêche 24 heures sur 24 et abattent un travail colossale sur le terrain en menant une croisade sans merçi contre les fauteurs de trouble. N'empêche l'insécurité qui avait enrégistré une baisse relative avec les interpellations de caïds sanguinaires comme Moussa Dioum, Pape Laye Fall, Malick Diallo"zembla", Arona Bangoura alias Rone, Saliou Diouf dit zale..., qui ont tous les mains tachées de sang et attendent de passer devant une cour d'assises, enregistre en ce moment une recrudescense notoire du fait de jeune délinquants qui veulent assurer la reléve de leurs aînés précités.