Retards sur les salaires, tension dans la trésorerie : L'Université est-elle sous perfusion ?

L'Université Cheikh Anta Diop de Dakar traverse des moments difficiles. En effet, au moment où les enseignants du supérieur menacent d'arrêter le service si leurs salaires de juin ne tombent pas au plus tard le 1er juillet, l'Ucad est confrontée à des difficultés budgétaires telles qu'elle est au bord de la... cessation de paiement.

‘Si les enseignants de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar ne perçoivent pas leur salaire du mois de juin au plus tard le 1er juillet, nous demanderons aux collègues d'arrêter purement le service’. Par conséquent, pas d'examens de fin d'année dont la première session débute le 1er juillet. Ndiassé Diop, secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes), donne ainsi le ton. Joint hier au téléphone, le secrétaire général du Saes, qui s'exprimait sur le retard des salaires des enseignants de l'Ucad, qui n'ont commencé à percevoir leurs salaires qu'avant-hier pour ceux d'entre eux qui touchent les leurs au guichet, n'y est pas allé de main morte. ‘Nous avions averti tout le monde à temps. Aussi bien les autorités universitaires que le gouvernement. Déjà, le 1er mai, nous avions défilé sans salaire et nous n'accepterons plus que cette situation se répète’, menace Ndiassé Diop. Ces retards de payement de salaire concernent également les heures supplémentaires que les enseignants perçoivent tous les six mois. ‘Depuis le 1er octobre, certains enseignants, notamment les vacataires, n'ont pas perçu un seul rond de leurs primes d'heures supplémentaires’, précise Ndiassé Diop.

Interrogé sur les véritables raisons de ce retard sur le paiement des salaires des enseignants de l'Université de Dakar, le secrétaire général du Saes martèle : ‘Nous n'allons pas nous hasarder à faire de la gymnastique pour chercher à comprendre ce qui se passe derrière. L'important pour nous, c'est que nos salaires soient perçus à temps. C'est tout’. Ndiassé Diop déclare avoir déjà averti le recteur Abdou Salam Sall sur ce qu'il en adviendra si, en fin juin, les retards sur les salaires se répètent.

Seulement, la situation est beaucoup plus compliquée que cela. En fait, si l'Ucad était une entreprise, on aurait dit qu'elle est au bord de la cessation de paiement. D'après une source proche du rectorat, le problème auquel sont confrontés le recteur et ses services financiers, a nom : difficultés budgétaires. ‘Le budget de l'université est quasiment épuisé. Et s'il n'y a pas de rallonge budgétaire d'ici le mois de juillet, l'Université Cheikh Anta Diop ne sera plus en mesure de payer les salaires de ses travailleurs et elle ne pourra pas, non plus, fonctionner’, avertit notre source. D'après cette dernière, ce problème dépasse le recteur Abdou Salam Sall. Tout est parti, selon lui, des mesures prises par le gouvernement portant augmentation de salaires des Personnels administratifs et techniques des services (Pats). A celles-ci se sont ajoutées les augmentations de salaires dues aux changements de grade de certains enseignants pendant que certaines indemnités étaient revues à la hausse. Parallèlement, poursuit notre source, le budget de l'Ucad à partir duquel sont payés les traitements salariaux des enseignants et des Pats, n'a pas connu d'augmentation. Ce qui fait que le gap causé par ces augmentations de salaires n'a pas été comblé. Et s'il n'y a pas de rallonge budgétaire, en fin juillet, l'Université de Dakar ne pourra même plus payer ses employés.

Selon notre interlocuteur, le recteur de l'Ucad avait produit, depuis des mois, un rapport financier destiné aux autorités. Rapport dans lequel il montre l'étendue du gap à combler. Mais jusqu'à présent, les autorités n'ont pas réagi. Pis, les difficultés financières de l'Ucad sont telles qu'aujourd'hui l'Agence comptable ne fonctionne plus au delà du 7 de chaque mois, puisque ‘n'ayant plus d'argent dans ses caisses’, explique notre interlocuteur.

Face à cette situation d'impasse que traverse l'Université de Dakar qui amorce le virage du système Lmd, les examens de fin d'année dont les deux sessions se dérouleront en juillet et en août, s'annoncent incertains.