Retour au bercail - Idrissa Seck à cœur ouvert

Pour sa deuxième conférence de presse depuis son départ du pouvoir, l'ancien Premier ministre Idrissa Seck sans gant, ni détour a évoqué toutes les questions de l'heure. Son compagnonnage avec le président Wade, les chantiers de Thiès, la tenue des élections à la date convenue, ses ambitions pour un Sénégal émergent, des alliances avec les autres formations politiques, et surtout la création de son parti, qui désormais s'appelle Rewmi, érigé sur les cendres du Front pour le progrès et la justice (Fpj) de Insa Sankharé. Dans la foulée, le président de Rewmi a invité le président Wade à leur notifier le décret sur la tenue des élections, comme le dicte la loi, à 60 jours francs pour le premier tour, et à 8 jours pour le second tour.

Entouré de son staff (Pape Diouf, Awa Guèye Kébé, Omar Sarr, Waly Fall, la bande des 14 députés), Idrissa Seck, souriant et très confiant, n'a pas mis des gants lors de la rencontre avec les journalistes. Trois heures de discussions, des révélations, renseignements et autres éclaircissements.

À sa naissance, Rewmi porte les couleurs bleue, blanc et orange.

Rewmi a comme président Idrissa Seck, vice-président Awa Guèye Kébé, secrétaire à la vie politique, Pape Diouf, Insa Sankharé trésorier etc. Le désormais parti de Idrissa Seck avec les couleurs « bleue, blanche et orange », reconnu au niveau du ministère de l'Intérieur sous le récépissé N°-11137/Mint/Dagat/Daps du 24 février 2003, avec comme emblème un drapeau orange frappé de Rewmi. « L'honneur, la justice et la liberté », en est la devise. «  Notre parti est né, nous quittons la Cap 21, désormais, nous avons les outils conformes à la Constitution. Concernant les élections, nous refusons tout report, elles doivent se tenir à la date indiquée », avertit Idrissa Seck. Mieux, il demande au président de la république de se conformer aux textes, pour faire un décret quant à la tenue des élections à la date indiquée. « 60 jours francs avant le premier tour, et 8 jours avant le second. Le report est exclu. Si Wade veut crédibiliser sa parole, il est tenu de publier ce présent décret. Je l'invite à le faire », martèle le président de Rewmi. Pour Idrissa Seck, son parti est démocratique, avec la liberté  d'expression et de parole. « Chez nous, il n'y a pas de constante, mais des variables. Tout adhérent peut s'organiser en cellule de base, départementale, régionale ; et un bureau politique, avec un secrétariat national, sera mis en place. Le président peut en nommer, mais c'est au bureau politique d'entériner après une enquête sur la personne choisie », souligne le sieur Seck.

Le jeu des alliances

Dans sa démarche, le patron de Rewmi a sorti des batteries fraîches pour des rencontres et négociation avec les autres partis. Il s'agit des formations de Serigne Mamoune Niass, de Jean Paul Dias, de Talla Sylla, de ses amis Landing Savané, Abdoulaye Bathily, et Amath Dansokho pour ressusciter la CA 2000 etc. Pour ce qui du Pds, il le considère comme son parti naturel dont il est l'actionnaire majoritaire. « Après le départ du secrétaire national et la levée des représailles, le choix des cœurs se fera vite et sans difficulté », dixit M. Seck. Ainsi, il sera discuté lors de ces rencontres d'un programme de société, avec au préalable la tenue d'élections libres et transparentes. « Notre délégation va rencontrer également la Clarté , et toutes les dispositions nécessaires seront prises à cet effet. Et de révéler que les saboteurs et autres empêcheurs de tourner en rond seront vite démasqués, « nous mettrons en place un central-contrôle, avec les outils les plus modernes des nouvelles techniques de la communication. Concernant un éventuel second tour lors des élections présidentielles, Idrissa Seck, tient à préciser que son parti soutiendra le candidat de « l'opposition » le mieux placé. « J'invite les tenants du pouvoir à honorer la dignité républicaine, respecter le choix des citoyens. Nous barrerons la route à toute personne qui tenterait de faire des représailles contre nous, et contre Insa Sankharé. Et si l'Etat ne peut pas assurer notre sécurité, nous nous l'offrons ».  Et d'ajouter, « les cartes seront en vente dans trois mois ». 

« Nous sommes à l'écoute du peuple »

Dans l'optique d'un programme de gouvernance, Rewmi se propose d'emblée d'écouter le peuple sénégalais. Un document dénommé « Enseignement de l'écoute du peuple sénégalais » a été déjà confectionné. Le programme, « c'est l'écoute et la proximité. Un cabinet a étudié le marché, c'est-à-dire les votants et les offres : les partis », annonce-t-il. Ainsi, dans leur premier dépouillement, Idrissa Seck dira que la priorité est au bien-être des populations, « Joop ak coop, nañu coop lu ñu joop », autrement dit, « travaillons pour assurer notre bien-être, mais aussi consommons le fruit de notre travail », d'où son clin d'œil sur la transparence, la bonne gouvernance et l'esprit du travail, et du travail bien fait. Le deuxième élément réclamé par le peuple, selon Idrissa Seck, est « que l'argent aille aux citoyens et non aux chefs, avec l'équité dans la distribution des ressources naturelles. Faire les villes de l'intérieur comme Thiès ».  L'autre priorité pour ces dernières est, selon le patron de Rewmi, la santé, l'énergie. « Plus de bougies à la place de l'électricité, je ne ferai pas de réquisition. La Sénélec et la Sar doivent reprendre leur rôle et fournir de l'électricité nécessaire à la consommation, pas se substituer à l'importation comme le prétend le président Wade », poursuit-il. Toutefois d'après, Idrissa Seck, ce projet de programme sera ficelé en programme dévoilé lors de leur congrès d'investiture.

« Les magistrats n'ont rien trouvé et ne trouveront rien jusque-là l'extinction du soleil »

Sans détour, l'ancien Premier ministre est largement revenu sur les chantiers de Thiès. Convaincu de sa bonne gestion, Idrissa Seck, déroule le film des événements. Ainsi, il évoque les autorisations du ministère des Finances qui, après vote de l'Assemblée nationale, et le passage vers le Pcrp du dossier pour le financement des chantiers. « Le président a fait un ordre de virement de crédits, suite à un arbitrage budgétaire, à la loi des finances. Rien dans ma gestion directe. Wade a également fait usage des fonds politiques », dira-t-il. Pour lui, le fait de révéler ces informations n'a rien à voir avec les secrets d'Etat. « Je suis un homme d'Etat pur, et c'est la chance de Wade. Ils ont simplement voulu rouler les Sénégalais à travers leurs informations. Et moi, j'ai voulu lever ces zones d'ombre », charge Idrissa Seck. « Aucun entrepreneur n'a révélé avoir affaire avec Idy, personne, d'ici à 600 milliards d'années. D'autre part, Idrissa Seck est revenu sur son emprisonnement, pour dire que rien des accusations contre sa personne n'est avéré : atteinte à la sûreté nationale, sortie irrégulière de correspondances, détournement du deniers publics… «  Les magistrats n'ont rien trouvé et ne trouveront rien jusqu'à l'extinction du soleil. Pourtant il y a eu des entrées irrégulières lors des visites des émissaires de Wade, Nafissatou Diop et Me Ousmane Sèye. Wade s'est acharné sur moi avec les sorties de son Premier ministre, de son ministre des Affaires étrangères, du procureur, et un emprisonnement de 8 mois », dira-t-il. Et d'ajouter, « je n'ai jamais demandé de liberté provisoire, ni de pavillon spécial, je suis là, toujours prêt, et avec mon éventail… Ils n'ont rien vu, mais pas déclaré de non-lieu », s'étonne-t-il. Pour conclure, Idrissa Seck parlant de l'alternance générationnelle (surtout dans la pensée) annonce que, « at mi atoum goné yi » ; littéralement, « cette année sera celle des jeunes », nous vaincrons ! »