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Politique

Sénégal : Wade docteur ès promesses

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Sénégal : Wade docteur ès promesses

 

A 80 ans et malgré un bilan mitigé, il remporterait l'élection présidentielle de dimanche.

A 80 ans bien tassés, c'est l'homme qui monte. Malgré un bilan médiocre, Abdoulaye Wade est en passe d'être réélu président pour cinq ans par une population jeune (50 % de moins de 25 ans) et élevée dans l'un des rares pays africains à n'avoir jamais connu de coup d'Etat, prenant de court ceux qui prédisaient le ballottage au premier tour. En dépit de quelques violences à la veille du scrutin, le vote s'est déroulé de façon satisfaisante, selon les missions d'observateurs, et le taux de participation a atteint plus de 70 %, un niveau record.

Ascension. Ce «plébiscite», comme l'annonçait dès hier matin à sa une le quotidien progouvernemental le Soleil, est la consécration d'une longue carrière politique, commencée dans l'ombre de Léopold Sédar Senghor. L'ombre du père de l'indépendance, puis de l'opposition, parfois de la prison. En 1973, l'ambitieux avocat qu'est Wade, alors responsable local au Parti socialiste, a déjà largement dépassé la quarantaine, il se sent bloqué dans son ascension. Il propose au Président de créer un parti croupion. Un an et quelques manifestations plus tard, le Parti démocratique sénégalais (PDS) passe à l'opposition franche et libérale. Abdoulaye Wade se présente pour la première fois à la présidentielle en 1978. Il a alors 52 ans. C'est du moins ce que dit l'état civil, qui le fait naître en 1926, citoyen français de Saint-Louis. Il pourrait avoir quelques années de plus, si l'on en croit le journaliste Abdou Latif Coulibaly. Mais tout vient à qui sait attendre. Abdoulaye Wade mettra vingt-deux années de plus à arriver au pouvoir en battant Abdou Diouf en 2000, le dauphin de Senghor.
Ce jour-là, dans sa villa de Dakar devenue le point de rencontre de nouveaux amis, de notables et de jeunes Sénégalais qui veulent croire au sopi (le «changement» en wolof), le slogan de sa campagne électorale, Abdoulaye Wade savoure sa tardive victoire. Une victoire à l'usure, le résultat d'une opiniâtreté et d'une habilité hors du commun. C'était en effet la quatrième fois qu'il se présentait contre Diouf. Battu trois fois, il avait été jeté en prison en 1988, après des émeutes. Avait accepté de composer, en entrant au gouvernement en 1992. Et, en 1998, avait fini par partir pour la France. La formation d'une coalition anti-Diouf, qui l'appelle à sa tête, le fait entrer dans l'Histoire. Il est le premier en Afrique francophone à imposer l'alternance par les urnes.
 
 
«Renard». L'homme est brillant, bardé de diplômes de maths, de philo, de psycho, d'économie, de droit... obtenus en France. C'est d'ailleurs à Besançon, où il est avocat stagiaire, qu'il rencontre sa femme, Viviane, la mère de ses deux enfants. En 1960, quand le couple va vivre au Sénégal, Me Wade commence par exercer et enseigner à la faculté de droit. De sa formation d'avocat il a retenu le sens de la formule percutante, un talent d'orateur servi par un physique que l'on n'oublie pas, crâne rasé, regard intense. Il fallait sans doute ces qualités-là pour devenir populaire dans les faubourgs, pour convaincre avec des promesses aussi creuses. Encore dernièrement, dans un discours de campagne, le chef de l'Etat a promis routes, hôtels de luxe, voies ferrées et aéroports... Et, bien sûr, des milliers d'emplois. Celui qui se dit encore «le Président de la jeunesse» en avait promis autant en 2000 à cette même jeunesse qui, aujourd'hui, n'hésite pas à risquer la mort en pirogue pour quitter le pays.
Irritable quand on s'oppose à lui, le bateleur s'est transformé, au fil des années de pouvoir, en autocrate, expulsant la correspondante de RFI qui avait osé donner la parole à des rebelles de Casamance, harcelant, parfois emprisonnant opposants ou alliés tombés en disgrâce, comme Idrissa Seck, l'ex-Premier ministre qui a fini par se présenter contre lui. A cette dérive de la vie politique sénégalaise est venue s'ajouter la peopolisation de la famille Wade et le népotisme, la nomination de ses enfants comme conseillers de la présidence étant diversement appréciée. Malgré cela, Wade s'est fait une place sur la scène africaine, intervenant à plus ou moins bon escient dans les affaires de ses voisins. Le président sénégalais est aujourd'hui plus honoré à l'étranger que par la classe politique sénégalaise, et plus à Paris ou à Washington que sur le continent, qu'il irrite avec ses déclarations à l'emporte-pièce. Il est vrai que celui que Senghor qualifiait de «renard» n'a pas son pareil pour faire rêver, en donnant des leçons de bonne gouvernance aux autres, que tout est possible, y compris au Sénégal.
 


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