L’alliance annoncée entre Mamoune Niasse et Idrissa Seck ne rassure pas forcément tout le monde. On comprend alors pourquoi le président de la République a proposé, en pleine nuit, au leader du Rassemblement pour le peuple une jonction politique pour 2007. S’il n’est pas découragé par le refus, Me Wade devra reformuler ses avances dans un contexte plus favorable.
Le ratissage large, opéré par le président de la République en vue de massifier la mouvance du parti au pouvoir, trouve ses limites face à Serigne Mamoune Niasse. Dans la soirée du 28 juin dernier, Me Abdoulaye Wade a reçu au Palais de l’avenue Senghor le Premier serviteur du Rassemblement pour le peuple (Rp). Celui-ci nous l’a confirmé au téléphone hier. Dans le contexte pré-électoral qui tend à prendre les allures d’une bataille des tranchées avant la grande guerre, la rencontre, nuitamment, entre deux leaders de formation politique échappe difficilement aux marchandages prévisionnels. Selon Mamoune Niasse, le Président Wade lui a fait des offres très précises d’alliance politique en perspective des élections présidentielle et législatives de février 2007.
La démarche du secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais est politiquement logique et admissible. Car il se trouve que, par ailleurs, la force supposée ou réelle représentée par le chef du Rp intéresse au premier point les partis et alliances de partis en compétition. En particulier, le début de jonction notée entre le Rassemblement du Peuple et l’ancien Premier ministre Idrissa Seck est de nature à créer des inquiétudes dans les cercles du pouvoir. Et c’est, entre autres raisons, l’engagement à cheminer avec le maire de Thiès qui a poussé Serigne Mamoune Niasse à décliner l’offre d’alliance proposée par le président de la République. Un refus parallèle à l’option première de tenter «plus que jamais» l’aventure programmatique et électorale avec Idrissa Seck.
Du reste, ajoute Mamoune Niasse, son entretien avec le chef de l’Etat s’est fait en totale intelligence avec Idrissa Seck, «tenu au courant bien avant le jour de la rencontre, le jour de la rencontre et aussitôt après l’entrevue». Depuis cette soirée du 28 juin, Abdoulaye Wade et Serigne Mamoune Niasse ne se sont pas revus. Ce dernier, qui vient de rentrer au Sénégal, s’était retiré au Maroc en compagnie d’une partie de son staff «pour, dit-il, mieux réfléchir sur (son) avenir politique, sur la recomposition politique et le comportement que doit avoir le Rp, ainsi que sur les axes de programme à proposer aux Sénégalais».
Sur un autre plan, la détention de son fils en Arabie Saoudite, Serigne Mamoune Niasse indique que c’est un élément qui sert d’«épouvantail» à certains dans l’optique d’un «chantage» contre sa personne. La position du leader du Rassemblement pour le peuple est… libérale : son fils est majeur, il a eu des problèmes dans le cadre de son «business» comme tous les autres Sénégalais qui sont dans une situation identique. Il devra en assumer les conséquences. La philosophie, développée sur cette affaire qui concerne son fils, renvoie à un nattu (Ndlr : épreuve divine) qu’il faut affronter. Mais au-delà de son rejeton qui «aurait pu perdre la vie», c’est davantage le sort de la jeunesse sénégalaise qui l’«interpelle» que «le sort exclusif de son propre fils».
Avertissement aux «maître-chanteurs» : ce n’est pas à cause de cet «épouvantail» lié à l’incarcération de son fils qu’on «me poussera à nouer des alliances politiques avec n’importe qui». Base de l’avertissement : «Ce que moi Mamoune Niasse je ne peux réussir en Arabie Saoudite, Abdoulaye Wade ne le fera pas.» Si Idrissa Seck revient dans la mouvance présidentielle, comme cela n’est pas impossible, Me Wade pourra alors reformuler ses offres au leader du Rassemblement pour le peuple.
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