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Politique

Wade président jusqu’en 2014 : Macky Sall juge ‘saugrenue’ l’idée d’Idrissa Seck

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Wade président jusqu’en 2014 : Macky Sall juge ‘saugrenue’ l’idée d’Idrissa Seck
Venu présider la cérémonie de remise de fournitures scolaires aux élèves de sa commune, Macky Sall a qualifié d’immoral le fait de doubler le budget d’un ministre qui n’est rien d’autre que le fils du président. Pour le patron de l’Apr que nous avons accroché, les partis politiques et la population doivent rester vigilants et continuer le combat.

Wal Fadjri : Idrissa Seck souhaite que les élections soient repoussées jusqu’en 2014. Qu’en pensez ?

Macky SALL : Vous savez, j’évite de personnaliser les débats. Très souvent, j’évite de parler des personnes. C’est vrai, un débat a été lancé depuis quelque temps dans le landernau politique. Ce n’est pas un débat nouveau. Pour rappel, en 2006, j’étais Premier ministre et directeur de campagne du président de la République sortant. Il y avait eu des tentatives aussi de l’entraîner dans une dynamique de repousser la présidentielle de 2007 jusqu’en 2009, afin qu’il ne se présente plus à l’issue de ce mandat prolongé. Donc ce sont des idées saugrenues, qui sont en dehors de la République. La République a des normes. Ces normes, c’est un calendrier républicain, une mandature normée dans le cadre d’une Constitution, un collège électoral qui élit un président de la République pour une durée donnée. On ne peut pas s’amuser avec ces matières-là puisqu’elles sont fondamentales pour la stabilité de la République.

Le président est élu pour cinq ans. Et le lendemain, il n’est plus président de la République. Ce n’est pas la peine de perdre notre temps sur des discussions de cette nature. Nous pouvons discuter du fichier électoral, de sa fiabilité, du processus électoral, de sa transparence. Mais nous ne pouvons pas discuter sur est-ce qu’il faut permettre au président de prolonger d’un jour, de deux encore moins de deux ans un mandat qui lui a été donné par le peuple. Le président ne peut le faire sinon il fait un coup d’Etat. Ni l’Assemblée nationale, ni le Sénat ne peuvent le faire. La seule chose qui pourrait être à la limite envisageable, c’est un référendum. En ce moment, c’est le peuple qui se prononce. Mais en dehors de ce cadre-là, comment voulez-vous qu’un président élu puisse prolonger son mandat parce qu’il y a une entente secrète ou négociée entre acteurs politiques. Mais, le mandat n’appartient pas aux hommes politiques. Je suis désolé ! La souveraineté appartient au peuple sénégalais.

Cependant, quelqu’un qui a besoin de prolonger son mandat par des voies autres, sait très bien que s’il va au référendum, son mandat finira avant 2012. Je ne suis pas sûr que si les Sénégalais étaient consultés aujourd’hui, le ‘oui’ l’emporterait.

Le département de l’énergie vient d’être confié à Karim Wade. Conséquence : à lui seul, il a le quart du budget de l’Etat. Est-ce un pas de plus vers la dévolution dynastique du pouvoir ?

J’avais dit, au lendemain de la mise en place du gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye, qu’avec ce remaniement, nous avions assisté à un fait historique jamais vu ailleurs. C'est-à-dire un gouvernement avec deux ministres des Finances, deux ministres des Affaires étrangères. C’est anachronique. On ne peut pas accepter ce qui est en train de se passer. Un ministre qui est à la fois ministre transversal, ministre technique qui est en même temps le ministre qui peut signer des engagements, emprunter et exécuter, etc. On ne peut pas être juge et partie à la fois. C’est inacceptable! Je crois que c’est effectivement un des actes majeurs qui sont mis en branle pour le passage en force de ce qu’on peut appeler le processus de dévolution dynastique du pouvoir. Le quart du budget, voire même le tiers du budget d’investissement passe par ce seul ministre. C’est indécent ! C’est une question de décence républicaine qui aurait pu éviter au chef de l’Etat de donner autant à un ministre qui n’est rien d’autre que son fils. C’est une question morale en fait. On ne peut dire que, juridiquement, il peut le faire ou ce n’est pas juste. Non ! Il peut le faire. Mais, moralement, il ne doit pas le faire.

On ne vous a pas entendu après la nomination de Cheikh Tidiane Diakhaté à la tête du Conseil constitutionnel et d’Ousmane Ngom comme ministre de l’Intérieur…

C’est vrai, on ne m’a pas entendu. Parce que j’avais préféré me limiter aux engagements de Bennoo. Donc, je condamne de façon ferme comme Bennoo l’a fait. Le choix est unilatéral. Nous n’avons rien contre la personne du président du Conseil constitutionnel. Mais, nous le jugeons par rapport aux actes qu’il a pris lui-même. Il avait été le président de la Cour d’appel qui a eu à se prononcer sur un différend électoral. Sur les affaires Ndoulo et Ndindy, le jugement qui avait été donné, n’était pas juste. Dès lors que ce magistrat a eu à prendre des décisions qui étaient contestées et qui manifestement n’étaient pas des décisions justes, nous avons des doutes raisonnables pour penser qu’il ne pourrait pas occuper valablement le Conseil constitutionnel qui, en dernier ressort, juge les élections. Donc il y a un problème de crédibilité. (…)

Et pour le cas Ousmane Ngom ?

Le cas Ousmane Ngom est un cas que je traiterai différemment. Encore une fois, je ne veux pas faire des jugements de valeur sur les personnes. Ousmane Ngom a été rejeté par Bennoo. On lui reproche un certain nombre de choses. Je n’irai pas jusque-là personnellement. On peut ne pas lui faire confiance. Mais, ce qui est important, c’est que la vigilance doit émaner de nous-mêmes. C’est à nous de créer les conditions et d’exiger la transparence du processus. Et si nous sommes suffisamment exigeants par rapport à cette transparence, je crois, que cela soit Ousmane Ngom, Massamba ou Mademba, il ne pourra que travailler dans le sillage de cette transparence exigée. Maintenant, il sait que nous ne lui ferons aucun cadeau.

Mais, à mon sens, nous devons poursuivre la collaboration avec lui alors qu’il n’a pas encore posé un acte. Nous le suivons comme du lait sur le feu. Le jour où il posera un acte, je serai le premier à demander son départ. L’essentiel est, d’abord, de mener l’audit du fichier électoral à bon port, de veiller à ce que la prochaine élection se fasse dans des conditions de transparence, que les cartes d’identité nationale puissent être délivrées aux citoyens de l’intérieur comme ceux de l’extérieur, à la jeunesse. Il faut continuer à se battre. On ne peut gagner une élection en dormant sur nos lauriers. Il faut se battre et exiger nos droits. Le peuple français vient de donner l’exemple par rapport à une réforme qui lui tient à cœur (réforme des retraites, Ndlr). Ce n’est pas seulement l’affaire des politiciens. On ne peut pas accepter qu’on déplace d’une minute la date des élections, qu’on tripatouille la Constitution pour remettre en cause le choix souverain des populations. Cela doit être notre combat.

Les partis politiques devant, mais les citoyens doivent être engagés. Le projet de budget 2011 est une parfaite illustration. D’abord, la présidence de la République qui s’adjuge à elle seule 90 milliards de francs qui ne sont pas contrôlés. Le président vient de prendre un décret pour se soustraire, soustraire ses services de tout contrôle. Mais, où va cet argent ? Qui va être le perdant ? C’est le peuple sénégalais. On va mettre plus de 240 milliards entre les mains d’un ministre qui se trouve être son fils. Il y a des problèmes. La gouvernance, c’est aussi notre affaire. Mais, si nous ne faisons rien, je pense qu’après 2012, le Sénégal regrettera amèrement sa passivité.



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