Le SENEGAL est encore à la croisée des chemins ; et le challenge de choisir la bonne voie est aussi exaltant que le risque de faire encore un mauvais choix est grand.
Le peuple silencieux et laborieux a beaucoup à enseigner aux hommes politiques qui ambitionnent de le diriger sans jamais le regarder dans les yeux ni même l'écouter sauf l'instant furtif d'une campagne électorale.
Il a écouté avec patience et espoir toutes les déclarations d'intentions dont nous sommes généreux.
Il a suivi désabusé la valse des transhumants et les querelles intestines de positionnement.
Il a subi sans soutien toutes les crises, toutes les pénuries et les catastrophes naturelles récurrentes.
Ce peuple croit fermement que la politique est un jeu de dupes pratiqué par des personnes de peu d'esprit, sans scrupule ni morale.
Il croit aussi que l'on entre en politique pour se servir et sévir et non pour servir.
Aujourd'hui, il n'écoute plus.
Il faut que nous nous pénétrions de cette vérité que pour que le peuple croie en nous il faut que nous commencions par croire en lui.
Il est impératif de tourner le dos à cette conception dévoyée et, fort heureusement à bout de souffle, de la politique devenue celle du ventre et des promesses mensongères.
Il faut aller à la rencontre du peuple en s'affranchissant des contraintes protocolaires pour le voir autrement que bariolé et sous des banderoles qu'il ne sait pas lire.
A nos yeux, le combat qu'il faut mener et gagner c'est celui de la réhabilitation de l'homme politique et par delà, de la politique.
Ma conviction est que nous ne pouvons, nous ne devons limiter nos ambitions à conquérir et garder un pouvoir, fut-il le plus important de tous.
Il faut et il suffit d'être solidaire et sincère avec le peuple sénégalais qui a vécu et vit beaucoup d'épreuves et de frustrations.
Il faut et il suffit d'inscrire à l'ordre du jour des rassemblements et des pétitions les doléances véritables du peuple sénégalais.
Il faut et il suffit de démontrer que l'opposition farouche peut et doit servir à défendre l'intérêt général.
Il faut et il suffit, par ces temps maigres, d'opposer aux dérives de la cupidité et de la félonie le front serein de l'honneur et de l'honnêteté.
Je reste convaincu qu'il est encore temps de rectifier le tir et de reprendre en mains les institutions de la république et les secteurs économiques à l'agonie.
Notre pays attend une classe politique respectueuse des institutions, probe et capable d'organiser et de respecter les règles du jeu démocratique.
Une classe politique solidaire à l'écoute du peuple et de ses souffrances.
Dès lors il devient possible de regarder le peuple dans les yeux, les poches vides mais les mains propres avec la dignité et le courage de l'homme honnête.
Il faut enfin savoir qu'aucune répression ne peut contenir la soif, devrais-je dire et je pèse mes mots, la faim d'un peuple aspirant à la liberté et à la dignité.
Cette soif est irrépressible et bien naïf qui croit l'arrêter par la matraque.
Je ne saurais finir sans rappeler cette déclaration de Majhemout DIOP : « Dans l'histoire d'un pays, il sonne toujours, en effet, une heure grave, entre toutes, et qui fait se dresser d'un même élan irrésistible et enthousiaste tous les fils d'un peuple ; parce que la terre des aïeux est en danger ; parce que la vague de honte qui monte risque d'éclabousser le front des générations mortes, vivantes et à venir. »
Cette citation qui date de 1958 n'a pris aucune ride.
Elle annonce mon combat d'aujourd'hui.
Wallu sa reew !
Fait à Chicago, le 21 avril 2008
Talla SYLLA
Wallu Sénégal
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