Après dix ans d'absence, l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo rentre jeudi 17 juin à Abidjan, trois mois à peine après son acquittement définitif de crimes contre l'humanité par la justice internationale et le feu vert à son retour donné par son rival, le président Alassane Ouattara, au nom de la "réconciliation nationale".
Opposant, président, prisonnier : il a traversé tout au long de sa carrière politique des phases de gloire et de déchéance qui n'ont pas entamé sa popularité parmi les siens en Côte d'Ivoire. Retour sur son parcours.
À 76 ans, Laurent Gbagbo, sous des airs bonhommes, cache une volonté de fer et une énergie féroce. Il a beaucoup appris de ses longues années d'opposition face au président Félix Houphouët-Boigny (mort en 1993), le "père de la Nation", longtemps premier relais de la France en Afrique subsaharienne. Né le 31 mai 1945, éduqué au séminaire et historien de formation, Laurent Gbagbo irrite rapidement le pouvoir par son activisme syndical.
Incorporé de force, emprisonné, il s'exile en France dans les années 1980, après avoir fondé clandestinement le Front populaire ivoirien (FPI). Membre de l'ethnie bété (ouest), exclue du partage traditionnel du pouvoir, il se lance ouvertement en politique en 1990 avec les premières élections marquées sous le signe du multipartisme : il devient alors le chef de l'opposition.
Habile vs. roublard
Son jour arrive le 26 octobre 2000 quand il accède à la présidence, dans des conditions de son propre aveu "calamiteuses", à l'issue d'un scrutin dont ont été exclus l'ancien chef de l'État Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara.
Derrière cette tentative de putsch, il voit la main d'Alassane Ouattara, qui dément. Celui qui se définit comme "l'homme du peuple" s'appuie sur ses jeunes partisans, les "patriotes", qui enflamment la rue. Les soldats français de la force Licorne tentent de maintenir un cessez-le-feu précaire tandis que Paris joue le rôle de médiateur pour essayer d’amorcer un processus de réconciliation. En vain.
L’armée ivoirienne lance en novembre 2004 une offensive pour reprendre le Nord. Jacques Chirac, président français de l'époque, tente de dissuader Laurent Gbagbo de toute intervention sans y parvenir. Le 6 novembre, l'armée ivoirienne bombarde des soldats français basé à Bouaké, fief des rebelles du Nord. L'armée française riposte et neutralise l'aviation ivoirienne. La tension est vive à Abidjan, où les pro-Gbagbo prennent la communauté française pour cible. Si Laurent Gabgbo échoue à reconquérir militairement le nord, il se pose en héros de la fierté africaine face à la France.
Un accord de paix est finalement signé en 2007 avec les rebelles de Guillaume Soro. Mais le processus politique reste bloqué avec pas moins de six reports de l'élection présidentielle, finalement fixée en 2010. Laurent Gbagbo se lance alors dans la course et retrouve au second tour Alassane Ouattara, qui a engagé une opération militaire pour le chasser du palais présidentiel.
En 2010, à l'issue de la présidentielle du 28 novembre, le président sortant de la Côte d'Ivoire refuse obstinément de s'avouer vaincu. Il tient tête pendant quatre mois à son ennemi Alassane Ouattara et à la communauté internationale, quitte à plonger le pays dans la crise. Les violences ont fait plus de 3 000 morts en cinq mois.
Le 3 décembre, le Conseil constitutionnel, acquis à sa cause, proclame la victoire de Laurent Gbagbo avec 51,45 %, invalidant les résultats de la commission électorale, pourtant "certifiés" par l'ONU, et qui donnaient Alassane Ouattara vainqueur (54,1 %).
Encerclé dans sa résidence présidentielle d'Abidjan avec son épouse Simone son fils Michel et une poignée de fidèles, Laurent Gbagbo "se battra jusqu'à son dernier souffle", a prévenu l'un de ses proches au tout début de la crise post-électorale. Le 11 avril 2011, alors que les combats font rage depuis une dizaine de jours dans le quartier de Cocody, les soldats pro-Ouattara avancent au sol, appuyés par l’armée française et la Mission des Nations Unies (Onuci) et arrêtent Laurent Gbagbo. Il est conduit à l’Hôtel du Golf, quartier général et siège de campagne d'Alassane Ouattara, avant d’être transféré dans le nord du pays où il est assigné à résidence pendant huit mois, avant d'être transféré à La Haye. Le 21 mai, Alassane Ouattara est investi. Il sera réélu en 2015.
Le 30 novembre 2011, Laurent Gbagbo est incarcéré au centre de détention de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, rejoint le 22 mars 2014 par l'un de ses proches, Charles Blé Goudé, ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes. Leur procès débute en janvier 2016. Laurent Gbagbo est le premier ancien chef d'État poursuivi par la CPI.
Ils sont accusés de quatre chefs de crimes contre l'humanité : meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains. Ils plaident non coupables.
À Abidjan, l'épouse de Laurent Gbagbo, Simone, contre laquelle la CPI a également émis un mandat d'arrêt en 2012, est condamnée en mars 2015 à 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l'État. Accusée de "crime contre l'humanité", "crime contre les prisonniers de guerre" et "crimes contre les populations civiles", elle est acquittée le 28 mars 2017 lors d'un nouveau procès, une décision cassée par la Cour suprême. Elle est finalement libérée en août 2018, après une amnistie présidentielle pour favoriser la réconciliation nationale.
Le 15 janvier 2019, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont acquittés par la CPI. En février, ils sont libérés sous conditions, avant un éventuel procès en appel. En novembre, la justice ivoirienne condamne en appel par contumace Laurent Gbagbo à 20 ans de prison pour le "braquage" de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Charles Blé Goudé est condamné le mois suivant à 20 ans de prison pour des crimes commis pendant cette crise.
En mai 2020, la CPI autorise sous conditions Laurent Gbagbo à quitter la Belgique, où il est assigné à résidence depuis son acquittement. Le 14 septembre, le Conseil constitutionnel ivoirien rejette une quarantaine de candidatures à la présidentielle d'octobre, dont celle de Laurent Gbagbo. Le scrutin est remporté par Alassane Ouattara, dont la candidature controversée à un troisième mandat entraîne des violences faisant près de 100 morts.
Le 31 mars 2021, la CPI confirme définitivement les acquittements de Laurent Gbagbo et Blé Goudé et lève les restrictions à leur libération. Quelques jours plus tard, le président Ouattara donne son feu vert au retour de son rival en Côté d'Ivoire.
3 Commentaires
Kakatar2.0
En Juin, 2021 (07:56 AM)On n'oubliera jamais ! Criminel , doublé d'un braqueur de banque.
#FreeJustice
Toujours L'histoire Falsifiée
En Juin, 2021 (08:07 AM)Kamlan
En Juin, 2021 (09:36 AM)Xeme
En Juin, 2021 (08:09 AM)Du jour au lendemain, la presse qui avait été la principale actrice de sa diabolisation, retourne la veste pour devenir laudatrice. Les satanistes de France, en soutien à leur pion légionnaire Alassane Ouattara donne ordre à la CPI (Cour Pénale Indigène) de le maintenir en prison, par des mensonges que la presse couvrira et relayera durant le temps que Ouattara fasse 2 mandats volés. Et la presse assure bien son rôle dans ce boulot. Aujourd'hui, comme elle avait reçu un ordre contraire, elle fait le contraire, tout en cachant les rôles sataniques de Ouattara, Sarkozy (le parrain de Ouattara) et la CPI. Pourquoi continuer de cacher que la CPI n'a pas pu étayer aucune de ses accusations, jusqu’à oser projeter à l'audience un film de manifestation qui avait eu lieu au Cameroun ? Pourquoi continuer de cacher que le principal film de la manifestation réprimée des femmes d'Abobo était un film bidonné, monté avec des actrices qui jouaient le rôle de victimes, un film censurée dans toutes les plates formes médiatiques de l'Occident et qu'ont ne pouvait obtenir que dans des médias russes ? Pourquoi continuer de cacher le sinistre rôle de Bensaouda, qui ne s'entêtait par ses recours que pour permettre à leur frère Ouattara de régner en faisant durer la procédure de mensonges le plus longtemps possible ?
L'Afrique ne se développera jamais si elle ne se libère pas de cette organisation qui réussit grâce aux fils d'Afrique complices masqués. Mais pour se libérer, il faut d'abord que les africains comprennent.
Ceddo
En Juin, 2021 (08:19 AM)Bref/. C’est bien ce TRAITRE SORO Kigbafori Guillaume qui s'est approprié le leadership de la rebellion et il a fait assassiner IB(Ibrahim Coulibaly) . un vrai opportuniste. Il a ensuite trahi Laurent Gbabbo. Ce dernier (Gbagbo) est aujourd'hui libre libre de rentrer en cote d'Ivoire, ironie de l histoire Soro Guillaume vie aujourd'hui Paria. QU'IL ASSUME
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