19EME EDITION DE LA FOIRE INTERNATIONALE DE DAKAR ( FIDAK) : Le Sambaay Mbayaan (griotisme) dégoûte les exposants

Les femmes faisant le tour des stands pour animer, tout en demandant de l’argent ou des articles, doivent prier le Ciel pour que la 19ème édition de la foire soit prolongée. Ces dernières, très encombrantes, parviennent à tirer leur épingle du jeu, car réussissant toujours à convaincre un potentiel donateur de mettre la main à la poche. Cette situation, même si elle arrange ces actrices, n’est pas du goût des exposants étrangers.

La 19ème édition de la foire traverse sa dernière ligne droite. Du côté des exposants, même si l’on se frotte déjà les mains, grâce à une bonne moisson, l’on continue de dénoncer certaines pratiques exclusivement sénégalaises. En effet, parmi celles-ci figurent en bonne place « le Sambaay Mbayaan, ou griotisme », assurée dans la plupart du temps par des femmes qui font le tour des stands pour se remplir les pochettes, ou pour recevoir un produit. Venue de la banlieue pikinoise, Ndaye Samb, tenant entre ses mains un haut-parleur, chante la fameuse chanson « Youza » en compagnie de 3 autres femmes, assurant à la fois le chœur et la danse. Interrogée, Ndaye, portant le masque des mauvais jours (elle venait d’être rabrouée par un Malien), nous lance avec insolence, « je n’ai rien à te dire, je suis venue faire mon travail, comme toi… ». Plus disposée à coopérer, sa collège Daba Ndiaye, explique, « nous sommes là depuis l’ouverture, nous assurons l’ambiance, surtout quand les ministres passent ; car, c’est la fête, tout le monde doit tirer profit de cet événement qui ne dure que quelques jours ». Plus loin, au pavillon de la région de Louga, même scénario, de jeunes gaillards, toujours au son du « Youza », fait distiller une musique suave à l’aide d’instruments traditionnels comme le tam-tam, le « Bongoo » et des bols. Très ingénieux, le lead-vocal du groupe demande le nom des autorités visiteuses, avant de les chanter. Cette stratégie s’avère efficace, car un responsable politique local a mis la main à la poche, en dégainant une enveloppe financière en état de grossesse très avancée. Au pavillon de la région de Ziguinchor, aussi, des danseurs au son du « Djembé et de la flûte », jouent leur partition. Le ministre Abdoulaye Baldé venu les saluer, interrompait quelques fois son discours, à cause des belles sonorités qu’ils distillaient. Cependant, cette ambiance festive qui rappelle étrangement celle des grandes cérémonies familiales, est mal appréciée par les exposants étrangers. « On veut certes danser, comme tout être humain, mais pour le moment, nous devons nous consacrer au travail, en attendant la fin de la foire », a conseillé Mamadou Sylla, un exposant spécialisé dans la vente de boubous traditionnels (Thiouppe). Avant de relever, « ces femmes-là, qui passent chaque jour en chantant et dansant, doivent arrêter, parce qu’on nous avait déjà donné 2000 francs à un groupe. Donc, elles doivent aller chez les autres, et nous laisser tranquilles ». Après ses diatribes contre les Sénégalaises, son guide, Moustapha Touré, un jeune étudiant à l’université Dakar Bourguiba, apparemment gêné par la remarque gauche (mais somme toute vraie) de son patron, nous confie en Wolof, « ces dames qui ont font du Sambaay-Mbayaan nous pompent l’air, et souillent la réputation du Sénégal, parce que le premier réflexe d’un étranger est de raconter ce qu’il vu au retour dans son pays. Vraiment, cela n’honore pas notre pays. Même si on mourrait de faim, on se doit d’accepter de mourir dans la dignité. A les (les femmes) voir, on sent qu’elles sont bien entretenues par leurs maris, elles n’aiment que la facilité ».