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Amadou Diaw, auteur de la plainte contre le chef de l'Etat : ' Nous avons un document sur le patrimoine de Wade'

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Amadou Diaw, auteur de la plainte contre le chef de l'Etat : ' Nous avons un document sur le patrimoine de Wade'
Dans un entretien que le président de ‘Moment de se lever pour l'Afrique’ (Mla) nous a accordé, avant-hier, mardi, Amadou Diaw se dit prêt pour le combat judiciaire que son association a engagé contre le président Wade, Karim Wade, Denis Sassou Nguesso et Théodore Obiang Nguéma. Et ce ne sont pas les observations d'irrecevabilité de sa plainte formulées par le procureur français qui vont l'arrêter. Amadou Diaw, qui ne veut pas que sa photo soit publiée par crainte d’éventuelles représailles contre sa famille, est revenu, entre autres, sur les objectifs de son association.

Wal Fadjri : Vous venez de recevoir une lettre du Doyen des juges d'instruction du Tribunal de grande instance de Paris qui vous réclame de payer 1 000 euros pour la consignation. Comment allez-vous y prendre ?

Amadou Diaw : Je dois d'abord remercier le peuple sénégalais et, à travers vous, la presse parce que l'information est bien passée. On dirait que les gens des quatre coins du monde étaient pressés que l'on dépose cette plainte. Quand vous tapez la plainte de Mla dans google, vous avez une masse d'informations. Le monde avait faim d'une information. La plus grande partie est faite par cette plainte. Il reste maintenant au peuple sénégalais de se mobiliser, de se sacrifier pour la faire aboutir quand on sait que Wade et son gouvernement sont à pied d'œuvre. Ils ont déjà leurs avocats malheureusement payés avec l'argent du peuple. Par conséquent, c'est à nous de faire le nécessaire. Au passage, je ne manquerai pas de fustiger l’attitude des leaders de Bennoo Siggil Senegaal. Je leur avais remis la plainte au mois de novembre. Depuis, je ne les ai pas entendus.

Wal Fadjri : A qui avez-vous remis les documents concernant la plainte ?

Amadou Diaw : Je les ai remis à Aïssata Tall Sall (Ndlr, porte-parole du Parti socialiste) lors de sa conférence avec Albert Bourgi à la rue Solférino (Paris). D'ailleurs, lors de cette conférence, le modérateur M. Diouf (Ibrahima Diouf du Ps, Ndlr), m'avait dit, lors de mon intervention, que c'était intéressant, mais qu'il fallait attendre la fin de la conférence. Cela n'a pas été fait. Aïssata Tall Sall m'a remis son numéro de téléphone, me priant de l'appeler. Ce que j'ai fait dans la soirée, mais je suis tombé sur sa boîte vocale. J'y ai laissé un message. Je voulais, en fait, quelques conseils pour répondre au Doyen des juges d'instruction. J'ai répondu et le Doyen des juges d'instruction m'a envoyé cette lettre ordonnant de payer les 1 000 euros de consignation.

Wal Fadjri : Comment allez-vous vous acquitter de cette consignation ?

Amadou Diaw : J'ai lancé sur le net les modalités pratiques d'adhésion au Mla. La cotisation est fixée à 3 euros par mois (2 000 francs Cfa environ) mais l'adhésion, c'est 5 euros (plus de 3 000 francs Cfa). Nous acceptons les dons et le mécénat. Nous faisons confiance au peuple sénégalais et à tous ceux qui nous soutiennent dans ce combat judiciaire. A part la consignation, il faut aussi mobiliser les honoraires des avocats. Nous comptons saisir cette occasion pour nous débarrasser, une fois pour toutes, de Wade qui a commis un mal que le peuple sénégalais n'a jamais connu dans son histoire. Nous invitons surtout à la mise en œuvre du sous-projet Mla qui vise l'autosuffisance alimentaire, la création d'une usine de panneaux solaires, d’une industrie lourde à partir de laquelle nous pouvons construire nos propres tracteurs pour soutenir l'agriculture. C'est un passage que nous croyons indispensable pour que le Sénégal puisse s'aligner au niveau du concert des pays émergents.

Wal Fadjri : Le président Wade a soutenu qu'il n'a pas d'immeubles, à part une pièce de 41 m2 en France et qu'il n'a qu'un seul compte bancaire dans lequel il n'y a que 3 500 francs français anciens. Avez-vous des documents qui prouvent le contraire ?

Amadou Diaw : Nous avons un document sur la réalité du patrimoine d'Abdoulaye Wade. Mais l'enquête va être menée par la justice française. L'objectif premier du Mla est atteint. Nous avons fait en sorte que le président soit obligé de réagir (...). Tout le monde sait qu'en mettant en place une administration parallèle avec les agences, Wade s'est éloigné, dès le départ, des règles de gestion administrative de l'Etat. Il met des gens incompétents à la tête de ces agences, qui reçoivent des millions alors que les agents qui sortent de l'Ena (Ecole nationale d’administration, Ndlr) gagnent des miettes. C'est une forme de détournement. Le budget de la présidence peut subventionner le prix du riz. Le Mla est là pour combattre tout cela.

Par rapport à son communiqué, il n'y a pas de réflexion à faire. Cela fait même rire d'entendre cela. C'est vraiment se moquer des Sénégalais. Je renvoie le peuple à la réaction de Wade et de son ministre de la Communication sur l'affaire Ségura.

Wal Fadjri : C'est-à-dire ?

Amadou Diaw : Ils avaient dit que le Sénégal n'avait rien à avoir avec cette affaire. Quarante-huit heures après, nous avons vu ce que nous avons vu. Wade était obligé d'accepter le fait accompli. Lui et ses ministres n'ont jamais dit la vérité au peuple. Ils ont ignoré totalement la souffrance du peuple. Il faut vraiment que cela s'arrête.

Wal Fadjri : Vous dites détenir un document sur la vérité du patrimoine de Wade. A combien s'élève ce patrimoine et de quoi est-il constitué ?

Amadou Diaw : Ecoutez, je ne suis pas un comptable. Donc je ne peux pas faire la comptabilité de tout cela. Il reviendra au Doyen des juges d'instruction d'enquêter sur tout cela. Et je demande également aux leaders politiques, notamment de l'opposition, de se déterminer sur tout cela. Si ce qu'ils déclarent sur Wade est vrai, il faut qu'ils en apportent les preuves pour renforcer la plainte qui est faite au nom du peuple sénégalais (…). Si cette procédure judiciaire échoue, ce ne sera pas le fait du Mla ni de son président. Mais ce sera le fait du peuple sénégalais (…).

Wal Fadjri : Vous êtes Sénégalais, président du Mla. Les Sénégalais ne vous connaissent pas assez. Si vous devez vous présenter, que diriez-vous ?

Amadou Diaw : Le Mla n'a pas encore fait un an d'existence. Son bureau est dirigé par un Sénégalais comme vous le dites. Son trésorier est guinéen et son secrétaire général est congolais. C'est une association continentale.

Wal Fadjri : Mais vous, qui êtes-vous ?

Amadou Diaw : Pour le moment, vous me permettrez de ne pas répondre à cette question. Peut-être que, dans un mois, je vais vous répondre.

Wal Fadjri : Depuis votre plainte, avez-vous subi des pressions venant des autorités sénégalaises ?

Amadou Diaw : Pour le moment, je n'en ressens pas encore. Encore moins ma famille au Sénégal. Mais vous savez que le président Wade combat toujours ses adversaires d'une manière ou d'une autre. Donc, je m'y attends, surtout en ce qui concerne ma famille qui est au Sénégal.

Wal Fadjri : Revenons sur les 1 000 euros de consignation. Si votre appel n'a pas été entendu, avez-vous les moyens de payer cette consignation nécessaire à l'examen de la plainte ?

Amadou Diaw : J'ai eu des réactions de la diaspora partout dans le monde. Je pense que ce sera une affaire de communication, de temps. Les gens réagiront à coup sûr. Et puis, 1 000 euros, ce n'est rien par rapport à la capacité des Sénégalais et à l'enjeu. Un seul peut payer cette somme. Mais nous allons demander, si nécessaire, une aide juridictionnelle.

Wal Fadjri : Le président a dit qu'il va se défendre le moment venu. Etes-vous prêt pour le combat judiciaire ?

Amadou Diaw : Le combat est déjà engagé. Nous ne reculerons jamais. Nous avons eu à le dire : c'est une mission divine que de combattre Wade et son régime.

Wal Fadjri : Vous semblez politiser l'affaire...

Amadou Diaw : Qu'est-ce que vous entendez par politiser ?

‘200 milliards d'euros détournés par des chefs d'Etat africains dorment dans les paradis fiscaux. Il faut mettre fin à cela’

Wal Fadjri : Le fait de ne pas s'attaquer à l'objet de la plainte, mais plutôt à évincer Wade de son poste de président de la République

Amadou Diaw : Vous me posez une question dont vous avez la réponse. Il nous faut réagir. La situation du Sénégal et de l'Afrique est telle que nous pensons qu'il faut mettre fin, devant l'histoire, au détournement des deniers publics. La Cour pénale internationale traque des criminels de guerre et laisse les criminels économiques. Aujourd'hui, la France traîne son ex-président pour des affaires liées à la mairie de Paris. Et nous, nos personnalités politiques sont libres de faire ce qu'elles veulent. L'aide au développement n'est jamais arrivée aux populations. Elle est détournée pour être placée dans des paradis fiscaux. La justice française n'est qu'une étape dans cette affaire parce que nous avons saisi la Cour pénale internationale, les présidents Sarkozy et Obama. Nous leur avons demandé de parler de ces fonds détournés au G20, dont une enquête européenne a révélé qu'il y a 200 milliards d'euros dans les paradis fiscaux uniquement détournés par des chefs d'Etat africains. Il faut mettre fin à cela. Le président Sarkozy est intervenu sur cela à travers une lettre que nous lui avons envoyée, le mettant devant le fait accompli après son ‘Discours de Dakar’ où il a lancé un appel solennel aux jeunesses d'Afrique en disant que la France sera à leurs côtés si elle décidait de se lever. Le président Sarkozy a répondu pour soutenir la démarche de Mla. Ce n'est pas un soutien pour la plainte, mais pour les objectifs généraux de notre association. Il a été sensible à notre interpellation et a dit qu'il ne manquera pas de saisir le G20 pour lui faire part de ce combat-là. C'est son chef de cabinet qui nous a répondu. Donc, le combat ne fait que commencer.

Wal Fadjri : Avez-vous d'autres soutiens ?

Amadou Diaw : Il y aussi le président du Conseil général Gérard Charasse qui a accepté d'être membre d'honneur du Mla. Nous avons aussi reçu une lettre de Jean-Marc Ayrault, président du groupe parlementaire socialiste, radical et divers gauches. Nous sommes donc confiants. Nous avons aussi reçu des soutiens venant des Etats-Unis et d'Europe. Sur le plan des médias, nous avons eu une interview avec la Bbc.

En Occident, on n'a pas connu une association qui a pris les choses en main pour changer radicalement le devenir de l'Afrique, l'éternelle victime de la traite négrière, manquant une réparation matérielle, financière. Après la Seconde Guerre mondiale, l'Afrique a été exclue du Plan Marshall. Compte tenu de tout cela, nous demandons qu'on statue sur notre cas. C'est de l'argent qui a été détourné. Nous demandons à ce que notre argent soit retourné et le remettre surtout à la jeunesse africaine, l'éternelle victime de ces détournements. Cette jeunesse est contrainte à émigrer à travers le sable du désert, les trains d'atterrissage des avions. Il faut que cela cesse. Par ailleurs, nous sommes fils de tirailleurs sénégalais. Et pour cela, la France nous doit ne serait-ce qu'une dette morale.

Wal Fadjri : Toutes ces personnalités sont-elles au courant de votre plainte contre Wade et Karim, son fils ?

Amadou Diaw : Peut-être à travers la presse, notamment Le Monde. Nous pensons qu'ils sont au courant. Mais, nous allons prendre nos dispositions pour les informer de la situation. Peut-être qu'ils seront sensibles à une saisine directe.

Wal Fadjri : Par rapport à votre association, si vous devez la présenter, que diriez-vous en quelques mots sur ses objectifs, ses membres ?

Amadou Diaw : Comme nous avons eu à le dire quelque part, le ‘Moment de se lever pour l’Afrique’, c'est la traduction en français de ‘Jog jotna’. L’association a été créée en 2006 à Dakar alors que le constat a été fait que des milliers de jeunes se sont tués dans la mer dans le cadre de l'émigration clandestine. C'est au lendemain de ce fléau que nous avons eu à créer ce mouvement ‘Jog jotna’. Il est temps de se lever pour mettre fin à tous ces drames, à toute cette politique néocoloniale qui persiste, qui fait que l'Afrique est mal partie, comme le disait ce brillant économiste hollandais, dix ans après les indépendances des pays africains. Aujourd'hui, où en sommes-nous ? Nous sommes totalement passés à côté. C'est donc le moment de se lever pour l'Afrique et mettre fin à tous les errements politiques des régimes de coups d'Etat institutionnels, notamment pour le cas du Sénégal dont les autorités ont modifié 14 fois la Constitution. Nous avons lancé quelque chose que l'Afrique en général et le Sénégal en particulier doit s'approprier. Le Mla est un outil de combat juridique entre les mains des Africains.

Wal Fadjri : Au-delà de cette plainte, avez-vous d'autres projets ?

Amadou Diaw : Le Mla est administré par un Conseil panafricain des jeunesses africaines. Au niveau de chaque pays, il y a un Conseil des jeunes qui élit deux délégués qui constituent le Conseil panafricain des jeunesses africaines. C'est ce conseil africain qui pilote le projet Mla. Il est décliné au niveau de chaque pays en sous-projets Mla. Par exemple, il y a le sous-projet Mla Sénégal. Nous tenons à ce que le gouvernement d'Abdoulaye Wade puisse le financer à travers ces fonds détournés qui font l'objet de cette plainte-là. Nous espérons que le même travail fait sur les avoirs des autorités gabonaises, congolaises, équato-guinéennes du pôle financier de la justice française se fera dans le cadre de notre plainte contre Abdoulaye Wade et Karim Wade.

‘Nous allons saisir la Cpi, Sarkozy et Obama’

Wal Fadjri : Dans vos projets, il y en a qui sont agricoles. Comment allez-vous les réaliser ?

Amadou Diaw : Dans le sous-projet Sénégal, nous avons prévu d'exploiter 100 000 hectares. Vous savez que le Sénégal dispose de 240 000 hectares irrigables dans la Vallée du Fleuve Sénégal et une trentaine de milliers d’hectares dans la Vallée de l'Anambé. Ce sont des terres irrigables. Jusqu'au moment où je vous parle, le Sénégal n'exploite qu'une cinquantaine de milliers d’hectares. Nous avons donc des terres qui ne demandent qu'à être exploitées. Dans nos prévisions, nous avons dit que si deux jeunes exploitent un hectare, ce seront des milliers de jeunes qui trouveront du travail. Avec la mise en place d'une société de fabrique de panneaux solaires, cette usine va recruter des ingénieurs, des techniciens. Avec notre sous-sol riche en minerais de fer, des hauts fourneaux pousseront dans le Sénégal oriental. Nous allons travailler le fer et construire nos propres tracteurs pour soutenir l'agriculture.

Wal Fadjri : Pour réaliser ces projets, il faut nécessairement un partenariat avec l’Etat du Sénégal. Mais en portant plainte contre la plus haute autorité du pays, n'être-vous pas en contradiction avec vos projets ?

Amadou Diaw : Il n'y a pas de contradiction entre nos objectifs et la plainte que nous avons déposée contre le président Wade. L'Etat ne nous empêchera pas de régler les besoins urgents des populations. Nous avons ciblé les jeunes des Associations sportives et culturelles (Asc). Ce sont nos partenaires sur le terrain. Si l'Etat veut nous empêcher de réaliser ces objectifs, c'est le peuple qui va réagir.



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