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BOUILLIES, RESTES DE REPAS DE VEILLE AU MENU : Les enfants, les laissés pour compte du ramadan

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BOUILLIES, RESTES DE REPAS DE VEILLE AU MENU : Les enfants, les laissés pour compte du ramadan

Si ce n’est pas de la bouillie, les enfants se contentent souvent, dans certains foyers, des restes de repas de la veille en guise de déjeuner, pendant le Ramadan. Le manque de moyen empêche certains parents de préparer à manger décemment à leur progéniture. Au grand dam des petits.

En cet après-midi de ramadan, des enfants trouvés au quartier de la Cité des eaux, jouent devant une boutique. A cette heure, c’est normalement le déjeuner dans les foyers. Pourtant, ces petits garçons n’en ont cure. La raison, c’est le mois de ramadan. Certains enfants disent qu’en période de jeûne, ils s’abstiennent de manger et de boire comme les grands. D’autres les contredisent en utilisant la blague pour les accuser de faire semblant de jeuner, alors qu’en dehors de leur maison, ils s’alimentent (korou galé). Une petite fille qui était un peu discrète et à l’écart de la discussion, souriante, semble du coup vouloir s’intéresser à l’échange. Elle s’appelle Fatoumata Ndongo, 11 ans. « J’essaye de jeuner quand c’est possible. A mon âge, c’est un peu difficile mais je fais de mon mieux pour m’adapter au jeûne », dit-elle. Dans le même groupe, Ndiaga, 10 ans, l’air terrible et dynamique devant son baby-foot, déclare : « si nous ne jeunons pas, nous n’aurons pratiquement rien à nous mettre sous la dent, si ce ne sont les restes de repas de la vieille ». A quelques jets de pierre de là, c’est la demeure de la petite Fatoumata. A l’intérieur, la tante de la fille est sur son matelas, certainement les affres du ramadan sont passées par là, lui lançons-nous. Fatoumata Agne, teint clair, nous confie qu’à ce propos, « on ne peut pas préparer un repas faste pour le déjeuner des enfants parce qu’on doit le faire le soir pour toute la famille. Ainsi, on essaye de s’arranger pour leur donner à manger car ils ne sont pas en âge de jeuner ».

Bouillie ou repas de la veille

Ce n’est pas n’importe quel repas qui est servi aux petits : « souvent, leur déjeuner est fait à base de lait caillé ou de bouillie », confie Fatoumata Agne. La petite Fatou Dème, âgée de huit ans, déclare qu’elle préfère comme déjeuner un plat de riz bien cuisiné. « Chaque jour, prendre de la bouillie de riz ou du ‘thiakry’ (mélange de couscous et de lait caillé) est, à la longue, lassant », ajoute la fille. Sa tante reconnaît qu’elle ne prépare pas du riz pour le déjeuner des petits car les moyens ne le permettent pas. « Dès fois, on réserve une partie du repas de la vieille aux enfants. On ne fait que réchauffer le riz pour le leur servir dans l’après-midi », explique la dame. Cependant, la grise mine des enfants devant le discours de leur tante laisse croire qu’ils n’apprécient pas la qualité du repas qui leur est servi. Ces enfants ne sont pas les seuls à se contenter de ces plats. Ndiaga, un garçon trouvé devant une boutique, ne cache pas son aversion pour certains repas. « Je n’aime pas du tout le ‘sombi’ (bouillie de riz sucrée), je préfère jeûner que de le prendre comme déjeuner ».

Ce n’est pas le cas chez les Diallo, à quelques encablures de là. Apparemment, cette famille semble plus nantie que ses voisins. La villa bien construite et le salon bien équipé sont des signes de confort social. Les enfants suivent la télévision. Informés de l’objet de notre présence, Amadou Diallo, père de famille, la cinquantaine bien sonnée, explique : « chez moi, chaque jour, on prépare le repas pour les petits qui ne peuvent pas jeûner. Personnellement, je donne de l’argent pour que les enfants puissent avoir de quoi déjeuner. C’est un devoir de tout parent de nourrir sa progéniture. Même si on est en ramadan, on doit préparer un déjeuner consistant pour les petits ». Dans ce foyer, on constate à travers nos échanges que certains enfants veulent observer le jeûne, contre le gré de leurs parents. Amadou Diallo assène que « c’est tout à fait normal quand les enfants veulent s’initier à un des piliers essentiels de leur religion. Mais il ne faut pas que cela menace leur santé ».

Hausse des dépenses

Son fils Pape Mamadou Diallo, six ans, jovial, rigole : « des fois, je jeûne jusqu’au déjeuner, je mange et je continue jusqu’à la rupture ». Le petit confirme : « chez nous, on prépare le déjeuner pour les enfants ». Sa grande sœur Awa Diallo vient confirmer sa déclaration. Agée de 17 ans, elle observe le mois de ramadan, comme le montre sa mine. « C’est moi qui prépare le déjeuner pour les gosses ». Cependant, elle reconnaît que la réalité est tout autre dans les autres foyers : « dans les autres maisons, on réserve une partie du repas de la vielle pour le donner aux enfants comme déjeuner le lendemain ». Le père de famille reconnaît que le repas des enfants entraîne une augmentation des dépenses. « Chez moi, les petits se réveillent à l’aube, prennent le pain quand on se prépare pour entamer le jeûne. Ils prennent le déjeuner et, à la rupture, on est obligé de partager le repas avec eux. Ce qui fait que la dépense quotidienne double ou triple », poursuit-il. Amadou Diallo, comme un privilégié, supporte cette charge. Ce qui ne peut pas être le cas dans beaucoup de foyers sénégalais.


Oumar KANDE (stagiaire) 
 

Si ce n’est pas de la bouillie, les enfants se contentent souvent, dans certains foyers, des restes de repas de la veille en guise de déjeuner, pendant le Ramadan. Le manque de moyen empêche certains parents de préparer à manger décemment à leur progéniture. Au grand dam des petits.

En cet après-midi de ramadan, des enfants trouvés au quartier de la Cité des eaux, jouent devant une boutique. A cette heure, c’est normalement le déjeuner dans les foyers. Pourtant, ces petits garçons n’en ont cure. La raison, c’est le mois de ramadan. Certains enfants disent qu’en période de jeûne, ils s’abstiennent de manger et de boire comme les grands. D’autres les contredisent en utilisant la blague pour les accuser de faire semblant de jeuner, alors qu’en dehors de leur maison, ils s’alimentent (korou galé). Une petite fille qui était un peu discrète et à l’écart de la discussion, souriante, semble du coup vouloir s’intéresser à l’échange. Elle s’appelle Fatoumata Ndongo, 11 ans. « J’essaye de jeuner quand c’est possible. A mon âge, c’est un peu difficile mais je fais de mon mieux pour m’adapter au jeûne », dit-elle. Dans le même groupe, Ndiaga, 10 ans, l’air terrible et dynamique devant son baby-foot, déclare : « si nous ne jeunons pas, nous n’aurons pratiquement rien à nous mettre sous la dent, si ce ne sont les restes de repas de la vieille ». A quelques jets de pierre de là, c’est la demeure de la petite Fatoumata. A l’intérieur, la tante de la fille est sur son matelas, certainement les affres du ramadan sont passées par là, lui lançons-nous. Fatoumata Agne, teint clair, nous confie qu’à ce propos, « on ne peut pas préparer un repas faste pour le déjeuner des enfants parce qu’on doit le faire le soir pour toute la famille. Ainsi, on essaye de s’arranger pour leur donner à manger car ils ne sont pas en âge de jeuner ».

Bouillie ou repas de la veille

Ce n’est pas n’importe quel repas qui est servi aux petits : « souvent, leur déjeuner est fait à base de lait caillé ou de bouillie », confie Fatoumata Agne. La petite Fatou Dème, âgée de huit ans, déclare qu’elle préfère comme déjeuner un plat de riz bien cuisiné. « Chaque jour, prendre de la bouillie de riz ou du ‘thiakry’ (mélange de couscous et de lait caillé) est, à la longue, lassant », ajoute la fille. Sa tante reconnaît qu’elle ne prépare pas du riz pour le déjeuner des petits car les moyens ne le permettent pas. « Dès fois, on réserve une partie du repas de la vieille aux enfants. On ne fait que réchauffer le riz pour le leur servir dans l’après-midi », explique la dame. Cependant, la grise mine des enfants devant le discours de leur tante laisse croire qu’ils n’apprécient pas la qualité du repas qui leur est servi. Ces enfants ne sont pas les seuls à se contenter de ces plats. Ndiaga, un garçon trouvé devant une boutique, ne cache pas son aversion pour certains repas. « Je n’aime pas du tout le ‘sombi’ (bouillie de riz sucrée), je préfère jeûner que de le prendre comme déjeuner ».

Ce n’est pas le cas chez les Diallo, à quelques encablures de là. Apparemment, cette famille semble plus nantie que ses voisins. La villa bien construite et le salon bien équipé sont des signes de confort social. Les enfants suivent la télévision. Informés de l’objet de notre présence, Amadou Diallo, père de famille, la cinquantaine bien sonnée, explique : « chez moi, chaque jour, on prépare le repas pour les petits qui ne peuvent pas jeûner. Personnellement, je donne de l’argent pour que les enfants puissent avoir de quoi déjeuner. C’est un devoir de tout parent de nourrir sa progéniture. Même si on est en ramadan, on doit préparer un déjeuner consistant pour les petits ». Dans ce foyer, on constate à travers nos échanges que certains enfants veulent observer le jeûne, contre le gré de leurs parents. Amadou Diallo assène que « c’est tout à fait normal quand les enfants veulent s’initier à un des piliers essentiels de leur religion. Mais il ne faut pas que cela menace leur santé ».

Hausse des dépenses

Son fils Pape Mamadou Diallo, six ans, jovial, rigole : « des fois, je jeûne jusqu’au déjeuner, je mange et je continue jusqu’à la rupture ». Le petit confirme : « chez nous, on prépare le déjeuner pour les enfants ». Sa grande sœur Awa Diallo vient confirmer sa déclaration. Agée de 17 ans, elle observe le mois de ramadan, comme le montre sa mine. « C’est moi qui prépare le déjeuner pour les gosses ». Cependant, elle reconnaît que la réalité est tout autre dans les autres foyers : « dans les autres maisons, on réserve une partie du repas de la vielle pour le donner aux enfants comme déjeuner le lendemain ». Le père de famille reconnaît que le repas des enfants entraîne une augmentation des dépenses. « Chez moi, les petits se réveillent à l’aube, prennent le pain quand on se prépare pour entamer le jeûne. Ils prennent le déjeuner et, à la rupture, on est obligé de partager le repas avec eux. Ce qui fait que la dépense quotidienne double ou triple », poursuit-il. Amadou Diallo, comme un privilégié, supporte cette charge. Ce qui ne peut pas être le cas dans beaucoup de foyers sénégalais.


 



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